Les Vêpres de la Vierge de Monteverdi en Haute Savoie

Un quart de siècle de Musique et de Nature en Bauges ! Au fil du temps, le programme du festival, concocté par Anthime Leroy, a mis en valeur compositeurs et artistes que le public a parfois découvert mais toujours apprécié. Pour ce 25^ème anniversaire, Monteverdi, Purcell, Bach, Chopin, Debussy ont été bien servis par Leonardo García Alarcón, Vadim Repin, Andreas Scholl, Vincent Dumestre et leurs ensembles.

Le 15 août est le jour de l'Assomption, une fête chrétienne qui célèbre la Vierge Marie. Le Festival Musique & Nature en Bauges a proposé, opportunément, une œuvre majeure de Claudio Monteverdi : les Vêpres de la Vierge. Composées à Mantoue entre 1608 et 1610, elles résument parfaitement les talents du divin Claudio, du madrigal à la polyphonie. Elles lui ont servies, aussi, à solliciter les faveurs du pape Paul V Borghese pour obtenir une bourse et une place au séminaire de Rome pour son fils Francisco. Elles lui seront refusées… Monteverdi continuera sa route musicale à Venise où il obtiendra le poste de maître de chapelle en 1613 jusqu'à sa mort en 1643.

En Haute Savoie, c'est l'église Saint-Nicolas de Saint-Jorioz, qui accueille Monteverdi et ses Vêpres. Au son de petites cloches et de l'orgue, chanteurs et musiciens de l'ensemble In Alto entrent en procession et se répartissent dans le chœur. La toccata sonne à l'orgue puis le chœur chante avec force le verset Deus, in adjutorium meum intende, cette demande : hâte-toi de me délivrer. Le Dixit Dominus qui suit n'est pas assez rythmé. Suit le Nigra sum chanté avec beaucoup de délicatesse par le ténor Massimo Altieri. Un très beau moment du concert. Le Laudate Pueri manque de nuances. Le Gloria qui termine le Laetatus sum est magnifique et digne de Venise ! On apprécie les ornements parfaits du Duo Seraphim. Mieux encore, le ténor Riccardo Pisani est superbe dans l'Audi coelum. La puissance et le timbre de sa voix sont, malheureusement, desservis par l'acoustique un peu confuse de l'église. Le rythme revient avec le Lauda Jerusalem. Dans la Sonata sopra Sancta Maria, l'équilibre voix / instruments est revenu. Ce qui n'était pas toujours le cas, les instrumentistes étant derrière les chanteurs. L'un des deux Magnificat, inclus dans les Vêpres, est donné dans une version normale, sans originalité particulière.

On connaît nombre de versions de ces Vêpres à la Vierge de Monteverdi. On attendait une interprétation plus animée de l'Ensemble In Alto, mais les nuances étaient rares et faibles. Les instruments n'étaient pas assez présents, tant visiblement qu'acoustiquement. Malgré tout, le public, nombreux, a manifesté son plaisir par des applaudissements nourris et chaleureux.

Crédits photographiques : Ensemble InAlto © Festival Musique & Nature en Bauges ; Lambert Colson © Jean-Noël Démard