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Paris. Théâtre de Chaillot. 15-VI-2023. Faustin Linyekula : My body, my archive.
Chorégraphie et danse : Faustin Linyekula. Trompette : Heru Shabaka-Ra. Sculpture Gbaga. Création sonore et vidéo Franck Moka : Costumes Aldina de Jesus. Dramaturgie : en dialogue avec Eric Vautrin. Assistante à la dramaturgie : Dorcas Mulamba. Collaboration lumières : Christophe Glanzmann. Musiques additionnelles : Jamos, Passero, Mobeti (percussions), Nierica de Joachim Montessuis. Avec Faustin Linyekula (danse) Heru Shabaka-Ra (trompette).
Faustin Linyekula, Mamu Tshi : Mamu Tshi, portrait pour Amandine. Conception et chorégraphie : Faustin Linyekula, Mamu Tshi (Amandine Tshijanu). Avec : Mamu Tshi (Amandine Tshijanu)
Faustin Linyekula propose au Théâtre de Chaillot deux pièces « seul en scène », tout autant théâtrales que chorégraphiques. Si son solo pour la chorégraphe et interprète congolaise Mamu Tshi convainc et séduit, c'est moins le cas de son travail aux côtés du trompettiste Heru Shabaka-Ra.
Faustin Linyekula n'en est pas à son coup d'essai. Danseur, chorégraphe et metteur en scène, fer de lance de la danse contemporaine africaine, riche d'une quinzaine de pièces à son actif et ayant collaboré avec la Comédie Française, le CCN-Ballet de Lorraine ou même le MOMA, le Metropolitan Museum et la Tate Modern, il est artiste associé à Chaillot depuis 2022. Dans ce temple de la danse il présente sous le titre générique My body, my archive deux solos sous forme de retour aux origines congolaises, retour violent ou extatique, empruntant des chemins radicalement différents.
Mamu Tshi, qu'il met en scène dans Mamu Tshi, portrait pour Amandine (son vrai prénom), est chorégraphe et interprète. Née au Congo, elle travaille à Lausanne où elle vit aujourd'hui. Faisant partie de l'élite mondiale du Krump, danse urbaine énergique, expressive et toute en tensions et relâchements, elle danse comme on sort les armes pour se battre contre l'oppression et se faire l'étendard d'une lutte en faveur des enfants des mines, quitte à reconnaitre la presque impossibilité de la tâche. Même si le public, comme elle le dit, continuera à utiliser son téléphone portable sans songer à ces enfants qui travaillent au Congo, dans des conditions déplorables, sa danse n'en reste pas moins un medium puissant de lutte dont elle se sert avec justesse. Et malgré des moments de confessions qui suggèrent une danseuse moins à l'aise à l'oral, le propos passe aisément et la simplicité du discours, lié à une danse à la force tellurique, le rend percutant et à propos.
Le « seul en scène » de Faustin Linyekula, proposé la même soirée dans un autre espace du Théâtre de Chaillot, laisse plus perplexe. Le danseur chorégraphe évolue accompagné du trompettiste Heru Shabaka-Ra sur une scène mal apprivoisée. Il y dessine un parcours difficilement compréhensible aux intentions trop floues et trop nombreuses. Faustin Linyekula souhaite parler des traces qu'ont laissé en lui ses différentes pièces passées mais aussi sa quête d'origine et propose un travail autour de sculptures Gbaga représentant les femmes d'un village où elles sont invisibilisées. Ce propos, mal connecté à sa quête d'archives corporelles, souffre d'interminables longueurs lorsque le danseur déplace une par une ces statues de bois, lentement et à plusieurs reprises. Une danse finale d'invocation et de transe est un moment séduisant mais beaucoup trop rare pour que l'ensemble convainque. Il y a beaucoup de suffisance et de contemplation de soi dans ce travail malgré un discours attrayant. De fait, le sacré ne se décrète pas. Là où un Raimund Hoghe par exemple, le maniait avec brio, Faustin Linyekula passe à côté malgré un engagement certain.
Crédits photographiques : ©Franck Moka © Sarah Imsand
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Paris. Théâtre de Chaillot. 15-VI-2023. Faustin Linyekula : My body, my archive.
Chorégraphie et danse : Faustin Linyekula. Trompette : Heru Shabaka-Ra. Sculpture Gbaga. Création sonore et vidéo Franck Moka : Costumes Aldina de Jesus. Dramaturgie : en dialogue avec Eric Vautrin. Assistante à la dramaturgie : Dorcas Mulamba. Collaboration lumières : Christophe Glanzmann. Musiques additionnelles : Jamos, Passero, Mobeti (percussions), Nierica de Joachim Montessuis. Avec Faustin Linyekula (danse) Heru Shabaka-Ra (trompette).
Faustin Linyekula, Mamu Tshi : Mamu Tshi, portrait pour Amandine. Conception et chorégraphie : Faustin Linyekula, Mamu Tshi (Amandine Tshijanu). Avec : Mamu Tshi (Amandine Tshijanu)