L'exposition Gertrude Stein et Pablo Picasso, l'invention du langage, au musée du Luxembourg à Paris est l'occasion de découvrir celle qui ne fut pas seulement une collectionneuse éclairée dans le Paris du début du XXᵉ siècle, mais également une autrice et une poétesse qui influença plusieurs générations d'artistes par son travail sur la langue, mêlant déconstruction et minimalisme. Son ami le compositeur Virgil Thomson, le « Satie américain » est le premier à mettre en musique sa pièce Four Saints in Three Acts en 1934 avec des musiciens, danseurs et chanteurs africains-américains. Le succès est immédiat et ouvre à Stein les portes de la notoriété. Dans les années 50, le duo John Cage et Merce Cunningham mettent ses textes en musique et en mouvements, installant Gertrude Stein au panthéon de la contre-culture new-yorkaise. John Cage n'a jamais caché que, pour lui, Stein était le modèle à suivre et Cunningham aimait à rappeler à ses danseurs la maxime de Gertrude Stein : « La grammaire est le sens » ! La seconde génération de la danse postmoderne continue à explorer l'œuvre de Stein, comme le chorégraphe Andy de Groat qui, en 1977 a utilisé l'un de ses textes et la musique de Philip Glass pour l'une de ses créations. Dans les années 80, Anne Teresa De Keersmaeker nomme sa compagnie Rosas en hommage à un poème de Stern, pour développer une danse réflexive et un style minimaliste. Gertrude Stein a également laissé une marque incontestable dans le travail d'autres chorégraphes comme Trisha Brown ou Lucinda Childs que l'on peut découvrir dans cette exposition hybride et originale mettant en regard de nombreux documents et oeuvres : textes, peintures, collages, photos, vidéos ou installations. (CC)