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L’OPRL rend à Hulda de César Franck sa grandeur au-delà de ses faiblesses

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César Franck (1822-1890) : Hulda, opéra en quatre actes sur un livret de Charles Grandmougin. Jennifer Holloway, soprano (Hulda) ; Véronique Gens, mezzo-soprano (Gudrun) ; Judith van Wanroij, soprano (Swanhilde) ; Marie Gautrot, contralto (La mère de Hulda / Halgerde) ; Ludivine Gombert, soprano (Thördis) ; Edgaras Montvidas, ténor (Eiolf) ; Matthieu Lécroart, baryton (Gudleik) ; Christian Helmer, Baryton (Aslak) ; Artavazd Sargsyan (Eyric) ; François Rougier (Gunnar) ; Sébastien Droy (Eynar) ; Guilhem Worms (Thrond) ; Matthieu Toulouse (Arne / un héraut) ; Chœur de chambre de Namur (préparateur du chœur : Thibaut Lenaerts) ; Orchestre philharmonique royal de Liège, direction : Gergely Madaras. 1 livre-disque de 3 CD Bru Zane. Enregistrés du 17 au 20 mai 2022 à Namur et à Liège. Notice de présentation en français et anglais. Durée totale : 158:00

 

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Le bicentenaire de la naissance de César Franck a fourni l'occasion de remonter son opéra Hulda qui, malgré un livret des plus médiocres, recèle de grandes beautés ; la nouvelle version gravée à Liège offre l'occasion de réhabiliter Hulda, profitons-en !

comme nombre de ses contemporains français aurait voulu réussir à l'opéra. Mais le choix de livrets désastreux comme un sens dramatique peu convaincant ont fait que pour la postérité il demeure avant tout l'auteur de chefs d'œuvres de musique pure. Il n'en tenta pas moins sa chance à l'opéra, avec un moindre succès. Ainsi, achevée en 1885, Hulda ne connut pas les honneurs de la scène du vivant du compositeur ; en 1894, une version abrégée fut montée à Monte Carlo avant un long oubli. Plus récemment, le disque s'y est intéressée avec un enregistrement dirigé par Fabrice Bollon (Naxos), puis cette recréation liégeoise à l'occasion du bicentenaire de la naissance de Franck, qui nous parvient sous l'étiquette du label Bru Zane. La présentation luxueuse mérite d'être saluée ; textes de présentation exemplaires, notamment l'excellent article de Gérard Condé, livret intégral, format d'un livre élégamment relié, l'objet est déjà en soi une merveille. Reste l'œuvre. Même avec le recul, le livret de Charles Grandmougin d'après une histoire norvégienne demeure d'une platitude et d'une absence de vérité psychologique confondantes. Hulda, enlevée par les Aslak qui ont tué son père, est mariée de force à l'aîné du clan, Gudleik. Elle provoquera sa mort, ainsi que celle de ses frères avant, sa vengeance accomplie, de se jeter dans les flots. Elle s'appuiera sur le chevalier Eiolf, qui la trahira cependant pour la jeune Swanhilde et mourra également. « La pièce est impossible » résumait en une phrase le comité de lecture de l'Opéra de Paris. Dommage car la musique de Franck, elle, recèle de nombreuses beautés : préludes et interludes orchestraux sont dignes de Psyché ou des Eolides (en particulier le magnifique prélude pastoral du troisième acte), les airs et les duos avec Hulda d'un puissant lyrisme, le ballet d'une riche invention (il avait été récemment gravé par Christian Arming dans l'œuvre d'orchestre chez Fuga Libera), l'intervention insolite d'un quatuor à cordes dans le bal de l'acte IV une superbe idée , et la totalité du troisième acte, le plus impressionnant, d'une grande beauté. Passons donc sur l'indigent livret mélodramatique au ressort dramatique trop lâche (on ne comprend pas notamment le revirement amoureux d'Eiolf) et savourons une musique d'une riche invention.

Pour défendre cette partition inégale mais passionnante, la troupe réunie par l' s'avère exemplaire. Distribution au français impeccable dominée par la véhémente Hulda de , l'émouvante Swanhilde de à qui revient le tendre duo du troisième acte, l'Eiolf inconstant et falot d', et la superbe Gudrun de . Le maître d'œuvre est déjà remarqué dans le coffret précité pour sa gravure de la rare Psyché et de la première version de l'interlude de Rédemption. Saluons d'un grand coup de chapeau le travail éditorial et musical du et souhaitons qu'il aide à réhabiliter une partition majeure de Franck, délaissée certes pour son médiocre livret mais aussi pour la volonté de ses disciples d'imposer le versant mystique du Pater Seraphicus que ses opéras n'illustrent pas.

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César Franck (1822-1890) : Hulda, opéra en quatre actes sur un livret de Charles Grandmougin. Jennifer Holloway, soprano (Hulda) ; Véronique Gens, mezzo-soprano (Gudrun) ; Judith van Wanroij, soprano (Swanhilde) ; Marie Gautrot, contralto (La mère de Hulda / Halgerde) ; Ludivine Gombert, soprano (Thördis) ; Edgaras Montvidas, ténor (Eiolf) ; Matthieu Lécroart, baryton (Gudleik) ; Christian Helmer, Baryton (Aslak) ; Artavazd Sargsyan (Eyric) ; François Rougier (Gunnar) ; Sébastien Droy (Eynar) ; Guilhem Worms (Thrond) ; Matthieu Toulouse (Arne / un héraut) ; Chœur de chambre de Namur (préparateur du chœur : Thibaut Lenaerts) ; Orchestre philharmonique royal de Liège, direction : Gergely Madaras. 1 livre-disque de 3 CD Bru Zane. Enregistrés du 17 au 20 mai 2022 à Namur et à Liège. Notice de présentation en français et anglais. Durée totale : 158:00

 
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