David Fray et Renaud Capuçon dans Schubert au Théâtre des Champs-Élysées
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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 26-VI-2023. Franz Schubert (1797-1828) : Sonate pour violon et piano « Grand Duo » op.162 D.574 ; Rondo brillant pour violon et piano D.895 ; Sonatine pour violon et piano n°2 op.137 D.385 ; Fantaisie pour violon et piano op. posth.159 D.934. David Fray, piano ; Renaud Capuçon, violon
On se doutait que laisser carte blanche à David Fray pour un programme Schubert ne représentait pas une prise de risque inconsidérée, mais quel meilleur usage celui-ci pouvait-il en faire que de convier son collègue violoniste Renaud Capuçon pour un ensemble de duos autour des deux instruments que le Meister viennois possédait sans doute le mieux ?
Dans la Sonate en la majeur, dite « Grand Duo », David Fray et Renaud Capuçon séduisent d'emblée par leur harmonie de duettistes, dans un esprit de « schubertiade » où la camaraderie, le talent et la passion se mêlent et se confondent. Bien que l'œuvre (comme les suivantes) fasse la part belle au violon, on profite d'une belle présence du piano. Avec ses rythmes très marqués, cette sonate au caractère aimable prend un tour presque dansant, dont les deux interprètes jouent avec un plaisir entraînant.
Après le Rondo brillant en si mineur (D.895), qui n'est probablement pas ce que Schubert a laissé de plus passionnant, les deux complices abordent la Sonatine n°2 en la mineur, dans laquelle ils épousent en commun le caractère sans cesse changeant qui fait la signature des partitions schubertiennes. D'une atmosphère de tension (Allegro moderato), ils évoluent vers des horizons apaisés aux accents beethovéniens (Andante) avant de revenir à des modulations mineures légèrement inquiétantes pour les deux derniers mouvements. De bout en bout, le son vibrant et chaleureux de Renaud Capuçon, rehaussé par la précision et la netteté de David Fray, sont les ingrédients idéaux pour ce répertoire.
Pièce maîtresse du catalogue chambriste de Schubert, la Fantaisie pour violon et piano (D.934) surgit en cette fin de concert, d'abord à peine perceptible sous les trémolos du piano, avant que le thème du violon ne s'élève et s'affirme. Dans cette œuvre chorale se joue la rencontre entre l'instrument à cordes et l'écriture irrésistiblement vocale de Schubert – l'Andantino n'est rien d'autre qu'une reprise du thème du Lied Sei mir gegrüsst. Quant au piano, le terme d'accompagnement serait trop faible pour évoquer les qualités du jeu de David Fray, qui propose une multitude de plans sonores toujours à la bonne distance du violon.
Rappelés par le public, les deux interprètes donnent encore le final de la Sonatine n°3, avant de bisser le dernier mouvement de la deuxième Sonatine, pour une conclusion allègre de cette soirée.
Crédit photographique : David Fray © Paolo Roversi ; Renaud Capuçon © Simon Fowler
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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 26-VI-2023. Franz Schubert (1797-1828) : Sonate pour violon et piano « Grand Duo » op.162 D.574 ; Rondo brillant pour violon et piano D.895 ; Sonatine pour violon et piano n°2 op.137 D.385 ; Fantaisie pour violon et piano op. posth.159 D.934. David Fray, piano ; Renaud Capuçon, violon