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L’intégrale Herbert Blomstedt chez Decca : de la belle ouvrage et quelques joyaux

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Herbert Blomstedt : Complete Decca Recordings. Béla Bartók : Kossuth ; Concerto pour orchestre. Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 1 et n° 3. Franz Berwald : Symphonies n° 1 et n° 4. Johannes Brahms : Symphonie n° 4 ; Warum ist das Licht gegeben dem Mühseligen op. 74 n° 1 ; Fest-und Gedenksprüche op. 109 ; 3 Motetten op. 110 ; Schicksalslied op. 54 ; Rhapsodie pour alto ; Ein deutsches Requiem. Anton Bruckner : Symphonies n° 4, n° 6 et n° 9 ; Adagio pour orchestre à cordes du Quintette pour cordes. Frédéric Chopin : Concerto pour piano n° 1. Edvard Grieg : Concerto pour piano ; Peer Gynt, musique de scène. John Harbison : Concerto pour hautbois ; Symphonie n° 2. Paul Hindemith : Symphonie Mathis le Peintre ; Musique Funèbre ; Métamorphoses symphoniques sur des thèmes de Weber ; Konzertmusik ; Der Schwanendreher ; Nobilisima Visione. Gustav Mahler : Symphonie n° 2. Felix Mendelssohn : Symphonies n° 3 et n° 4 ; Concertos pour piano n° 1 et n° 2 ; Variations sérieuses ; Rondo Capriccioso. Carl Nielsen : Symphonies n° 1 à n° 6 ; Peer Gynt, suites n° 1 et n° 2 ; Aladdin. Carl Orff : Carmina Burana. Franz Schubert : Ouverture de Rosamunde ; Symphonies n° 5, n° 8 et n° 9 ; Ouverture dans le style italien n° 2. Roger Sessions : Symphonie n° 2. Jean Sibelius : Symphonies n° 1 à n° 7 ; Tapiola ; Valse triste. Richard Strauss : Also sprach Zarathustra ; Tod und Verklärung ; Till Eulenspiegel ; Don Juan ; Eine Alpensinfonie ; Ein Heldenleben ; Metamorphosen ; Burleske ; Valses du Rosenkavalier ; Introduction de Capriccio. Richard Wagner : Siegfried Idyll.
Lynne Dawson, soprano ; Ruth Ziesak, soprano ; Charlotte Hellekant, mezzo-soprano ; Elizabeth Norberg-Schulz, mezzo-soprano ; Jard van Nes, contralto ; John Daniecki, ténor ; Kevin MacMillan, baryton ; Wolfgang Holzmair, baryton ; Jean-Yves Thibaudet, piano ; Olli Mustonen, piano ; Geraldine Walther, alto ; William Bennett, hautbois ; Chœur et Orchestre symphonique de San Francisco ; Orchestre du Gewandhaus de Leipzig ; Chœur de la Radio Mdr ; Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, direction : Herbert Blomstedt. 33 CD Decca. Enregistré au Davies Symphony Hall de San Francisco, à la Paul-Gerhardt Kirche et au Gewandhaus de Leipzig, au Colosseum de Watford entre novembre 1987 et septembre 2004. Notice en français, anglais et allemand. Durée totale : environ 37 heures

 
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Méconnu pour ne pas dire sous-estimé, le legs d' pour le label Decca peut être reconsidéré grâce à cette édition bienvenue. Elle donne la mesure de la longévité de ce musicien né en Suède, naturalisé américain et qui est, à l'âge de 95 ans, le doyen de la direction d'orchestre.

La discographie de Blomstedt ne simplifie pas le regard que nous portons sur le musicien. Elle n'est pas si importante que cela, mais éparpillée sur différents labels. Outre Decca, Blomstedt a gravé pour EMI, Querstand, Eterna, Caprice Records, Bis et ses disques notamment avec Dresde et Leipzig ont fait l'objet de multiples rééditions sous diverses étiquettes.

