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Opéra Bastille, Paris. 21-VI-23. Ballet de l’Opéra national de Paris : Signes. Sur une idée originale d’Olivier Debré. Chorégraphie : Carolyn Carlson. Musique : René Aubry. Décors et costumes : Olivier Debré. Lumières : Patrice Besombes. Avec Hannah O’Neill, Germain Louvet, les premières danseuses, les premiers danseurs et le corps de Ballet de l’Opéra national de Paris
Entre deux soirées de grève, le Ballet de l'Opéra de Paris a repris Signes, le ballet de Carolyn Carlson créé en 1997 sur une idée du peintre Olivier Debré et une partition de René Aubry. Sept tableaux pour sept lumineux matins d'été…
Signe du sourire, le premier des sept tableaux qu'Olivier Debré et Carolyn Carlson ont voulu comme sept matins autour du sourire, permet une entrée en matière très wilsonnienne du duo d'étoiles Germain Louvet et Hannah O'Neill pour leur prise de rôle dans Signes de Carolyn Carlson, régulièrement reprise par la compagnie parisienne depuis sa création en 1997. Lui, en costume bleu Klein, continue après The Dante Project son parcours dans le répertoire contemporain avec beaucoup de maîtrise et d'élégance. Elle, récemment nommée étoile, fait une fugace apparition en robe à crinoline jaune, cheveux fixés dans une envolée latérale très graphique et stylisée. Le rythme lent de la partition de René Aubry dans ce premier tableau forme cependant un écran, au propre comme au figuré, entre danseurs et spectateurs.
Dans le deuxième tableau, Loire du matin, cet écran se lève et la ligne pure et intense de la superbe Hannah O'Neill est une éblouissante tâche de couleur projetée dans l'univers visuel de Olivier Debré. Élégantissime, elle sublime le style Carlson avec ses longues mains et sa silhouette de liane. Le corps de ballet joue les utilités en se fondant dans le décor, une magnifique toile rouge et or d'Olivier Debré représentant les bords de Loire. Cette partie plus ludique de la partition, avec accordéon, est l'une des plus connues de René Aubry. Avec ses bretelles et ses gants jaunes, Germain Louvet poursuit dans l'univers Wilsonien en jaune et bleu, avec des gestes inspirés du mime.
Les liens entre la Chine et Carolyn Carlson et Olivier Debré sont nombreux et le tableau des Monts de Guilin en est un riche témoignage. La palette de couleurs est somptueuse et accueille des pèlerins ou de nobles dames qui évoluent harmonieusement. Certains détails de la production ont un peu vieilli comme les couvre-chefs ou les costumes des hommes. La danse a cependant, dans sa lenteur, une dimension très contemplative.
Pour les Moines de la Baltique, le tableau suivant, c'est une armée de dix hommes en rouge et noir qui prend possession du tableau, dans une composition saisissante et martiale comme sait parfois en faire la chorégraphe académicienne. Leurs grands manteaux marquent les esprits.
Le cinquième tableau, L'esprit du lieu, est prétexte à un magnifique pas de deux entre Hannah O'Neil et Germain Louvet sur fond de tableau bleu, très onirique et profondément abstrait. Les deux danseurs étoiles sont aériens, légers, complices…
L'acmé de la pièce est sans conteste le sixième tableau, Les couleurs de Maduraï, une inspiration indienne éclaboussée de couleurs vives. Le plateau s'orne de grandes lignes abstraites et colorées qui évoluent dans un tableau à la composition étrange. Deux solistes, Ida Viikinkoski et Yvon Demol, sont les gardiens de ce temple tutélaire. Les danseurs habillés comme des flammes aux teintes assorties viennent animer ce décor dont les découpes à la Matisse bougent telles des sculptures de Calder. Dans cette explosion chromatique, le corps de ballet est cependant quelque peu ridicule dans des costumes à l'égyptienne qui brident ses mouvements.
La pièce se termine par la Victoire des Signes et le retour du couple d'étoiles, elle en manteau blanc, lui en manteau noir. La peinture de Debré, un signe calligraphique en noir et blanc, répond à celle de Carlson, éminente calligraphe, dont les dessins ont été exposés au musée La Piscine à Roubaix et donnés à la Bibliothèque national de France. Ces signes géants dans l'espace chantent le symbole du Yin et du Yang et ces cultures ancestrales que chérit la chorégraphe. Le soir de la Première, Carolyn Carlson est venue saluer, très émue, et pleine de gratitude envers ces merveilleux danseurs qui incarnaient si bien son œuvre.
Crédits photogaphiques : © Benoite Fanton / Opéra national de Paris
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Opéra Bastille, Paris. 21-VI-23. Ballet de l’Opéra national de Paris : Signes. Sur une idée originale d’Olivier Debré. Chorégraphie : Carolyn Carlson. Musique : René Aubry. Décors et costumes : Olivier Debré. Lumières : Patrice Besombes. Avec Hannah O’Neill, Germain Louvet, les premières danseuses, les premiers danseurs et le corps de Ballet de l’Opéra national de Paris