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Paris. Opéra Comique. 23-VI-2023. André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813) : Zémire et Azor, comédie-ballet en quatre actes sur un livret de Jean-François Marmontel. Mise en scène : Michel Fau. Décors : Hubert Barrère, Citronelle Dufay. Costumes : Hubert Barrère. Lumières : Joël Fabing. Avec : Julie Roset, Zémire ; Philippe Talbot, Azor ; Marc Mauillon, Sander ; Sahy Ratia, Ali ; Margot Genet, Lisbé ; Séraphine Cotrez, Fatmé ; Michel Fau, une Fée ; Alexandre Lacoste, Antoine Lafon, Les Génies (danseurs). Les Ambassadeurs – La Grande Écurie, direction : Louis Langrée
L'Opéra Comique clôt sa saison avec Zémire et Azor, le grand succès de Grétry, qui transpose en Orient le conte de la Belle et la Bête : un spectacle mis en scène par Michel Fau où brillent la délicieuse musique de Grétry et la voix de Julie Roset en Zémire.
Les récentes productions de la Péniche Opéra, de l'Opéra de Montréal ou encore l'Opéra Comique en 2010 avaient participé à la redécouverte de la partition de Grétry, dont l'écriture transparente, le talent mélodique et les surprises orchestrales charment l'oreille. C'est donc avec plaisir que nous retrouvons cette comédie-ballet, dédiée à la du Barry et créée en 1771 à Fontainebleau. Pour cette nouvelle production, Michel Fau met en avant les aspects pathétiques et grotesques du livret. Il prend le parti d'un certain dépouillement dans les deux décors alternés (le château et la maison du marchand), qui rend d'autant plus remarquables quelques éléments féériques (un objet animé, la sublime robe de Zémire due à la maison Lesage) et les costumes. Par bonheur, ces derniers, intelligemment réinventés par Hubert Barrère, apportent la dimension féérique ou effrayante du livret, qu'il s'agisse des tenues orientales soignées, des robes évoquant le XVIIIe siècle ou des tenues gothiques de la fée et des génies. Le costume d'Azor (carapace de coléoptère, pilosité et doigts démesurés façon Edward aux mains d'argent) retient l'attention en lui donnant un aspect réellement monstrueux, certes au détriment du souhait de Grétry, mais au profit de l'émotion.
Un lien naturel s'établit entre le parlé et le chanté, la diction des chanteurs lorsqu'ils donnent à entendre les vers de Jean-François Marmontel étant très claire et sans maniérisme. Néanmoins, certaines scènes, en particulier les scènes comiques, pâtissent de cette déclamation sage : ainsi, le serviteur Ali peine à faire rire pendant tout le premier acte et plus tard, malgré ses entrées acrobatiques, tandis que Sander reste un peu guindé. Enfin, les passages de ballet donnent lieu à des danses des deux génies (hommes) et de Michel Fau en Fée, improvisant des danses molles et délibérément grotesques. Si les amateurs de Michel Fau semblent le retrouver avec joie dans ce rôle, ces scènes finissent par tirer en longueur.
La musique de Grétry, quant à elle, portée par la direction musicale de Louis Langrée à la tête des Ambassadeurs – La Grande Écurie, charme de bout en bout. Pour cette production, une chaconne écrite par Grétry en 1774 pour clore le spectacle, et dont la partition est conservée à la Bibliothèque nationale de France, a été ajoutée. Il est d'autant plus regrettable qu'elle ait été sacrifiée aux applaudissements induits par le départ des chanteurs. Dès l'ouverture, l'orchestre est dirigé de manière transparente et ciselée, laissant émerger quelques surprises préromantiques (effets de tonnerre et de vents par exemple) et quelques beaux dialogues avec les chanteurs (Zémire et le cor en écho dans l'air « Azor ! En vain ma voix t'appelle », l'air de la fauvette avec la flûte ou la plainte d'Azor accompagnée de l'alto par exemple). Sur scène, le plateau vocal est à l'avenant. Si le ténor Sahy Ratia, peine à s'imposer face à l'orchestre au premier acte, sa voix s'ouvre d'avantage par la suite, notamment dans les registres plus aigus. Celle de Marc Mauillon en Sander, plus projetée, portante dans tous les registres, contraste avec la précédente, pourrait être plus nuancée. Les deux sœurs, interprétées par Margot Genet et Stéphanie Cotrez, séduisent pleinement, notamment dans les airs en duo. Philippe Talbot est touchant en Azor dans le registre pathétique d'une voix incontestablement soignée. Mais c'est Julie Roset en Zémire qui fait l'étonnement de la soirée. Elle transforme l'air de la fauvette, aux paroles si mièvres qu'un rien le rendrait ridicule, en un moment de grâce, par la fluidité de son chant à la fois gracile et timbré, d'un apparent naturel confondant. Apeurée, mélancolique, courageuse, elle laisse entendre en un seul air toute une gamme d'émotions. Ce n'est plus seulement Azor, monstre au cœur sensible, que Julie Roset séduit, mais le public tout entier.
Crédits photographiques : Michel Fau, Philippe Talbot, Marc Mauillon, Julie Roset, Margot Genet, Séraphine Cotrez © Stefan Brion
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Paris. Opéra Comique. 23-VI-2023. André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813) : Zémire et Azor, comédie-ballet en quatre actes sur un livret de Jean-François Marmontel. Mise en scène : Michel Fau. Décors : Hubert Barrère, Citronelle Dufay. Costumes : Hubert Barrère. Lumières : Joël Fabing. Avec : Julie Roset, Zémire ; Philippe Talbot, Azor ; Marc Mauillon, Sander ; Sahy Ratia, Ali ; Margot Genet, Lisbé ; Séraphine Cotrez, Fatmé ; Michel Fau, une Fée ; Alexandre Lacoste, Antoine Lafon, Les Génies (danseurs). Les Ambassadeurs – La Grande Écurie, direction : Louis Langrée