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Le Tchaïkovski fiévreux et consensuel d’Aziz Shokhakimov

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Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n° 5 en mi mineur op. 64 ; Ouverture-Fantaisie de Roméo et Juliette. Orchestre Philharmonique de Strasbourg, direction : Aziz Shokhakimov. 1 CD Warner Classics. Enregistré le 13 et 14 octobre au Palais de la Musique de Strasbourg. Notice de présentation en anglais, français et allemand. Durée : 65:30

 

Pour ce premier album à la tête de l' dont il est le récent directeur musical, le jeune chef ouzbek revient à son compositeur fétiche avec cette interprétation ardente, à fleur de peau, de la Symphonie n° 5 et de l'Ouverture-Fantaisie de Roméo et Juliette.

Récemment élu « Personnalité musicale » de l‘année 2023 par le Syndicat de la Critique, marque d'un nouveau jalon sa fulgurante carrière avec ce remarquable album entièrement dédié à Tchaïkovski, réussissant la difficile gageure de fédérer dans une interprétation consensuelle, l'âpreté et l'urgence de certaines lectures russes et un certain hédonisme propre à d'autres visions plus occidentalisées.

Au-delà de la superbe plastique de la phalange strasbourgeoise, admirable de bout en bout, ce qui impressionne dans cette interprétation de la Symphonie n° 5 de Tchaïkovski par ce sont assurément les couleurs perpétuellement changeantes, la dynamique tendue, l'ampleur sonore et la lumineuse noirceur quasi « soulagienne » qui irradie tout au long de cette superbe lecture.

Dès l'entame du premier mouvement l'abattement et l'affliction sont immédiatement palpables lors de l'énoncé initial du thème cyclique du Destin par la clarinette basse que, ni les sursauts héroïques de l'Allegro (cuivres et timbales), ni le lyrisme trompeur de la valse (cordes) ne parviendront à effacer ; l'Andante suivant dans une bien vaine tentative de consolation, empêchée par la mélancolie pathétique du cor, ne pourra contenir  le retour écrasant du fatum, annoncé par les cuivres, ne laissant subsister que quelques bribes agoniques de lyrisme portées par les cordes ; tout entière nimbée d'une élégance inquiète la valse du troisième mouvement ne parvient pas plus à rassurer, avant que le Finale, mené au pas de charge et sollicitant tous les pupitres d'un OPS chauffé à blanc, n'emporte tout (Dieu et Destin) sur son passage dans un véritable maelström orchestral…Magnifique et grandiose !

Tout aussi convaincante est l'Ouverture-Fantaisie de Roméo et Juliette dont Aziz Shokhakimov et l'OPS font chanter les couleurs, religieuses et méditatives dans le choral de Frère Laurent, violentes et guerrières dans l'épisode très narratif du combat, passionnées et sensuelles dans l'énoncé du très lyrique thème de l'amour, toutes réunies dans l'émouvant syncrétisme de la coda, avant de s'éteindre sur un dramatique et péremptoire roulement de timbales marquant la mort de deux amants.

Lire notre entretien :

Aziz Shokhakimov, l'intuition musicale d'un touche-à-tout

 

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Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n° 5 en mi mineur op. 64 ; Ouverture-Fantaisie de Roméo et Juliette. Orchestre Philharmonique de Strasbourg, direction : Aziz Shokhakimov. 1 CD Warner Classics. Enregistré le 13 et 14 octobre au Palais de la Musique de Strasbourg. Notice de présentation en anglais, français et allemand. Durée : 65:30

 
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