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Bucarest. Enescu Festival ; Grand Palace Hall. 28-VIII-2023. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Otello, opéra en quatre actes, sur un livret d’Arrigo Boito d’après Othello ou le Maure de Venise de William Shakespeare. Multimédia : Nona Ciobanu & Peter Košir. Avec : Fabio Sartori, Otello ; Anastasia Bartoli, Desdemona ; Luca Salsi, Iago ; Joseph Dahdah, Cassio ; Adriano Gramigni, Lodovico ; Eleonora Filipponi, Emilia ; Francesco Pittari, Rodrigo ; Eduardo Martinez, Montano ; Matteo Mancini, Un aroldo. Coro del Maggio Musicale Fiorentino (Chefs des Chœurs : Lorenzo Fratini). Orchestra del Maggio Musicale Fiorentino, direction musicale : Zubin Mehta
Après avoir été nommé chevalier du mérite de Roumanie par la ministre de la culture, Zubin Mehta a démontré encore une fois avec Otello quel chef il est pour diriger Verdi, épaulé au Festival Enescu par la très bonne distribution et par l'excellence des forces musicales du Mai Musical Florentin.
Affaibli en 2019 lors de sa tournée d'adieu en tant que directeur musical de l'Orchestre Philharmonique d'Israël, Zubin Mehta avait paru rasséréné en 2020 à Berlin, où il dirigeait notamment Falstaff. Trois ans plus tard, c'est un homme souriant de 87 ans qui entre encore en scène dans l'énorme Grand Palace de Bucarest. Mais avant de s'atteler au pénultième opéra de Verdi, le président du Festival Enescu depuis 2015 reçoit d'abord des mains de la ministre de la Culture la médaille de chevalier du mérite de Roumanie, et remercie en précisant qu'« [il] vient ici depuis 1964 et que malgré les périodes compliqués, il ne garde que des bons souvenirs de ses passages dans le pays».
Malgré certains tempi ralentis et une grande économie de gestes, le chef démontre encore ce qu'il sait faire dès la première mesure d'Otello. Dans une salle de quatre mille places plus qu'à moitié remplie, celui qui a connu les stades combles pour accompagner les trois ténors et a signé certains enregistrements verdiens de références (Il Trovatore avec Domingo chez Sony !) lance encore avec vigueur les forces du Mai Musical Florentin dans la bataille, ou plutôt dans les fracas d'une tempête dessinée en arrière scène par les vidéos multimédias de Nona Ciobanu et Peter Košir. À défaut d'être toujours pertinentes et surtout de se montrer très répétitives sur la seconde partie, ces images ne perturbent pas l'écoute et permettent même une ambiance immersive, en accord avec les lumières, qui passent du bleu au rouge selon l'atmosphère du livret de Boito.
De l'orchestre florentin avec lequel Mehta s'accorde à livrer tous les sentiments du Maure de Venise, on ne peut que louer la qualité des cuivres (dont le beau cimbasso) et remarquer les lignes de sous-tension des contrebasses dans toute la première scène, en plus de profiter à plein des guitares et de la harpe en fin d'acte II, ou du soyeux des violons dans la scène finale. Du chœur préparé par Lorenzo Fratini, on profite de chacune des interventions, qui décuplent l'action tant par la précision que par la ferveur du chants. Devant, la distribution se place face aux pupitres, mais ceux qui connaissent bien leurs rôles ne peuvent s'empêcher de jouer, à commencer par Fabio Sartori, qui, s'il jette parfois un œil rapide sur les notes, aborde le rôle-titre avec une vraie maturité. Évidemment, il ne porte pas la voix comme les Vickers ou Domingo d'antan, mais il chante en ténor italien qui maîtrise tous les pièges et sait adoucir ce rôle verdien parmi les plus lourds.
Avec la même culture, Luca Salsi use d'une belle noirceur pour les graves de Iago, un peu en difficulté dans les agilités de l'acte III reprises par Verdi pour Falstaff, mais toujours très distinct sur le texte et manifeste dans l'expression des sentiments de son personnage. Desdemona permet de découvrir une soprano italienne qui monte très vite dernièrement, Anastasia Bartoli, voix ample d'une belle couleur, dont l'approche puissante de sa partie promet déjà de belles Aida, en plus d'exposer un chant intelligent dans les duos, capable de devenir piano pour l'Ave Maria du dernier acte. Des seconds rôles, Joseph Dahdah se montre un magnifique Cassio, plein de fougue et de clarté, tandis que le timbre d'Eduardo Martinez identifie bien son Montano, là où Adriano Gramigni en fait un peu trop pour se démarquer en Lodovico. Eleonora Filipponi avec une vive Emilia et Francesco Pittari pour un Rodrigo solide complètent cette très belle distribution, digne des grands soirs du maestro depuis plus de soixante ans.
Crédits photographiques : © Andrei Gindac
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