En écoutant les premiers enregistrements du coffret, un premier constat s'impose. En effet, si l'on devait définir ces témoignages par la qualité des prises de son, il est probable que l'on prendrait en exemple quelques-unes de ces archives dont les , Bartók, Nielsen et Sibelius comme des disques “tests” pour toute chaîne Hi-fi. Ils n'ont rien perdu de leur magnificence. On ne louera jamais assez le talent des James Lock, John Dunkerley, John Pellowe, entre autres, qui ont accompli un travail remarquable non seulement à San Francisco, aussi auprès des grands orchestres européens et nord-américains (les Solti à Chicago !) durant quatre décennies.

Pour ce qui concerne Blomstedt, les captations valorisent la pensée du chef qui travaille le son, les couleurs, les dynamiques dans la profondeur des pupitres de l'orchestration postromantique. La majorité des bandes a été enregistrée à San Francisco, entre 1985 et 1995, période durant laquelle Blomstedt fut directeur de la phalange californienne. Rappelons qu'après près avoir quitté la RDA et la Staatskapelle de Dresde, Blomstedt remit sur pied l'orchestre américain, assez inégal depuis le départ, en 1952, du charismatique Pierre Monteux.

L'époque de Blomstedt à San Francisco était encore celle des grands directeurs artistiques de labels, qui avaient une vision précise du développement sur le long terme d'un orchestre et faisaient preuve d'une audace justifiée. En effet, il fallait oser débuter une collaboration musicale avec une série d'albums consacrés à Hindemith. L'élégance de trois albums consacrés au compositeur allemand, la justesse de lectures à la fois sobres et fines n'ont guère de concurrence à ce niveau depuis trente ans. Du côté des intégrales, Blomstedt avait choisi de graver les symphonies de Nielsen et de Sibelius, apportant, alors, une contribution importante à la discographie. Pour le compositeur danois, il bénéficiait d'une prise de son très nettement supérieure à celle de sa lecture antérieure avec le symphonique de la Radio Danoise (EMI). Depuis, d'autres chefs ont imposé leur marque dans cette musique (Oramo, Storgards, Saraste, Vänskä) et ont imaginé un Nielsen moins marqué par le postromantisme germanique. Dans l'intégrale Sibelius, Blomstedt canalise des pupitres de cuivres américains prêts à en “découdre”. Il évite toute emphase et stimule les dialogues dans ce répertoire nordique, magnifié tout autant dans les Grieg et notamment un superbe Peer Gynt. A ces louanges, on pourrait ajouter les Carmina Burana de Orff dont il est de bon ton de décrier la valeur. Blomstedt ne se contente pas d'équilibrer les percussions : il donne un élan racé à l'accompagnement magistral de textes souvent subversifs. Deux des symphonies de Berwald et de Mendelssohn sont brillamment exécutées, inspirées et vivantes. Ces lectures font encore partie des références de la discographie. Les symphonies de Bruckner (n°4, 6 et 9) et la symphonie Résurrection de Mahler sont de belle facture, mais une écoute comparée en relativise l'intérêt. Plus marquante est la version de la Symphonie n°4 de Brahms (supérieure à celles que Blomstedt réalisa dans les années 90 avec Bamberg et récemment Leipzig). Constat identique avec les symphonies de Schubert dont les 8 et 9 sont étonnamment plus “riches” en intentions et détails qu'à Dresde et Leipzig ! Les deux symphonies de Beethoven apportent peu à une discographie surreprésentée. Est-ce la raison pour laquelle une nouvelle intégrale ne fut pas envisagée, surtout après celle de Dresde ? Nous serons plus réservés quant au Concerto pour orchestre de Bartók peu inspiré ainsi que par Un Requiem Allemand sans carrure et projection, à l'image d'un Wolfgang Holzmair à contre-emploi. Les cycles de Lieder (Chœur de la Radio MDR) et la Rhapsodie pour alto (Jard van Nes) sont de meilleure facture.

