Mélodies de Fauré par Cyrille Dubois à l’Abbaye de Lessay
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Lessay. Abbaye de Lessay. 08-VIII-2023. Mélodies romantiques autour de Gabriel Fauré (1845-1924) avec des œuvres du compositeur alternées de mélodies de Benjamin Godard (1849-1895), Camille Saint-Saëns (1835-1921), Théodore Dubois (1837-1924), Ernest Chausson (1855-1899), Henri Duparc (1848-1933), Nadia Boulanger (1887-1979), Claude Debussy (1862-1918), Florent Schmitt (1870-1958), Jean-Roger Ducasse (1873-1954) ; Maurice Ravel (1875-1937). Tristan Raës, piano ; Cyrille Dubois, ténor.
Dans le cadre de l'Abbaye de Lessay où le festival fête ses trente ans, Cyrille Dubois et Tristan Raës proposent un concert autour de mélodies romantiques avec pour point d'orgue la musique de Gabriel Fauré.
Pour rendre hommage au compositeur dont on commémorera l'an prochain le centenaire de la mort, le ténor Cyrille Dubois et le pianiste Tristan Raës ont préparé avec la Fondation Palazzetto Bru Zane un programme émaillé de nombreuses de ses mélodies, jouées en alternance avec des pièces romantiques d'autres compositeurs français, pour certains élèves de Gabriel Fauré.
Véritables musiques de salon, ces mélodies trouvent ici pour écrin la splendide Abbaye romane de Lessay, dont le festival Les Heures Musicales fête cet été ses trente ans, avec pour l'occasion la création d'un beau gâteau au chocolat à déguster à l'entracte, le Trinité, avec un cœur à la framboise et glacé d'une couche chocolatée sur laquelle sont dessinés trois anneaux dorés. Nous laisserons l'avis sur cette pâtisserie à nos confrères critiques gastronomiques, pour nous concentrer sur la musique, chantée par le ténor devant un trois quart de queue Steinway & Sons.
Conçu en quatre parties, le récital se veut chronologique avec d'abord les œuvres de jeunesse de Fauré et de ses confrères et inspirateurs, puis sur son évolution, sa maturité et ses années de maître, et enfin sur la dernière partie de sa vie. Lydia, op. 4 n°2 sur un texte de Leconte de Lisle introduit la soirée, suivi de Sérénade Toscane, op. 3 n°2. Ces œuvres permettent d'apprécier la clarté de chant et la qualité de prononciation des poèmes de la part de Cyrille Dubois. Grand habitué du compositeur, dont il a enregistré l'an passé l'intégrale des mélodies pour le label Aparté avec Tristan Raës, le ténor français, interrompu à chaque mélodie par les applaudissements, n'hésite pas à se faire didactique et à expliquer la raison de son programme, dont il décrit chaque pièce.
On entendra certes une partie du public agacée par les ovations permanentes, mais le fait qu'aucun cycle ne soit joué complet et que chaque chant soit autonome, souvent avec une alternance des compositeurs et des poètes, n'impose pas une écoute liée, surtout pour une musique de salon à l'époque acclamée à chaque morceau. Passés les deux chants de Fauré, vient Benjamin Godard avec une subtile mise en musique de Je respire où tu palpites, extrait des Contemplations de Victor Hugo, bien retranscrit par le chant de Dubois, mais aussi par le toucher de Raës. L'absent de Fauré d'après Verlaine et La Solitaire de Saint-Saëns sur un texte d'Armand Renaud clôturent avec une belle émotion la première partie, laissant juste ressortir un aigu un peu émaillé dans les derniers instants.
Avec la partie II « S'affranchir du Romantisme » apparaissent autour de Fauré les compositeurs Théodore Dubois, Ernest Chausson et Henri Duparc, ce dernier dont la belle Invitation au Voyage de Baudelaire est magnifiée par la superbe élocution du ténor. De la même manière en partie III, le poème de Maeterlinck Heures Ternes, superbement mis en musique par Nadia Boulanger, profite particulièrement de la ductilité du ténor français, là où Apparition de Mallarmé mis en musique par Debussy convainc moins par une prosodie trop prononcée et un piano juste impressionniste dans son introduction.
L'ultime partie nommée « L'Héritage » conclut le concert et met en regard Les Barques de Florent Schmitt avec Reflets dans l'eau de Fauré et Les Pièces d'eau de Roger-Ducasse. Le Cygne de Ravel semble comme Debussy moins adapté au style de Cyrille Dubois, que l'on préfère retrouver dans Vaisseaux de Fauré, extrait des Horizons chimériques op. 118 n°4 d'après Jean de la Ville de Mirmont, avant que les deux artistes ne reviennent pour offrir pas moins de trois bis, tous du compositeur à l'honneur : Notre Amour op. 23 n°2, Le Secret op. 23 n°3 et pour laisser s'évanouir la soirée, Après un Rêve op. 7 n°1.
Crédit photographiques : © ResMusica (live)
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