Liz Santoro réinvente le langage des corps au Carreau du Temple

Dans le cadre de la 17e édition du festival June Events, organisé jusqu'au 17 juin par les Ateliers de Paris en divers lieux de la capitale, le Carreau du Temple accueille Liz Santoro, Pierre Godard et Pierre-Yves Macé avec la création The Game of Life.

Dans The Game of Life, les chorégraphes Liz Santoro et Pierre Godard explorent le vaste thème de la chimie entre les êtres et avec ce qui les entoure. Sur une scène dépouillée, trois musiciens et trois danseurs donnent l'impression d'évoluer dans un labyrinthe. Flûte traversière, violon, percussions et danseurs semblent enfermés chacun dans son propre système répétitif. Pourtant, petit à petit, en se lançant des codes à base de lettres inspirés de l'ADN, les danseurs (Mark Lorimer, Philippe Renard et Liz Santoro) trouvent ensemble la manière de progresser dans l'espace, les clés qui les feront passer à un niveau supérieur, comme on passerait des niveaux dans un jeu vidéo.

Se jouant des codes mêmes de la danse, les interprètes répètent inlassablement les mêmes figures minimalistes, les musiciens les mêmes notes. Pourtant, cet écosystème scénique est loin d'être statique. Les musiciens et les danseurs avancent peu à peu, en osmose, et le spectateur assiste à la lente évolution d'un système vivant, en perpétuel mutation. D'ailleurs, aucune représentation de « The Game of Life » n'est exactement semblable à la précédente, et c'est là tout le paradoxe de la création de Liz Santoro et Pierre Godard, qui signent ici une pièce millimétrée mais qui laisse également sa place au hasard lorsque les corps se frôlent d'un peu trop près.

La création musicale entêtante de Pierre-Yves Macé interprétée au cordeau par les musiciens de L'instant Donné : le percussionniste Maxime Echardour, la flûtiste Mayu Sato-Brémaud et la violoniste Saori Furukawa, joue un rôle à part entière dans ce spectacle inédit et parfois déroutant. On peut en effet déplorer que l'essentiel du concept complexe élaboré par les chorégraphes, qui utilise notamment le code génétique comme principe d'écriture et fait varier le tempo de la musique en fonction du rythme cardiaque des danseurs récupéré grâce à des capteurs, échappe totalement au spectateur.

Crédits photographiques : © Mélanie Rattier, Sophie Laly