Le compositeur hongrois fait son entrée dans la collection Horizons chez Bleu nuit éditeur. L'éminent cinéaste et musicographe François Porcile (Les musiques pendant la guerre d'Espagne, Maurice Ohanna etc.) est l'auteur de cette nouvelle biographie synthétique et éclairée.
Plus courte que la somme remarquée de Claire Delamarche, plus classique que l'original abécédaire de Peter Szendy, cette nouvelle parution est fort utile pour aborder Béla Bartók. Elle est illustrée de photographies du compositeur et d'images contextuelles et limite les annexes à une discographie et une bibliographie très sélectives et une brève chronologie. Organisée en courts chapitres, l'ouvrage relate chronologiquement les principaux événements de la vie de Bartók : sa formation et sa nomination à l'Académie royale de Budapest, ses tournées, les mariages successifs, la santé fragile, ses amitiés, son rôle dans la vie musicale de la République hongroise de 1918, la montée du nazisme et son exil difficile aux États-Unis. Ses voyages ethno-musicologiques et l'apport des nouvelles sources à la création sont également évoqués à plusieurs occasions. Puisant notamment dans les Écrits de Bartók, édités et traduits en français chez Contrechamps depuis quelques années, François Porcile fait le choix de citer abondamment le compositeur plutôt que de le commenter ou le paraphraser. Mais là où Laetitia Le Guay tentait de percer le mystère de la personnalité, de la vie de Bartók, et de ses relations, François Porcile privilégie le compositeur à l'homme. L'auteur fait donc la part belle aux œuvres en proposant des présentations contextualisées, détaillées, illustrées à l'occasion d'exemples musicaux. En un ouvrage ramassé, il parvient à aborder ainsi l'œuvre de Bartók depuis sa fresque symphonique Kossuth (1903), œuvre de jeunesse dans laquelle il parodie l'hymne de l'envahisseur autrichien, jusqu'au Concerto pour alto et orchestre, inachevé et reconstitué par l'altiste Tibor Serly. Certaines œuvres apparaissent comme de véritables jalons comme Le château de Barbe-Bleue (« le Pélléas hongrois »), ses six quatuors à cordes, Mikrokosmos, qui lui permet d'aborder l'œuvre pédagogique (« il est pour le moins paradoxal que ce virtuose du piano qui détestait enseigner la technique de son instrument soit l'auteur de pas moins de deux cent soixante-six pièces dites d' « apprentissage ». ») ou encore son Concerto pour orchestre et sa Sonate pour violon.
Dernier compositeur fréquentable pour les uns, compositeur inégal et cédant à la facilité pour d'autres, Béla Bartók a eu une postérité équivoque. À la lecture des dernières parutions françaises, dont cette biographie, il semble que ces controverses soient dépassées, au profit d'une meilleure connaissance d'un des grands musiciens du XXe siècle.
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Béla Bartók. François Porcile. Bleu nuit éditeur. 175 p. 25 €. 2023
Bleu Nuit Editeur