L’Ensemble Aîsa, trio vocal féminin accompagné au festival Jeunes talents
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Paris. Cathédrale Sainte-Croix des Arméniens. 4-VII-2023. Giacomo Carissimi (1605-1674) : Omnes gentes gaudete ; Benedictus Deus. Isabella Leonarda (1620-1704) : Ad arma spiritus ; François Couperin (1668-1733) : Troisième leçon de Ténèbres ; Magnificat. Louis-Nicolas Clérambault (1676-1749) : Miserere mei Deus C. 116. Ensemble Aîsa : Margaux Poguet et Camille Chopin, soprano ; Solène Laurent, mezzo-soprano ; Maylis Moreau, viole de gambe ; Pierre Quiniou, orgue
Cinq jeunes musiciens issus du CNSMDP s'illustrent dans un programme de musique religieuse italienne et française des XVIIe et XVIIIe siècles.
Parmi les concerts extrêmement divers qui composent la programmation du Festival Jeunes talents 2023, celui-ci est placé sous le lointain patronage du Concerto delle donne, un trio de chanteuses fondé à la cour de Ferrare en 1580. Et de fait, les continuistes Maylis Moreau à la viole et Pierre Quiniou à l'orgue positif, s'ils sont indispensables dans ce répertoire baroque, et s'y montrent impeccables, ne se font pas remarquer de la soirée, hormis le second pour quelques mots d'introduction. L'intérêt ce soir est surtout dans la découverte de ces trois voix féminines, et dans le déroulé de ce programme allant de l'Italie à la France par le truchement de la musique religieuse.
Les deux motets de Giacomo Carissimi permettent aux chanteuses de dérouler toute une palette d'affects et de nuances expressives. Mais celui d'Isabella Leonarda, religieuse piémontaise à laquelle on doit plus de deux-cents œuvres et dont la musique mérite assurément plus de reconnaissance, est encore un cran au-dessus en termes de force d'expression. L'enchaînement avec la troisième des Leçons de Ténèbres pour le Mercredi saint de Couperin est très éclairant sur l'inspiration italienne du compositeur français. De même que dans le Magnificat suivant, les trois chanteuses combinent pour se partager les deux voix, multipliant ainsi encore la variété des couleurs musicales. Le Miserere à trois voix de Louis-Nicolas Clérambault enfin, véritable sommet du concert, est à l'avenant, une musique par laquelle le profane qui ne comprend pas le latin est tout de même profondément impressionné, pourvu que comme ce soir il l'entende dans les conditions idoines et chantée par des interprètes qui vivent le texte avec intensité.
Un mot sur les chanteuses, pétries de talent, que l'on sera sans doute amené à revoir. Solène Laurent a un beau timbre de mezzo, parfois mis à mal dans l'aigu, mais sans que jamais la musicalité de la ligne et l'expressivité en souffrent. Margaux Poguet fait preuve d'une agilité et d'une précision qui semblent lui autoriser toutes les nuances. Camille Chopin quant à elle se fait plutôt remarquer par son assise remarquable et par la plénitude de son timbre. Toutes les trois en tout cas savent marier leurs qualités pour parvenir avec ce programme spirituel au but ultime de la musique : élever l'âme.
Crédits photographiques : © Rafael Artissian / Jeunes Talents
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Paris. Cathédrale Sainte-Croix des Arméniens. 4-VII-2023. Giacomo Carissimi (1605-1674) : Omnes gentes gaudete ; Benedictus Deus. Isabella Leonarda (1620-1704) : Ad arma spiritus ; François Couperin (1668-1733) : Troisième leçon de Ténèbres ; Magnificat. Louis-Nicolas Clérambault (1676-1749) : Miserere mei Deus C. 116. Ensemble Aîsa : Margaux Poguet et Camille Chopin, soprano ; Solène Laurent, mezzo-soprano ; Maylis Moreau, viole de gambe ; Pierre Quiniou, orgue