Munich Opera Horns : la musique chevillée au cor

Cet album intitulé « Voyager », interprété par le pupitre de cors de l'Opéra de Munich présente un double intérêt : organologique, car tout entier consacré au cor (dans tous ses états) mais aussi musical, porté par l'admirable virtuosité des cornistes bavarois dans un répertoire peu fréquenté.

A l'instar de la navette spatiale Voyager qui donne son nom à l'album, les Munich Opera Horns, ensemble de douze cornistes issus du Bayerischen Staatsoper, nous proposent un voyage dans le temps et l'espace, suspendu entre tradition et modernité au gré de différentes pièces, originales et arrangements, dont une très belle création de Konstantia Gourzi (née en 1962) intitulée, dans un clin d'œil, Voyager 2, accompagnée de transcriptions parfois plus discutables et surprenantes.

Constituant le cœur de cet enregistrement Voyager 2 est une œuvre spécialement composée pour l'occasion, pour octuor de cor. Originale et de structure complexe, elle comprend sept parties jouées enchainées qui utilisent toutes les possibilités techniques de l'instrument – et de l'instrumentiste – dans un important travail sur les textures superbement rendues, alternant contrastes, fragments mélodiques, ostinatos envoutants, longues pédales et effets sonores mystérieux faisant intervenir la voix.

Si le très romantique Waldlied d'Oscar Franz, quelque peu rustique, réaffirme les origines cynégétiques et folkloriques du cor, les élégants Trios pour 3 cors naturels d'Anton Reicha d'inspiration bohémienne, en revanche, en démontrent toute la finesse chambriste, virtuose et lyrique. On en rapprochera la plus moderne mais tout aussi séduisante Pavane de Pierre-Max Dubois nimbée d'une douce mélancolie.

Deux compositions originales contemporaines surprenantes : Vom Eggishorn de Hans-Jürg Sommer et Abendruhe de Urs Vierlinger font appel au cor des Alpes, rarement entendu au disque, renouant avec les racines de l'instrument profondément attaché à la nature et à la montagne en particulier.

Plus discutable en revanche, l'arrangement du Concerto pour cor n° 2 (1942) de Richard Strauss – dont le père, Franz, fut un corniste solo émérite lors de la fondation de la phalange bavaroise, comme du premier Bayreuth – qui ne parvient à convaincre totalement, paraissant un rien confus dans la superposition des lignes de la polyphonie malgré la virtuosité de la partie soliste assumée par Johannes Dengler qui peine à se démarquer de l'octuor qui l'accompagne du fait de l'uniformité des timbres… Critique moins marquée pour la rare Daphne-Fantasie du même Richard Strauss, arrangée par le même Pascal Deuber qui conclut cet intéressant disque-découverte sur une note opératique, pleine de charme.