Benjamin Abel Meirhaeghe, l’enfant terrible de la scène flamande, ose tout

Avec A Revue, le chorégraphe et performeur belge Benjamin Abel Meirhaeghe embarque le spectateur de La Villette vers l'année 4020. Inventif autant que dérangeant, ce spectacle total alterne moments de grâce et chaos.

Après Madrigals, présenté en avril à La Villette, Benjamin Abel Meirhaeghe revient à Paris, à la Grande Halle, pour trois soirs avec A Revue. Cette pièce créée en 2020 est un voyage musical spectaculaire dans le passé et le futur. Il fait fi de la temporalité, des genres ou du genre. Les airs du XV^e siècle sont mixés avec de l'électro, du Schubert ou du Mozart. Les corps nus dans tous leurs états côtoient des humanoïdes androgynes. On balance sans cesse de l'univers de La Guerre du feu à celui de Valérian, on passe de la sidération a de véritables moments de grâce, notamment lors des performances des chanteurs (dont deux seulement sont chanteurs de formation !), ou lors d'une danse amoureuse dans laquelle les émotions des danseurs sont exprimées par une machine.

Figure montante de la scène flamande, le performeur et metteur en scène belge de 28 ans s'interroge sur ce que sera la musique ancienne du futur. Son spectacle baroque et extravagant déroute souvent, mais fait montre d'une grande créativité et n'est pas dénué d'humour. Le meilleur côtoie parfois le pire, mais les performances délivrées par la douzaine de chanteurs, musiciens, performeurs ou artistes visuels touchent par leur sincérité et leur engagement.

Le chorégraphe et metteur en scène Benjamin Abel Meirhaeghe bouscule le spectacle vivant, repousse les limites et nous force à regarder ce que l'on évite de voir, à nous interroger sur ce que l'on feint d'ignorer. Les performances brutes et incandescentes des artistes peuvent provoquer le malaise dans le public disposé des deux côtés de la scène, au plus près des artistes, mais elles sont combinées à des moments plus poétiques, des chants et des danses qui interrogent l'histoire de la musique en remontant jusqu'au Moyen-Âge. On sort un rien dérouté de ce saisissant cabaret rétro futuriste, mais la tête pleine de questions, d'images, de couleurs et de sons.

Photos : (c) Fred Debrock