Mathilde Monnier, de retour à Montpellier avec un BLACK LIGHTS féministe
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Montpellier. Théâtre de l’Agora. 23-VI-2023. Dans le cadre du festival Montpellier Danse. Mathilde Monnier : BLACK LIGHTS. D’après la série télévisée en ligne d’Arte H24 de Valérie Urrea et Nathalie Masduraud. Chorégraphie, mise en scène : Mathilde Monnier. Dramaturgie : Stéphane Bouquet. Scénographie : Annie Tolleter avec l’atelier Martine Andrée, Halle tropisme. Dramaturge lumière : Éric Wurtz. Son : Nicolas Houssin, Olivier Renouf. Avec : Isabel Abreu, Aïda Ben Hassine, Kaïsha Essiane, Lucia García Pulles, Mai-Júli Machado Nhapulo, Carolina Passos Sousa, Jone San Martin Astigarraga, Ophélie Ségala
Dans la nouvelle création de Mathilde Monnier pour Montpellier Danse, BLACK LIGHTS, neuf récits de femmes issus de la série documentaire H24 sur Arte, disent quelque chose de notre époque et des combats des femmes.
Parmi les 24 situations quotidiennes de la vie d'une femme filmées par les réalisatrices Valérie Urrea et Nathalie Masduraud et diffusées sur Arte dans le documentaire H24, la chorégraphe Mathilde Monnier, qui a repris sa vie de compagnie indépendante après avoir dirigé le Centre chorégraphique de Montpellier et le Centre national de la danse à Pantin, a choisi neuf récits pour BLACK LIGHTS, sa nouvelle création pour Montpellier Danse, qui sera également présentée au Festival d'Avignon du 20 au 23 juillet.
Bottines aux pieds, la mise en jeu des huit danseuses distribuées pour incarner ces récits de femmes témoigne par le corps et la danse des grands écarts et des postures inconfortables qu'elles ont dû adopter. Quand elles parlent, l'une d'elle évoque les compromis de la vie à deux, une autre la gêne qui l'envahit quand un compliment se fait déplacé ou insistant. Une danseuse, en aparté, raconte une histoire de talons hauts (« pas de 5, c'est ridicule, mais de 8 ou de 10 » dit le patron de l'entreprise qui emploie cette réceptionniste) et de derbys : scène de sexisme ordinaire. Toutes les violences sexistes se dessinent derrière la voix et le corps de ces femmes interprètes, mettant en mots et en mouvements les témoignages recueillis auprès des victimes. Par la marche et la danse, ces femmes reprennent vie devant nos yeux. Préjugés, sexisme, harcèlement insistant, l'histoire et les situations se répètent, elles sont les mêmes dans toutes les langues.
Entre ces femmes d'âges et d'origines différents se tisse une solidarité combative et bienveillante, une sororité inquiète et authentique. Une combativité qui va jusqu'à l'attaque, façon boxe (droite, gauche, crochet, esquive), pour une danse partagée à l'énergie brute. Les deux danseuses les plus âgées et les plus élégantes s'enlacent comme des sœurs pour décrire, l'une par la voix, l'autre par le corps, une relation toxique entre un professeur et son élève, évoquant la culpabilité des femmes qui disent non et s'enfuient.
Au fil du spectacle, les récits sont de plus en plus violents, jusqu'à la violence conjugale, et les interprètes tous formidables rendent hommage à la dignité de ses femmes victimes. Un spectacle très émouvant, parce qu'il est vrai. Dommage que le spectacle se termine par une petite facilité, autour de la sempiternelle musique de club, dont l'apport dramaturgique et narratif est réduit.
Photos BLACK LIGHTS © M. Coudrais
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Montpellier. Théâtre de l’Agora. 23-VI-2023. Dans le cadre du festival Montpellier Danse. Mathilde Monnier : BLACK LIGHTS. D’après la série télévisée en ligne d’Arte H24 de Valérie Urrea et Nathalie Masduraud. Chorégraphie, mise en scène : Mathilde Monnier. Dramaturgie : Stéphane Bouquet. Scénographie : Annie Tolleter avec l’atelier Martine Andrée, Halle tropisme. Dramaturge lumière : Éric Wurtz. Son : Nicolas Houssin, Olivier Renouf. Avec : Isabel Abreu, Aïda Ben Hassine, Kaïsha Essiane, Lucia García Pulles, Mai-Júli Machado Nhapulo, Carolina Passos Sousa, Jone San Martin Astigarraga, Ophélie Ségala