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À la Philharmonie de Paris, Yannick Nézet-Séguin et Joyce DiDonato : Berlioz, sinon rien !

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 28-VI-2023. Hector Berlioz (1803-1869) : Ouverture du Corsaire op. 21 ; Extraits de l’opéra Les Troyens ; Symphonie fantastique op. 14. Joyce DiDonato, mezzo-soprano. Met Orchestra, direction : Yannick Nézet-Séguin

Pour le second concert de leur diptyque parisien, Yannick-Nézet-Seguin et le rejoignent pour chanter .

Dans un programme plus resserré que la veille, entièrement consacré à Berlioz, Yannick Nézet-Seguin fait, une fois encore, valoir la qualité du dans le domaine symphonique avec l'Ouverture du Corsaire et la Symphonie fantastique, tandis que la mezzo-soprano interprète de manière bouleversante deux extraits tirés de l'opéra Les Troyens.

L'Ouverture du Corsaire (1855), centrée sur le personnage de Conrad, héros byronien révolté, n'est sans doute pas la pièce la plus subtile du corpus symphonique d', mais plutôt une pièce de bravoure et de virtuosité visant à faire briller l'orchestre dans une écriture flamboyante fortement cuivrée. , soutenu par l'excellence de la phalange new yorkaise, nous en livre une lecture contrastée et théâtrale alternant lyrisme et violence, tension et détente, dans une grande farandole épique où les violons grincent et virevoltent, où les bois gémissent et où les cuivres grondent, avec beaucoup d'effets musicaux spectaculaires.

Mais le meilleur restait à venir avec la déchirante interprétation de en Didon, rôle pour lequel la mezzo-soprano américaine est désormais une référence, et dans lequel elle nous subjugue par la justesse de son implication scénique comme par la beauté de son chant dans une poignante progression dramatique depuis la majesté guerrière de « Chers Tyriens » (acte III) jusqu'à la déploration dramatique de « Adieu fière cité » et « Je vais mourir » (acte V). On admire sans réserve les couleurs vif argent de l'interprétation et les qualités vocales (fluidité de la ligne, impeccable diction, élégante prosodie, legato sublime, puissance et ampleur de la projection) portées par les infinies nuances de l'accompagnement orchestral (clarinette et petite harmonie) qui atteint son acmé dans le très narratif « Chasse et Orage », intermède instrumental où se distinguent tout particulièrement les cuivres pendant la chasse et les cordes et percussions, plus vraies que nature, pendant l'orage, avec une mention particulière pour l'excellent cor solo.

Toute la seconde partie est dévolue à la Symphonie fantastique (1830). Partition incontournable du répertoire symphonique, périlleuse, hélas bien souvent malmenée, parcourue par le thème récurrent de « l'idée fixe. »   en délivre une lecture d'une rare pertinence, faisant valoir ses talents de conteur dans un phrasé très narratif qui parvient à concilier dans un convaincant syncrétisme, l'attention portée aux détails de l'orchestration et la continuité d'un discours haletant, passionnant de bout en bout.

Si Rêveries – Passions soulignent d'emblée la clarté de la mise en place, la transparence de la texture, les performances solistiques superlatives, la justesse, l'élégance et la souplesse de la direction dans une alternance contrastée et tendue d'épisodes lyriques et de moments plus agités, où le chef québécois majore à l'envi les nuances rythmiques et dynamiques, un Bal séduit, quant à lui, par son mélange de grâce (cordes) et de mystère (harpe, flûte et petite harmonie). La Scène aux champs parait, ici, paradoxalement, plus savante et délicate que véritablement pastorale avec son étonnant dialogue spatialisé entre cor anglais et hautbois et sa douce mélodie de clarinette sur les traits des seconds violons et des altos en pizzicatos. La Marche au supplice saisit par sa dynamique pesante, chargée d'effroi, rythmée par le basson avant que le Songe d'une nuit de sabbat ne referme cette belle interprétation sur un phrasé tout en relief dans un concert de timbres (cloches, petite clarinette, tubas) parcouru par le thème lugubre et parodique du Dies Irae énoncé par les trombones, précédant une coda apocalyptique qui scelle un triomphe bien mérité.

Un « bis », ramenant un peu de sérénité, voit le retour sur scène de Joyce DiDonato pour un émouvant Morgen de Richard Strauss, accompagné par Benjamin Bowman (premier violon solo) et par la harpe, mouvement de grâce suspendu entre ciel et terre qui conclut de belle manière la saison à la Philharmonie. Magnifique !

Crédit photographique : © Chris Singer

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 28-VI-2023. Hector Berlioz (1803-1869) : Ouverture du Corsaire op. 21 ; Extraits de l’opéra Les Troyens ; Symphonie fantastique op. 14. Joyce DiDonato, mezzo-soprano. Met Orchestra, direction : Yannick Nézet-Séguin

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