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Lyon. Maison de la Danse. 16-VI-2023. Jeune Ballet du CNSMD de Lyon : Body Scores.
The line is a dot (2023), Chorégraphie : DD Dorvillier, Costumes : Maïté Chantrel, Musique : Sébastien Roux
Le Cours des choses (2022), Chorégraphie : Christian Ubl, Costumes : Maïté Chantrel, Musiques : Romain Constant
Study for the Valeska Gert Pavilion (2022), Chorégraphie : Eszter Salamon, Textes : Valeska Gert, Eszter Salamon, Costumes : Maïté Chantrel, Laura Garnier
My Way (2022), Chorégraphie : Rubén Julliard, Création costumes : Cauê Frias Duarte, Réalisation costumes : Maïté Chantre, Musiques : Rubén Julliard, Frank Sinatra..
Interprètes : Jeune Ballet du CNSMD de Lyon. Directrice des études et direction artistique : Kylie Walters. Maîtresse de ballet : Dorothée Delabie.
Se mettre en quatre pour les interprètes du Jeune Ballet du Conservatoire National supérieur de Danse et de Musique de Lyon, tel est le défi que proposent les chorégraphes talentueux de la soirée Body Scores à la Maison de la danse de Lyon, sur le thème de l'éloquence du corps.
Chaque chorégraphie est écrite dans un format de poche, de 23 à 30 minutes environ, interrompues par un court entracte. Le premier tableau s'ouvre sur The line is a dot, créé en cette année par DD Dorvillier pour le Jeune Ballet de Lyon. Vingt danseurs vêtus sobrement par la costumière Maïté Chantrel, de couleurs unies, rouge, bleu, beige, gris, orange, ocre…, inondant la scène de cataclysmes de gestes mesurés qui semblent comme s'échapper de corps absents, dont le regard vers le public vise un vide plus sidéral que dérangeant, sur le son au cordeau de la musique de Sébastien Roux.
La chorégraphe philosophe, qui vit en France depuis treize ans, explore le corps et son langage sur une musique dont elle épouse les soubresauts. En 2020, elle créa avec le même compositeur La Corvette, un espace de recherche et de création en Côte d'Or. Les vingt danseurs du jeune Ballet classique et contemporain en ligne se fondent peu à peu en un point (le titre de la pièce en anglais signifie « la ligne est un point »). Elle donne à voir une mise en forme des Partitions graphiques de Sébastien Roux, que les danseurs animent de façon interchangeable, dans la mesure où leur rôle est tiré au sort avant chaque représentation. Chaqueparties de la composition interprétée se définit par trois ensembles de matériaux : la chanson, les horizontaux et le grand tableau. Leurs couleurs se croisent, se mêlent, créent des lignes tracées au cordeau encore une fois, mais avec une géométrie surprenante. Des corps surgit un geste comme déplacé, enfui et en même temps fondu et en phase avec le son. L'ensemble est plus que parlant, donnant à voir et à penser, éprouver.
Pour la deuxième pièce de la soirée, c'est l'Autrichien Christian Ubl qui, pour les vingt apprentis danseurs (en dernière année d'études) du Ballet de Lyon, écrit Le Cours des choses. En plusieurs langues et en mouvements interrompus par des déclarations sur « le cours des choses », la pièce est inspirée du film Der Lauf der Dinge des plasticiens Fishly & Wiss. Le chorégraphe tente d'illustrer l'effet papillon en faisant se déclencher des réactions en chaîne, des espèces de tempêtes de gestes. Le spectateur semble être happé par cet appel à l'empathie que Christian Ubl installe. Il y règne une atmosphère un peu délétère et l'on peut se demander si l'on veut rire ou pleurer. Le cours des choses part dans tous les sens, comme il se doit, toujours en costumes de couleur. Les corps s'éveillent, se tordent, prennent conscience… mais de quoi ou qui exactement ?
Tel est le mystère redoublé de la danse en soi, d'autant plus d'ailleurs quand elle se cale sur la musique, car cela en devient ludique. Chacun pourrait faire le métier de l'autre comme pourraient l'attester les danseurs en costume de patineuse artistique, de ballerine, de policier, de militaire ou de marin. Le mot Nature est prononcé, mais y a-t-il pour autant une nature humaine, à quel point sommes-nous à la fois différents et interchangeables ? Ce qui est sûr, c'est que nous suivons le cours des choses et que nous sommes éminemment mortels ! Si la danse devait nous sauver, comme l'appelait de ses vœux Pina Bausch (« Dansons, dansons, sinon nous sommes perdus »), nous le saurions… enfin je crois, semble nous souffler le facétieux chorégraphe pour ses danseurs inspirés. « L'art peut-il changer le cours des choses ? » tonne(nt)-ils (elles) au singulier ou au pluriel.
Après un entracte, sont présentés les chorégraphies de la danseuse et performeuse Eszter Salamon, qui vit et travaille entre Paris, Berlin et Bruxelles. Cette Européenne de talent explore judicieusement et avec beaucoup d'humour les méandres du théâtre dansé dans Study for the Valeska Gert Pavilion (2022) pour les dix jeunes danseurs contemporains du Conservatoire. Elle aime jeter des ponts entres les différents médias qu'elle saisit (son, texte, voix, mouvements, images, actes) et s'interroge sur le lourd passé européen, notamment celui de l'Allemagne, son pays, sous l'emprise nazie.
Puis pour clore cette soirée réussie haut la main, le chorégraphe français Rubén Julliard trace My Way, une pièce sur ses propres compositions et celle de Frank Sinatra (My Way, donc), pour les dix danseurs classiques ; très cathartique, truffée de positions et figures plus classiques que contemporaines cette fois, montrant la dextérité de ces anseurs, qui là sont bien moins nombreux sur scène, mais excellents tout autant voire plus en comité réduit. Nous n'en dirons pas plus. ces deux dernières pièces très riches en éloquence du corps parlent directement à l'âme et brassent beaucoup de références. Époustouflants du début à la fin, ces jeunes danseurs iront loin, c'est certain !
Crédits photographiques : The Line is a dot, DD Dorvillier ; Le cours des choses, Christian Ubl ; My way, Ruben Julliard © Blandine Soulage
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Lyon. Maison de la Danse. 16-VI-2023. Jeune Ballet du CNSMD de Lyon : Body Scores.
The line is a dot (2023), Chorégraphie : DD Dorvillier, Costumes : Maïté Chantrel, Musique : Sébastien Roux
Le Cours des choses (2022), Chorégraphie : Christian Ubl, Costumes : Maïté Chantrel, Musiques : Romain Constant
Study for the Valeska Gert Pavilion (2022), Chorégraphie : Eszter Salamon, Textes : Valeska Gert, Eszter Salamon, Costumes : Maïté Chantrel, Laura Garnier
My Way (2022), Chorégraphie : Rubén Julliard, Création costumes : Cauê Frias Duarte, Réalisation costumes : Maïté Chantre, Musiques : Rubén Julliard, Frank Sinatra..
Interprètes : Jeune Ballet du CNSMD de Lyon. Directrice des études et direction artistique : Kylie Walters. Maîtresse de ballet : Dorothée Delabie.