Les volumes consacrés à – qu'ils soient symphoniques ou concertants – représentent le grand intérêt de ce coffret. Tout autant qu'avec les Schubert, la confrontation des œuvres symphoniques de Strauss impose San Francisco face à Dresde et Leipzig, alors qu'a priori… Malicieux et conquérant, Till Eulenspiegel séduit tout autant qu'Also sprach Zarathustra, Ein Heldenleben et une Symphonie Alpestre, l'une des plus grandioses et minérales de toute la discographie, quand bien même les plus récentes et somptueuses versions de Jordan, Jansons, Rouvali et Thielemann. La splendide prise de son Decca laisse respirer un orchestre d'un niveau exceptionnel. Petite parenthèse, avec la Burleske de Strauss et les deux concertos de Mendelssohn gravés par Thibaudet, mais à Leipzig. Ce sont également des “musts”. Le pianiste français ressent viscéralement la Burleske dont il révèle à la fois les sources lisztiennes et néo-brahmsiennes. Le piano félin, diabolique et humoristique engage des dialogues subtils et colorés avec des vents et surtout des timbales extraordinaires.

On l'aura compris, l'intérêt majeur de ce coffret réside dans les interprétations des œuvres des compositeurs nordiques, de Hindemith et de .

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Herbert Blomstedt : Complete Decca Recordings. Béla Bartók : Kossuth ; Concerto pour orchestre. Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 1 et n° 3. Franz Berwald : Symphonies n° 1 et n° 4. Johannes Brahms : Symphonie n° 4 ; Warum ist das Licht gegeben dem Mühseligen op. 74 n° 1 ; Fest-und Gedenksprüche op. 109 ; 3 Motetten op. 110 ; Schicksalslied op. 54 ; Rhapsodie pour alto ; Ein deutsches Requiem. Anton Bruckner : Symphonies n° 4, n° 6 et n° 9 ; Adagio pour orchestre à cordes du Quintette pour cordes. Frédéric Chopin : Concerto pour piano n° 1. Edvard Grieg : Concerto pour piano ; Peer Gynt, musique de scène. John Harbison : Concerto pour hautbois ; Symphonie n° 2. Paul Hindemith : Symphonie Mathis le Peintre ; Musique Funèbre ; Métamorphoses symphoniques sur des thèmes de Weber ; Konzertmusik ; Der Schwanendreher ; Nobilisima Visione. Gustav Mahler : Symphonie n° 2. Felix Mendelssohn : Symphonies n° 3 et n° 4 ; Concertos pour piano n° 1 et n° 2 ; Variations sérieuses ; Rondo Capriccioso. Carl Nielsen : Symphonies n° 1 à n° 6 ; Peer Gynt, suites n° 1 et n° 2 ; Aladdin. Carl Orff : Carmina Burana. Franz Schubert : Ouverture de Rosamunde ; Symphonies n° 5, n° 8 et n° 9 ; Ouverture dans le style italien n° 2. Roger Sessions : Symphonie n° 2. Jean Sibelius : Symphonies n° 1 à n° 7 ; Tapiola ; Valse triste. Richard Strauss : Also sprach Zarathustra ; Tod und Verklärung ; Till Eulenspiegel ; Don Juan ; Eine Alpensinfonie ; Ein Heldenleben ; Metamorphosen ; Burleske ; Valses du Rosenkavalier ; Introduction de Capriccio. Richard Wagner : Siegfried Idyll.
Lynne Dawson, soprano ; Ruth Ziesak, soprano ; Charlotte Hellekant, mezzo-soprano ; Elizabeth Norberg-Schulz, mezzo-soprano ; Jard van Nes, contralto ; John Daniecki, ténor ; Kevin MacMillan, baryton ; Wolfgang Holzmair, baryton ; Jean-Yves Thibaudet, piano ; Olli Mustonen, piano ; Geraldine Walther, alto ; William Bennett, hautbois ; Chœur et Orchestre symphonique de San Francisco ; Orchestre du Gewandhaus de Leipzig ; Chœur de la Radio Mdr ; Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, direction : Herbert Blomstedt. 33 CD Decca. Enregistré au Davies Symphony Hall de San Francisco, à la Paul-Gerhardt Kirche et au Gewandhaus de Leipzig, au Colosseum de Watford entre novembre 1987 et septembre 2004. Notice en français, anglais et allemand. Durée totale : environ 37 heures

 
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