L'excellence des jeunes danseurs du Nederlands Dans Theater à La Villette pour deux courtes pièces de Johan Inger et Nadav Zelner dans le cadre de Chaillot Nomade.
Fortement inspiré par Mats Ek, Johan Inger en reprend dans Out of Breath les codes caractéristiques : jambes et bras pliés à angle droit, portés aux jambes comme des compas, goût de l'absurde. Mais Johan Inger s'affranchit rapidement de cette influence en optant pour un style plus rapide et plus fluide, parfois haletant, qui lie les six personnages entre eux. Le décor épuré, formé d'un mur en forme de virgule, sert de terrain de jeu à ces danseurs exceptionnels, qui apportent de la qualité à cette danse sans âge et sans époque. Comme un oisillon tombé de son nid, le personnage principal est interprété par Rui-Ting Yu, une danseuse inspirée et intense, qui passe de bras en bras pour cet étonnant sextuor.
Mais a-t-on vraiment envie de voir cette esthétique aujourd'hui ? Qu'apporte réellement cette pièce créée en 2002 et reprise en 2016 avec de nouvelles lumières de Tom Visser, déjà au répertoire du Ballet de Stuttgart ? Déjà invitée en 2019 par le Théâtre de Chaillot en 2019, la compagnie a tendance à présenter un visage un peu trop lisse de la chorégraphie européenne. Le programme initialement prévu par le NDT 2, la compagnie junior néerlandaise, était une pièce plus avant-gardiste de Marco Goecke, The Big Crying, commencée en 2020 après la mort du père du chorégraphe, sur une musique de Tori Amos. Celle-ci aurait été plus à propos…
C'est du côté de La Batsheva et de l'écriture GAGA qu'il faut chercher l'inspiration de Nadav Zellner pour la deuxième pièce de la soirée, intitulée Bedtime story. On retrouve ici l'éclectisme musical qui caractérise la compagnie israélienne, dont Nadav Zelner a fait partie, avec le choix d'une musique tunisienne, très dynamique, rythmé et sensuelle. Ludique et généreuse, la musique se déroule, enveloppant les interprètes d'un éclat de soleil, malgré la thématique onirique du titre. Parfois, on dirait le sud !
L'adaptabilité des treize très beaux danseurs du Nederlands Dans Theater 2 fait le reste, et transforme cette pièce audacieuse en « hit machine ». Bien sûr, il y a les attendus des pièces chorégraphiques d'aujourd'hui : douches de lumières, qui isole certains groupes de danseurs à cour ou jardin, filles en legging et tresses et garçons qui font des acrobaties comme au cirque.
Dommage que les textes assez plats des chorégraphes, qui figurent dans le programme, ne permettent pas de comprendre l'intention artistique de ce chassé-croisé chorégraphique. Reste une très belle compagnie, aux énergies et talents multiples, pour passer un excellent moment de danse.