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Emmanuel Demarcy-Mota ne boude pas son plaisir. Pour le bouillonnant et très engagé directeur du Théâtre de la Ville, ces sept années de travaux ont été longues, très longues. Et il a obtenu de la Ville de Paris l'engagement de pouvoir réinvestir les murs du Théâtre de la Ville, rebaptisé Théâtre Sarah Bernhardt, à la rentrée prochaine… si tout va bien.
Pour la saison 2023-2024, avec 500 soirées ouvertes entre le Théâtre des Abbesses et Sarah Bernhardt, le Théâtre de la Ville sera l'institution qui accueillera le plus grand nombre de spectacles de danse (52 spectacles de danse, contre 41 au Théâtre national de Chaillot) et célèbre ainsi l'art chorégraphique. Après le Temps de la Place, cinq temps forts qui permettront d'investir la place du Châtelet en septembre et octobre 2023, toutes les danses retrouveront droit de cité sur le grand plateau du Théâtre de la Ville, mais aussi sous la Coupole désormais accessible ou dans le hall du théâtre entièrement repensé.
La liste des cinquante chorégraphes accueillis tout au long de cette saison est longue, parmi lesquels : (La)Horde, Sharon Eyal et Gai Behar, Anne-Teresa De Keersmaeker, Angelin Preljocaj, Jasmine Morand, Ruth Childs, Ben Duke, Saïdou Lehlouh, Mariana Otero, Crystal Pite et Jonathan Young, Pina Bausch et Boris Charmatz, Dimitris Papaoiannou, Lucinda Childs, William Forsythe et Bruno Bouché, Salia Sanou ou Hofesh Schechter.
« Cette grande nouvelle saison est très attendue par la possibilité de réinvestir et d'inventer ensemble ce troisième grand temps du Théâtre de la Ville » affirme Emmanuel Demarcy-Mota. Conscient de sa responsabilité dans l'écosystème du spectacle vivant, et de la danse en particulier, il remet l'église au centre du village : « Les artistes viennent des Centres chorégraphiques nationaux et des compagnies indépendantes. Si le Théâtre de la Ville s'arrêtait, ce serait un moteur éteint qui aurait des conséquences. » Alors, pendant ces sept années, le Théâtre de la ville est devenu le théâtre dans la ville.
« Il fallait que le Théâtre de la Ville ne perde pas tous ses grands plateaux pour qu'il ne s'effondre pas » se souvient celui qui est toujours très attentif à l'équilibre budgétaire de l'établissement. Pendant 7 ans, il a donc fallu transposer sur d'autres scènes les 250 000 places annuelles proposées au public du Théâtre de la Ville chaque année. Durant cette période, plus de 30 théâtres partenaires, avec La Villette (5 ou 6 spectacles proposés là-bas par saison, dont Le Sacre du Printemps par l'École des sables) qui a assuré à elle seule 40 000 à 50 000 des places à vendre. Le Théâtre national de Chaillot, avec Didier Deschamps, le Rond Point qui est entré dans la danse avec Maguy Marin, Le Centquatre qui s'est vraiment engagé aussi (Sharon Eyal…) et la MAC de Créteil où José Montalvo a très rapidement été un partenaire, y compris en prenant de grands risques.
« On ne doit pas s'habituer à la fermeture d'un théâtre » rappelle-t-il en exhortant toutes les entreprises qui concourent aux travaux, plusieurs fois retardés, à finir dans les temps. « Le Théâtre de la Ville s'est engagé à ce que les œuvres puissent être présentées et il y a un engagement de la Ville de Paris pour que nous puissions finir les travaux et ouvrir le théâtre pour une journée artistique et festive le 9 septembre à partir de 18h. Tous les enfants de Paris y sont attendus le 4 octobre pour une reprise de Chotto Desh d'Akram Khanh tandis qu'une veillée de 24h accueillera le public les 7 et 8 octobre. Il va falloir travailler jour et nuit à partir du mois d'août pour y arriver… » (DG)