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Au Gstaad Menuhin Festival, Yuja Wang et Tarmo Peltokoski portent Maurice Ravel aux nues

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Gstaad. Grande Tente. 2-IX-2023. Maurice Ravel (1875-1937) : Concerto pour piano et orchestre en sol majeur, Concerto pour piano et orchestre pour la main gauche en do majeur. Modest Mussorgski (1839-1881) : Tableaux d’une exposition (Orchestration de Maurice Ravel. Yuja Wang (piano). Orchestre Philharmonique de Radio France. Direction musicale : Tarmo Peltokoski

Soirée magique au concert de clôture de Gstaad Menuhin Festival avec le piano de superbement enveloppé par un inspiré sous la direction du phénomène .

D'abord la pianiste . Depuis bientôt vingt ans, ses prestations soulèvent l'enthousiasme. Et rien, aujourd'hui ne semble altérer le plaisir qu'elle a de paraître, de jouer, de prendre un plaisir énorme à ce qu'elle propose et de continuer à progresser dans son art. Déconcertante par la richesse de son répertoire, par son incomparable technique pianistique, elle met à profit ces qualités pour donner à sa musique des accents de maturité que sa jeunesse peinait peut-être à rassembler. Ses reprises d'œuvres qu'elle jouait brillamment voici quelques années en sont les criants exemples. Ainsi, ce qu'elle a offert lors de ce concert dans ces deux concertos de Ravel est sans commune mesure avec ce qu'elle proposait au disque en 2003 même s'il a pu alors faire forte impression. Aujourd'hui, elle démontre une puissance d'attaque qu'elle n'avait alors qu'avec l'appui de tout son corps. Son bras s'est raffermi, sa main est plus solide. Ainsi, les premiers et troisièmes mouvements du Concerto en sol majeur ont-ils été interprétés avec beaucoup d'autorité sans pour autant qu'ils souffrent de dureté. Quel magnifique relâchement, quelle musicalité, démontre dans ces ruptures de tempo où elle fonde son piano dans le reste de l'orchestre. Plus encore dans le plus rare Concerto pour la main gauche, la pianiste chinoise peut donner la mesure de son incroyable talent. Dans cette œuvre ingrate mais si admirablement écrite par Ravel, nous voyons toute la détermination, toute la force que Yuja Wang dédie à son interprétation. Véritable démonstration physique, elle empoigne cette œuvre avec un sens du swing, du jazz, que très peu de pianistes classiques possèdent. Parfois s'agrippant de sa main droite aux bords du piano, elle joue de son corps pour que sa main gauche frappe toute l'étendue du clavier avec la même puissance. Véritable prouesse athlétique, on craint pour elle la soudaine perte de contrôle. Mais déterminée, complètement prise dans son exécution musicale, Yuja Wang ne lâche rien. Elle termine son exécution sous les applaudissements d'un public subjugué.

Ensuite le chef finlandais . Âgé de 23 ans, il dirige des orchestres depuis l'âge de 18 ans et possède un répertoire imposant et suffisant pour que l'Orchestre du Capitole de Toulouse l'engage comme directeur artistique. Ce très jeune homme affole les compteurs de la bien-pensance musicale partout où il passe. Et dans cette soirée de clôture du Gstaad Menuhin Festival, il tient son rang avec une autorité alliée à un charisme renversant. Plus encore que cette autorité évidente, avec une gestuelle expressive très personnelle, révèle la musique, dégageant de l'orchestre là une clarinette, là un basson, là des contrebasses qui au lieu de se fondre dans l'orchestre émergent de l'ensemble pour donner une couleur totalement différente à celle que l'on attend. Tarmo Peltokoski peint des images surprenantes comme autant de petits tableaux différents mais qui restent dans l'univers du peintre original : le compositeur.

Enfin l'. Quelle présence, quelle souplesse, quel son cet ensemble est capable de produire. En très grande forme, visiblement charmé par les deux jeunes gens qui sur le devant de la scène font vivre de manière éblouissante les musiques de , l'orchestre français s'ingénie avec un talent incroyable à répondre sans retenue aux sollicitations du chef. Complice de ses envies, admiratif de l'espace qu'il crée entre les pupitres, chaque musicien est ainsi invité à exister pour lui-même dans l'intention profonde de la musique. Qu'ils sont beaux ces pianissimo éthérés, qu'ils sont marquants ces silences.

Yuja Wang revient pour offrir un traditionnel bis. Alors qu'elle commence à plaquer les accords d'une mélodie dont on cherche le titre, le chef Tarmo Peltokoski entre à son tour sur la scène d'un pas décidé. Étrange. Va-t-il engager l'orchestre dans le bis de la jeune femme ? Contre toute attente, le voilà qui s'assied aux côtés de Yuja Wang et entonne un fougueux quatre mains du Libertango d'Astor Piazzola que les deux artistes interprètent avec un bonheur et une complicité rafraichissants. L'audace de deux gamins simplement heureux d'exister dans la musique !

En deuxième partie, l' régale l'auditoire de la version orchestrée par des Tableaux d'une exposition de Modeste Mussorgski. L'occasion pour le chef finlandais de déployer l'extrême richesse des sonorités ravéliennes et l'admirable saxophone alto, les incroyables trompettes, les superbes cors, et quelle présence affirmée des percussions, tableau après tableau.

Et comme un clin d'œil à cette leçon d'orchestre, en bis, Tarmo Peltokoski et l'orchestre régalent le public d'un éthéré Jardin féérique tiré de Ma mère l'Oye.

Crédit photographique : Gstaad Menuhin Festival © Raphaël Faux

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Gstaad. Grande Tente. 2-IX-2023. Maurice Ravel (1875-1937) : Concerto pour piano et orchestre en sol majeur, Concerto pour piano et orchestre pour la main gauche en do majeur. Modest Mussorgski (1839-1881) : Tableaux d’une exposition (Orchestration de Maurice Ravel. Yuja Wang (piano). Orchestre Philharmonique de Radio France. Direction musicale : Tarmo Peltokoski

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