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Le baryton Taehan Kim, jeune lauréat du Concours Reine Elisabeth

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a remporté le 3 juin 2023 le Premier Prix de l'édition « Voix » 2023 du prestigieux Concours Reine Elisabeth. Le baryton qui était le plus jeune des finalistes, a touché le public par ses moyens vocaux utilisés avec intelligence, son travail sur la texture vocale et sa grande attention portée à la qualité des émotions véhiculées par les textes.


ResMusica : Comment vous sentez-vous après avoir remporté ce Premier Prix au C
oncours Reine Elisabeth ?

: Je n'arrive pas à croire à cette situation, que m'est-il arrivé ?

RM : Il faudra peut-être un peu de temps pour l'assimiler… Comment vous êtes-vous senti pendant le concours ? Pendant les différentes épreuves, aviez-vous l'impression de donner un concert ou de chanter pour le jury ?

TK : Je pense que j'ai eu l'impression de donner un concert, pas une compétition. C'est
pourquoi je n'étais pas du tout nerveux. J'ai donc pu profiter pleinement de la scène. Et j'étais assez satisfait de ma performance.

RM : Pouvez-vous nous dire comment vous avez choisi de devenir chanteur ?

TK : A l'âge de 14 ans, je voulais devenir chanteur. Mais je voulais juste chanter de la
pop ou du rock. J'ai donc demandé à ma mère de m'apprendre à chanter. Et puis ma mère a voulu que j'apprenne le chant classique. Ensuite, je suis entré au Lycée d'Arts de Séoul et j'ai rencontré un ami qui étudiait la même musique classique que moi, nous nous sommes bien entendus, ce qui m'a fait tomber de plus en plus amoureux de ce répertoire. C'est pourquoi j'ai choisi le métier de chanteur d'opéra. Je suis entré dans ce lycée à l'âge de 15 ans.

RM : C'est très jeune. Avez-vous suivi des cours de musique avant cela, comme les bases de la musique ?

TK : Non, pas avant d'entrer au lycée.

RM : Nous avons été frappés lors du concert par votre maturité, d'autant que vous étiez le plus jeune du concours. Et pourtant, vous avez transmis une large palette d'émotions. D'où cela vous vient-il ?

TK : Quand je commence un morceau, nous devons, en tant qu'Asiatiques, traduire le sens des paroles, mot par mot. C'est la première étape pour nous. Ensuite, je crée ma propre émotion à partir des mots et des phrases traduits. Je crée mon personnage et j'essaie de tout synchroniser. C'est comme ça que je fais de la musique.

RM : Parlons de la traduction. Vous avez une bonne diction. Comment travaillez-vous parce que, comme vous l'avez dit, votre langue maternelle n'est ni l'allemand, ni l'italien, ni le français ?

TK : Pour moi, la diction est la chose la plus importante pour chanter. En tant qu'étranger, je dois faire en sorte que le public comprenne ce que j'ai dit, ce que je veux exprimer dans cet air. J'ai donc essayé d'étudier la diction, en utilisant par exemple l'IPA, l'alphabet phonétique international. J'ai écouté comment les chanteurs natifs prononcent et, tout en écoutant, je répète ce qu'ils chantent. J'essaie de leur ressembler. C'est donc très important pour moi. C'est ainsi que je construis ma diction.

RM : Bien sûr, nous avons aussi été très touchés par la qualité de votre voix, par sa texture sonore. Que recherchez-vous lorsque vous chantez ?

TK : Mon objectif personnel est de présenter mes émotions au public. Pour moi, le public est très, très important. Sur scène, j'essaie d'exprimer mes sentiments pour émouvoir les gens et le public.

RM : Vous avez atteint votre objectif par exemple par votre pièce de Korngold « Mein Sehnen, Mein Wähnen » extrait de Die tote Stadt, en finale. Vous avez dit que vous aviez une relation particulière avec ce morceau ?

TK : C'est comme une « arme spéciale » pour moi. J'aime tellement ce morceau que je pense exprimer pleinement mon émotion en le chantant. J'ai la sensation de pouvoir émouvoir les gens avec cette œuvre, c'est pourquoi je l'ai choisi. Je voulais aussi terminer mon répertoire avec des airs français, j'ai donc choisi  » Ah je meurs  » (Don Carlos de Verdi).

RM : C'était un défi, vocalement, de terminer avec ce morceau, n'est-ce pas ?

TK : Oui, c'est une grande pièce.

RM : Et vous l'avez chanté en français.

TK : Oui [en souriant] et la dernière phrase était « sauve la Flandre  »

RM : Nous l'avons remarqué. N'est-ce pas plus difficile de chanter en français ?

TK : Pour moi, dans le cas de  » Ah, je meurs « , c'est beaucoup plus facile que l'italien.

RM : Vous êtes très jeune et votre voix va encore évoluer. D'autre part, vous devez aussi la protéger. Avez-vous une idée de la façon dont vous allez travailler ? Vous envisagerez peut-être cela avec votre professeur…

TK : Mon plan est déjà fixé. À partir de septembre, je travaillerai au Staatsoper de Berlin en tant que membre du studio ouvert. Je commencerai donc ma carrière par de petits rôles. Et je pourrai regarder les superstars chanter et apprendre comment elles agissent sur scène. Ce sera une très bonne expérience pour moi. Je ferai de mon mieux.

RM : Qu'est-ce que vous retiendrez de cette expérience ? A quoi pourrait ressembler l'avenir, pour vous ?

TK : Un grand chanteur d'opéra voyage dans le monde entier et chante le rôle principal, les grands rôles. Je veux donc être ce genre de chanteur. Je voyagerai dans le monde entier et je chanterai ces rôles, les rôles principaux.

RM : Le fait d'avoir remporté le Premier Prix du Concours Reine Elisabeth va vous donner beaucoup de visibilité maintenant pour y parvenir. Comment avez-vous choisi de participer au concours ? Vous aviez déjà gagné d'autres prix auparavant ?

TK : Le Concours Reine Elisabeth est un prix spécial. Les autres n'étaient pas des prix
de premier plan. A l'époque, j'ai obtenu ces prix en raison de mon âge. A l'époque, j'avais 21 ans. J'étais donc extrêmement jeune. Je n'ai pas réussi à chanter l'air, mais ils m'ont donné le prix en raison de mon âge.

RM : Ou bien en raison des qualités qu'ils ont deviné que vous possédiez… Avez-vous des conseils à donner aux plus jeunes qui voudraient commencer à chanter ?

TK : Étudiez bien tous les morceaux et les compositeurs, leur vie. Et si vous voulez chanter des chansons, vous devrez étudier la vie du poète et leur poèmes. Il faut bien étudier et préserver sa voix.

Crédits photographiques : le jour de l'interview © Emilie Vanderhulst

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