Avec le festival Chants libres, Purcell illumine la cathédrale de Condom

Dans le cadre du festival Chants libres de la fondation Bettencourt Schueller, l'ensemble vocal La Main Harmonique donnait à Auch, puis à Condom un concert d'académie consacré à la musique sacrée de Purcell avec le chœur Ambrosia et l'orchestre de chambre du CRR de Paris.

Le programme s'articule autour de la Musique pour les funérailles de la Reine Mary II, formée de trois chœurs, augmenté de plusieurs hymnes et quelques pièces instrumentales. Compositeur attitré de la cour à la fin du XVIIe siècle, Purcell servit trois souverains, dont les derniers furent le roi Guillaume III et son épouse la reine Mary II. Entre 1686 et 1695, « L'Orpheus Britannicus » composa six odes pour l'anniversaire de la reine, le 30 avril de chaque année, la musique pour son couronnement en 1689, ainsi que celle pour ses funérailles à l'âge de 33 ans, le 5 mars 1695. Purcell ne survécut que neuf mois à la reine et quelques pièces dont la sentence funèbre Thow knowest Lord furent reprises pour ses propres obsèques. D'aucuns ont dit et écrit qu'il avait composé là son propre Requiem, mais à 36 ans, il ne pouvait pas savoir qu'il disparaitrait si rapidement. Le cérémonial des services funèbres des rois d'Angleterre a vraisemblablement été fixé de façon immuable à l'époque d'Elisabeth I^e, mais nombre d'anthems n'ayant pas été imprimées, il s'en est perdu au cours des années et des événements et il était nécessaire de compléter les manquantes ou d'en composer de nouvelles.

La configuration musicale du jour, composée de cordes (6 violons, un alto, une viole de gambe, un théorbe et un orgue positif), ne comportant pas de vents, la Marche funèbre et la Canzona pour trois trompettes, ne figurent pas au programme, qui est complété par d'autre anthems selon un programme intelligemment composé pour une musique solennelle, méditative, introspective, voire priante.

La célèbre ode de 1683 Welcome to all the pleasure Z 339 dédiée à sainte Cécile, patronne des musiciens, clôture ce beau programme. Il s'agit de la première d'une série en l'honneur particulièrement prisée par la famille royale britannique, dont la plus connue est Hail ! Bright Cecilia, composée en 1992. Ces festivités pour le 22 novembre procèdent de la Musical Society de Londres, qui rassemblait des musiciens professionnels et amateurs et fit appel au plus célèbre compositeur du pays. Écrite pour trois voix solistes, chœur, quatre parties de cordes et continuo, l'œuvre se présente comme un concerto grosso dont le trio soliste forme le concertino et le chœur et l'orchestre le ripieno. Le nom Cecilia est proclamé à plusieurs reprises par toutes les voix et les registres pour être tranquillement épelé à la fin par la basse.

On apprécie les interventions solistes qui ponctuent les anthems, comme de superbes duos de dessus entre Nadia Lavoyer et Judith Deroin, parfois rejointes par le ténor Guillaume Gutierrez ou les plus rares solo du contre-ténor Damien Ferrante et de la basse Cyril Constanzo.

L'ensemble bien préparé lors de stages au cours de l'année offre une belle cohésion avec une solide unité chorale. Formé d'amateurs très éclairés, le chœur Ambrosia, augmenté de lauréats de l'académie, fait des merveilles. Comme souvent dans cette configuration chorale, les chantres de La Main Harmonique sont disséminés dans l'ensemble afin de soutenir les pupitres et de tenir les attaques.

À l'initiative de ce beau travail collectif, on trouve le contre-ténor Frédéric Bétous, qui dirige l'ensemble avec grande attention et finesse.

Crédit photographiques : © Alain Huc de Vaubert