Pour sortir au jour d’Olivier Dubois à La Scala Provence : la danse est une fête

Olivier Dubois, corps hors norme et magnifique de la danse contemporaine, présente Pour sortir au jour à La Scala Provence. Avec une soixantaine de pièces à son actif, le danseur et chorégraphe propose l'exploration ludique et passionnante d'un parcours exceptionnel.

Interprète d'Angelin Prejlocaj, Jan Fabre, Germaine Acogny ou encore Sasha Waltz, fort d'un répertoire qui donne le vertige, Olivier Dubois crée Tragédie, pièce signature, au Festival d'Avignon en 2012. Il se révèle aussi brillant en solo que dirigeant 300 amateurs dans Mille et une danses. Pour sortir au jour est créé en 2018. Aujourd'hui artiste associé au Centquatre, le chorégraphe fut directeur du Ballet du nord de 2014 à 2017.

Tout se déroule comme un jeu. Assis sur le plateau et dans la salle, les spectateurs sont appelés à assister le danseur dans sa quête archéologique et jouissive des réminiscences du corps dansé et des moments de vie qui y sont associés. Ainsi, au gré d'une délicieuse soirée rythmée par de petits extraits de chorégraphies choisies au hasard, le public devient témoin d'un parcours original et de performances non moins atypiques. Chaque soir est différent, le performeur égrène à l'aveugle, avec la complicité du public, un chapelet d'instants vécus et dansés, dans un déroulement qui n'a rien de cérémoniel.

De fait, Olivier Dubois n'a de cesse de casser le quatrième mur. Son obsession d'une soirée qui serait une fête devient contagieuse et le public épaté adhère tout autant aux morceaux dansés qu'aux anecdotes savoureuses et savamment distillées. Élu l'un des vingt-cinq meilleurs danseurs au monde en 2011 par le magazine Dance Europe, Olivier Dubois fait la démonstration d'une technique impeccable mais aussi d'un bagout délicieux. Sans distance donc, une communion se fait entre le public, le corps et les paroles pleines d'esprit du chorégraphe.

Qui d'autre qu'Olivier Dubois pour cet exercice sensible, humoristique, technique et teinté d'une fausse nonchalance ? La vie exceptionnelle de ce danseur se manifeste dans chaque mouvement de son corps, un corps parfois fragile de ce qui fut un morceau de spectacle, joyeux ou douloureux. Difficile comme cette première de Je suis sang de Jan Fabre à Avignon, que le chorégraphe revit comme pour exorciser dans un jeu une violence qui marque. Le CV épate. Un gabarit non académique ? Olivier Dubois excelle dans La Bayadère de Noureev sous les yeux incrédules de l'audience. Du cabotinage ? Peut-être. Mais avant tout la sensation d'avoir assisté à une soirée de célébration remarquable, celle d'une vie, certes, mais avant tout celle de la danse, inscrite dans nos consciences, accessible par le jeu et la légèreté mais surtout guidée par l'essentiel : la joie, l'allégresse du mouvement.