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Trio amical pour un festival : Alexandre Kantorow, Aurélien Pascal et Liya Petrova

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Interview d’Aurélien Pascal, Liya Petrova et Alexandre Kantorow

 

Amis depuis plusieurs années, la violoniste , le violoncelliste et le pianiste organisent depuis 2022 le nouveau festival des , dont ils détaillent avec nous la raison et les orientations.


ResMusica : Pouvez-vous nous raconter comment vous êtes-vous rencontrés et connus ?

: Avec Alexandre, nous étions au même lycée, mais nous avons véritablement commencé à nous côtoyer au CNSM de Paris. Par la suite, nous avons eu des concerts ensemble et avons appris à mieux nous connaître, humainement et musicalement. Avec Liya, nous nous sommes d'abord rencontrés tous les deux en musique de chambre pour des trio à cordes, puis avons développé une véritable amitié, qui s'est accentuée pendant le confinement, pendant lequel nous étions tous trois voisins dans le périmètre restreint de moins de 1 km imposé par le gouvernement en 2020, ce qui a déclenché le fait de commencer à jouer tous les trois.

RM : Vous êtes donc véritablement liés depuis trois ans. Comment est venue l'idée d'un festival ensemble, avec pour résultat depuis l'an dernier la création des , programmées fin août ?

: Passés les confinements, nos agendas sont redevenus chargés, alors nous nous sommes rendus compte que nous avions besoin de moments pour nous retrouver et faire de la musique ensemble. Il aurait été possible de proposer à des programmateurs des concerts en trio ou en chambre, mais l'opportunité d'un festival où nous nous retrouvions assurément plus d'une semaine chaque été s'est imposé comme la solution idéale. A cela s'est ajouté l'envie de pouvoir programmer la musique que l'on voulait. Alors, il y a un peu plus de deux ans, nous avons, avec Philippe Bernard [ndlr : directeur du festival], pensé à des rencontres dans la ville de Nîmes, où il n'y avait pas de festival de musique classique durant cette période.

RM : En 2023, vous êtes sur un format à quatre concerts, avec pour la première fois un concert d'orchestre ?

: En effet, cette année, par rapport à la première édition de 2022, nous avons pu programmer un concert symphonique, qui nous permettra de jouer pour la première fois dans le cadre du festival aux Jardins de la Fontaine. Dans le même temps, il nous semble très important de programmer des œuvres plus rares en plus de grands classiques, afin de découvrir du répertoire ensemble et faire ressortir des compositeurs moins célèbres. C'est également l'occasion non seulement de nous retrouver à trois, mais aussi de nous entourer d'autres musiciens que nous connaissons, afin de passer une semaine en musique entre amis, avec une rigueur de travail bien réelle, mais dans une atmosphère de détente.

: Comme c'est la deuxième année et qu'elle est déjà différente de la précédente, nous avons l'impression d'un vrai terrain d'expérimentation, sans cadre établi et à utiliser comme un laboratoire dans lequel nous avons un retour direct avec le public, pour voir plus généralement vers quoi nous pouvons aller non seulement dans le festival à Nîmes, mais aussi par la suite pendant nos saisons. Par ailleurs, cela nous donne l'opportunité non seulement d'exploiter de nouveaux répertoires, mais aussi de multiples lieux dans la ville de Nîmes, ce qui offre aussi une belle découverte aux spectateurs.


RM : Vous allez notamment reprendre à Nîmes le Triple Concerto de Beethoven, interprété également cet été à la Roque d'Anthéron et à la Chaise-Dieu ?

AK : Le Triple Concerto était l'occasion de faire d'une pierre deux coups : en jouant à trois un ouvrage concertant, mais aussi en profitant de l'occasion pour jouer avec mon père, , avec lequel j'ai des liens musicaux très proches. Cela fait plusieurs années que nous faisons des disques ensemble, de même qu'il a enregistré avec Liya [Petrova]. Le fait de profiter encore de l'occasion pour être non seulement entre amis sur scène, mais aussi en famille, m'a semblé très important. Et puis je parle de mon père, mais pour la Chaise-Dieu et les Rencontres de Nîmes, c'est aussi l'occasion de jouer avec l'Orchestre national Auvergne-Rhône-Alpes, qu'il a dirigé quasiment depuis sa création et dont certains musiciens me connaissent depuis mon plus jeune âge.

LP : En plus de nous permettre de jouer à trois en concerto, ce qui est très rare dans le répertoire, le Triple Concerto a l'avantage de posséder cet esprit de musique de chambre qui nous place véritablement comme un trio au milieu de l'orchestre, donc permet de créer un énorme partage entre nous autant qu'avec les musiciens, ce qui correspond parfaitement à l'esprit du festival.

RM : Dans la seconde partie des Rencontres Musicales, vous quittez le répertoire classique des deux premiers concerts pour jouer des compositeurs plus rares comme ou ?

LP : Le point n'est pas tant de programmer des raretés ou du contemporain, que de jouer de la musique dans laquelle on croit, qui peut finalement être Beethoven ou Schubert, mais aussi Vaughan Williams ou Křenek. Dans la première édition, nous nous étions dit que nous voulions tester des pièces moins bien identifiées du grand public, et le retour a été très chaleureux. L'an dernier, le Quintette de Schnittke a donné une standing ovation à la fin ; cela nous a encouragé à proposer ce type d'ouvrages qui nous touchent particulièrement.

AP : Nous avons aussi tenté de connecter ces compositeurs avec des thèmes extra-musicaux pour réaliser les programmes des concerts. Peu importe le langage utilisé, les préoccupations et les émotions brutes sont souvent les mêmes. On peut trouver des liens passionnants entre certains artistes qui n'ont pourtant pas vécu dans les mêmes lieux ni aux mêmes époques.


RM : Et avec de tels retours alors que vous n'en êtes qu'à la deuxième édition, comment voyez-vous l'orientation du festival pour la suite ?

LP : La question ne se pose pas vraiment en termes marketing ou commercial. On ne pense pas pour le moment à créer un grand événement concurrent de toutes les manifestations très célèbres dans l'été. Nous sommes pour l'instant focalisés sur l'idée de qualité et de passer du temps ensemble, pour nous voir, mais aussi pour répéter beaucoup et chercher de nouvelles orientations, que l'on espère retranscrire au mieux lors des concerts.

AP : L'esprit « bande d'amis » est pour l'instant primordial. D'ailleurs, nous essayons d'inviter pour le moment majoritairement des musiciens que nous connaissons bien ou vraiment proches, en essayant de les faire jouer tous les soirs afin qu'ils restent toute la semaine et que nous puissions garder l'esprit de groupe, qui est pour le moment à la genèse du festival. Cela donne un côté humain qui crée un contact différent à la fois entre les musiciens, mais aussi avec le public. Nous recherchons donc avant tout des musiciens que nous admirons humainement et musicalement, dans l'idée de nous nourrir en étant et en jouant avec eux.

AK : Cela donne des développements qui viennent d'eux-mêmes, comme utiliser la culture d'un musicien sur tel répertoire, ou lui laisser carte blanche sur une partie du programme. Si le festival évolue, ce sera sur la base de ces expériences. En tous les cas, nous allons déjà commencer par profiter totalement de ces quatre soirées très différentes l'une de l'autre cet été (à compter du 22 août), et nous avons hâte de nous retrouver avec le public au concert symphonique des Jardins de la Fontaine !

Crédits photographiques : © (église) ; © Valentine Chauvin/Festival de La Roque d'Anthéron

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