Soirée Forsythe : une très belle performance des danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon

Le 1 juillet 2023 par Anne O'Byrne

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Lyon. Opéra. 24.VI.2023. Ballet de l’Opéra de Lyon : Soirée Forsythe

Quintett. Chorégraphie, scénographie et lumières : William Forsythe. Musique : Gavin Bryars, Jesus’ Blood never falled me yet. Costumes : Stephen Galloway. Danseurs le 24 (+ 27) juin : Caelin Knight, Maeva Lassere, Leoannis Pupo-Guillen, Raul Serrano Nunez, Paul Vezin

N.N.N.N. Musique : Thom Willems. Durée 18 minutes. Chorégraphie, scénographie, lumières et costumes : William Forsythe. Musique : Thom Willems. Maîtresse de Ballet : Amadine Roque de la Cruz. Les 24 (+27) juin : Brendan Evans, Yan Lelva, Albert Nikolli, Raul Serrano Nunez

One Flat Thing, reproduced. 200o. Chorégraphie, scénographie, lumières : William Forsythe. Musique : Thom Willems. Costumes : Stephen Galloway. Danseurs du Ballet, le 24 (+ 27) juin : Edi Biloshmi, Nëllie Conjaud, Katrien de Bakker, Abril Diaz, Alavro Dule, Jackson Haywood, Yan Leiva, Albert Nikolli, Lore Pryszo, Leoannis Pupo-Guillen, Maeva Lassere, Erik Sosa sanchez, Merel van Heeswijk, Paul Vezin

France

Auvergne-Rhône-Alpes
- Lyon

Quintett, N.N.N.N. et One Flat Thing, reproduced, de William Forsythe, entrés respectivement au répertoire du Ballet de l'Opéra de Lyon, en 2010, 2021 et 2004, ont enchanté le public de l'Opéra de Lyon, par des performances plus que belles.

Il en va ici du cœur de l'âme Forsythe, le chorégraphe ayant changé la perception de la danse classique en la faisant glisser dans le monde contemporain, après avoir, de 1980 à 1990, proposé une rupture salvatrice, qui permet aux danseurs classiques de libérer leurs mouvements, d'inventer et de « performer » (si nous osions utiliser ce néo-verbe qui illustre bien le néoclassique que forge le chorégraphe), se plaçant au centre de ce qui se trame là, ici et maintenant, pour toujours en somme.

Dans Quintett (créé en 1993), une pièce de 26 minutes sur la musique incroyable de Gavin Bryars, en boucle, Jesus' Blood Never Failed Me Yet, c'est le chant sublime d'un SDF que Forsythe a enregistré et mis en musique, une voix éraillée, belle et lancinante, qui accroche par sa pureté, et donne aux gestes des danseurs une épaisseur toute particulière. Il est clair que le chorégraphe a tout compris de la danse, de la souffrance du corps, qui se donne en spectacle et de la joie aussi éprouvée à libérer un mouvement même dans l'adversité, et surtout ensemble. Dans Quintett, c'est à la fois des solos, duos, trios, quatuors et quintettes, qui s'enchaînent à merveille ; tout y est fluide, lisse, émouvant aux larmes. Ce ballet a un génie pour le contemporain classique, ou un génie tout court que nous n'avons eu de cesse d'admirer depuis que nous les voyons danser (pas toujours par les mêmes danseurs évidemment, car le Ballet de l'Opéra de Lyon est un grand corps en évolution, chacun y traçant aussi son propre cheminement).

N.N.N.N. est un quatuor d'hommes (créé en 2002), d'une fluidité peut-être encore plus puissante. La soirée est d'ailleurs pensée crescendo, à raison, sur la musique de Thom Willems et sans musique, ce qui permet d'entendre la respiration des danseurs, leur corps parlant à leur âme en toute quiétude et force, car ils sont pensés ici pour ne faire qu'un seul corps toujours en lien, en relation avec justement ce que c'est que faire corps. Les quatre N. maintiennent leur légèreté et leur poids en lien. Époustouflant.

One Flat Thing, reproduced, créé en 2000, pour dix danseurs, déjà chroniqué sur ResMusica, est toujours incroyable de perfection. Quatorze danseurs sur vingt tables s'évertuent à se faufiler, à passer sur et sous les tables, glissent, tombent, se relèvent, se frôlent, dans un jeu de tables musicales. C'est un ballet qui utilise ces objets plats (flat), que sont les tables reproduites (reproduced) en vingt exemplaires, qu'ils « gèrent » pour en tirer le meilleur et le maximum de possibilités que la danse peut offrir ici, en dix-sept minutes. Entre les tables et entre les souffles palpitent des pas, des gestes et envolées lyriques, sur la musique électronique, saccadée de Thom Willems, de nouveau.

Photos : © Agathe Poupeney / Divergence-images.com – 23/06/2023 – Opéra de Lyon – Lyon

NDLR : Nous remercions ici la formidablement douée Julie Guibert, qui dirigeait le Ballet de l'Opéra de Lyon depuis mars 2020. Julie Guibert a commencé sa carrière de danseuse en 1991 avec Maryse Delente à Vaux-en-Velin, a rejoint le Ballet du Nord en 1995, le Ballet Cullberg de 1998 à 2003, en interprétant notamment Le Lac des cygnes ou La Belle au bois dormant de Mats Ek, avant son arrivée au Ballet de l'Opéra de Lyon où elle a travaillé avec de très grands chorégraphes, comme Lucinda Childs, Maguy Marin, ou encore Christian Rizzo, qui lui a écrit un solo pour Montpellier Danse. En 2005, elle a dansé Push pour Russel Maliphant ou Nos charmes n'auront pas suffi, par exemple, pour Mélanie Perrier. À la tête du Ballet de l'Opéra de Lyon, elle a guidé les danseurs, jusqu'à la passation à Pierre Advokatoff, maître de ballet pour Quintett ainsi qu'à Amandine Roque de la Cruz, pour N.N.N.N. et One Flat Thing, reproduced, en attendant l'arrivée de Cédric Andrieux comme nouveau directeur du Ballet.