Aux Rencontres Musicales de Nîmes avec Aurélien Pascal, Liya Petrova et Alexandre Kantorow
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Nîmes. Jardins de la Fontaine & Temple de l’Oratoire. 22 & 23-VIII-2023. Le 22 : Felix Mendelssohn (1809-1847) : Les Hébrides, ouverture, op. 26. Symphonie n°4 en la majeur « Italienne », op. 90. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Triple Concerto pour piano, violon, violoncelle et orchestre en do majeur, op. 56. Alexandre Kantorow, piano ; Liya Petrova, violon ; Aurélien Pascal, violoncelle. Orchestre national Auvergne-Rhône-Alpes, direction musicale : Jean-Jacques Kantorow. Le 23 : Nahash : œuvres de Mozart, Liszt, Paganini, Rossini, Wagner, Saint-Saëns et Schubert. Adam Laloum, piano ; Charlotte Juillard, violon ; Grégoire Vecchioni, alto ; Manuel Vioque-Judde, alto ; Lorraine Campet, contrebasse.
Pour leur nouveau festival d'été, Liya Petrova, Aurélien Pascal et Alexandre Kantorow reprennent en extérieur le Triple Concerto de Beethoven avec Jean-Jacques Kantorow, avant de s'entourer d'amis musiciens dans des programmes de chambre.
Comme ils nous l'ont confié, le festival des Rencontres Musicales de Nîmes est un projet d'amis, une idée pour se retrouver chaque été, à trois entre le pianiste Alexandre Kantorow, la violoniste Liya Petrova et le violoncelliste Aurélien Pascal, en plus de pouvoir y inviter d'autres musiciens proches. Alors pour la deuxième édition, avec l'aide de Philippe Bernhard (anciennement directeur artistique du Festival d'Évian) et sous le patronage de Xavier Moreno, les trois musiciens ont préparé quatre concerts joués sur cinq soirs, dont un inédit programme d'orchestre.
Donné dans les Jardins de la Fontaine, avec un nombre de fauteuils limité à six cents, quand le lieu aurait pu en accueillir sans problème le double, le premier concert remet à l'honneur le Triple Concerto déjà donné cet été par le trio à La Roque d'Anthéron, mais cette fois avec le père du pianiste, Jean-Jacques Kantorow, à la direction devant son ancienne formation auvergnate. D'une trentaine de musiciens, l'orchestre a besoin d'une amplification sur la scène extérieure. Celle-ci, bien gérée même si elle est ajustée au fur et à mesure de la soirée, laisse d'abord trop de place aux clarinettes et trop peu aux bassons tout en exposant des basses trop prononcées et un haut-médium quelque peu pincé, comme toujours dans une retranscription sur enceintes de concerts.
Malgré tout, le résultat permet de profiter de la première partie purement symphonique, dirigée avec justesse et allant par Kantorow père, sans cependant pouvoir, en regard du nombre d'instrumentistes, créer de gros fracas dans l'ouverture Les Hébrides de Mendelssohn. Particulièrement adapté aux deux premiers mouvements, le geste du chef porte d'une belle fluidité la Symphonie n°4 du même génie romantique, en recherche d'une célérité et d'une absence de rubato qui convient moins ensuite au Con moto moderato, suivi d'un Saltarello qu'on aurait voulu plus espiègle.
De Beethoven, le Triple Concerto donnée en deuxième partie remet en exergue l'accord entre les trois musiciens, même si contrairement à l'interprétation de La Roque, l'amplification porte là aussi beaucoup les graves, donc surtout le beau Tecchler d'Aurélien Pascal, en même temps qu'elle détaille chaque note du piano, offrant alors moins de place au violon Helios de Bergonzi joué par Liya Petrova. Lien vers la musique de chambre et le programme du lendemain, les trois musiciens bissent deux mouvements du Trio opus 1 n°1 de Beethoven. Cette fois Liya Petrova y reprend l'ascendant en usant d'une belle maestria, surtout dans le Finale, donnée en premier bis avant l'Adagio cantabile.
Le second soir, le concert placé au Temple de l'Oratoire ne peut parer aux chaleurs caniculaires de la journée, et c'est en nage que les musiciens finissent un programme autour de Nahash, le serpent biblique. Avant-goût de l'enfer pour les artistes dans la seconde partie, où il faudra faire avec des cordes qui suintent et des chemises trempées pour achever La Truite de Schubert, cette interprétation permet toutefois de profiter de la belle prestation de Lorraine Campet, musicienne touche-à-tout qui apparaît d'abord comme second violon dans la transcription pour quatuor à cordes de l'Ouverture de Don Giovanni, dans laquelle le jeu et les sonorités du premier violon de Charlotte Juillard s'accordent parfaitement au violoncelle d'Aurélien Pascal. Avant tout contrebassiste, c'est avec cet imposant instrument que Lorraine Campet rentre déjà en scène pour jouer de la corde sol la Mose-Fantasia de Paganini, accompagnée finement au piano par Alexandre Kantorow, auparavant beaucoup plus téméraire et violent dans les accords d'Après une lecture de Dante de Liszt.
Une larme de Rossini pour violoncelle et piano met en avant un autre pianiste et ami de la bande, Adam Laloum, également à l'origine d'une inédite transcription violon-piano à partir de la version piano-voix de la Liebestod du Tristan de Wagner, qui permet encore de profiter de l'intégrité du jeu de Charlotte Juillard, plus tendre et plus réservé que celui de Liya Petrova, différente de style mais magnifique de ferveur pour clôturer la première partie du concert avec à la place d'une Carmen Fantaisie de Waxman d'abord prévue, le plus célèbre Introduction & Rondo Capriccioso op. 28 de Saint-Saëns, en compagnie de Kantorow. Après le Quintette de Schubert qui troque l'altiste Manuel Vioque-Judde entendu à l'ouverture contre Grégoire Vecchioni, les cinq musiciens écrasés par la température concluent tout de même par un bis et reprennent le célèbre et frétillant thème du 4ème mouvement du quintette, laissant présager deux autres beaux soirs sur la fin de semaine à Nîmes, pendant lesquels seront servis des compositeurs moins classiques tels qu'Ernst Křenek, Zoltán Kodály et Einojuhani Rautavaara.
Crédits photographiques : ©Thomas Manillier/RMN
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Nîmes. Jardins de la Fontaine & Temple de l’Oratoire. 22 & 23-VIII-2023. Le 22 : Felix Mendelssohn (1809-1847) : Les Hébrides, ouverture, op. 26. Symphonie n°4 en la majeur « Italienne », op. 90. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Triple Concerto pour piano, violon, violoncelle et orchestre en do majeur, op. 56. Alexandre Kantorow, piano ; Liya Petrova, violon ; Aurélien Pascal, violoncelle. Orchestre national Auvergne-Rhône-Alpes, direction musicale : Jean-Jacques Kantorow. Le 23 : Nahash : œuvres de Mozart, Liszt, Paganini, Rossini, Wagner, Saint-Saëns et Schubert. Adam Laloum, piano ; Charlotte Juillard, violon ; Grégoire Vecchioni, alto ; Manuel Vioque-Judde, alto ; Lorraine Campet, contrebasse.