Benjamin Millepied et Alexandre Tharaud se lancent en duo à Fourvière
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Lyon, Grand Théâtre antique de Fourvière. 13-VI-23. Dans le cadre des Nuits de Fourvière. Benjamin Millepied et Alexandre Tharaud : Unstill Life. Chorégraphie, danse : Benjamin Millepied . Piano : Alexandre Tharaud. Co-production : L.A Dance Project & Nuits de Fourvière. Collaboration artistique : Olivier Simola. Dramaturge : Loïc Barrère. Costumes : Camille Assaf. Conception lumière : TBD. Musique : Bach, Beethoven, Schubert, Ravel, Rameau
De retour sur scène après treize ans dans les coulisses, le danseur et chorégraphe Benjamin Millepied a choisi Les Nuits de Fourvière, à Lyon, pour créer en première mondiale Unstill Life, un duo complice avec le pianiste Alexandre Tharaud. Un spectacle léger, drôle et plein de charme.
En pantalon de survêtement bleu, Benjamin Millepied s'échauffe doucement dans un coin du plateau. L'ancien danseur étoile du New York City Ballet, chorégraphe et directeur du Los Angeles Dance Project et désormais directeur artistique du Paris Dance Project, n'est pas remonté sur scène depuis treize ans, une éternité pour un danseur !
Mais le temps semble ne pas avoir de prise sur son corps quand, une fois son acolyte Alexandre Tharaud entré en scène et installé au piano, il se lance dans un premier solo virtuose avec une facilité et une aisance déconcertante. Pour préparer ce solo, il a suivi pour la première fois un stage de danse baroque à New York, explique-t-il dans l'entretien qu'il a récemment accordé à ResMusica. On retrouve en effet les positions et les ports de bras caractéristiques de cette technique de danse ancienne dans la chorégraphie de ce solo sur une Gavotte de Rameau, mâtinée de la décontraction et de la nonchalance qui fait désormais son style.
Benjamin Millepied a la légèreté et la fluidité des plus grands danseurs, de Gene Kelly ou Fred Astaire à Mikhail Baryshnikov, auquel il dit devoir sa vocation de danseur, après l'avoir vu dans le film Soleil de nuit. C'est un merveilleux interprète de lui-même, matière vivante et malléable sur laquelle il travaille en studio sur la base d'improvisations. Bien sûr, dit-il, un corps de 46 ans ne peut pas sauter aussi haut, tourner aussi longtemps ni enchaîner les pas avec autant d'endurance qu'un jeune danseur, ce qui donne lieu à une scène amusante quand Alexandre Tharaud continuant à jouer, Millepied fait signe qu'il ne peut plus suivre…
Avec une complicité inattendue, devenue évidente, le danseur et le pianiste se livrent l'un et l'autre en voix off dans un petit film d'archives de leurs jeunes années, Alexandre Tharaud sérieux avec veston et nœud papillon jouant un concerto avec orchestre et Benjamin Millepied plus fantasque dans une variation non identifiée, au moment de son départ à 15 ans pour New York. Ils racontent tous les deux les maisons pleines de musique et d'instruments différents, les cours de danse avec leurs mères, les envies non assouvies de devenir danseur pour celui qui devint pianiste et musicien pour celui qui est aujourd'hui chorégraphe.
Malgré le titre, Unstill Life, nous n'en saurons pas beaucoup plus sur leurs chemins de vie et leurs carrières respectives, et cela n'a pas vraiment d'importance ! Benjamin Millepied et Alexandre Tharaud mettent en scène leur rencontre dans un film muet en noir et blanc, façon Chaplin. Une complicité qui est sans doute devenue une amitié tant la distance entre eux s'abolit au fil du spectacle, Benjamin Millepied se permettant parfois des gestes de tendresse envers le pianiste. Ce dernier a relevé le défi de danser en duo avec le chorégraphe, et le résultat est à la fois drôle et étonnant.
La magnifique rencontre artistique qui semble les avoir inspiré donne un spectacle plein de légèreté et de surprises, d'astuces de mise en scène amenées avec humour, avec l'aide d'un cadreur et de techniciens discrets. Sur tous les répertoires, de Bach à Satie, Benjamin Millepied fait la preuve de sa grande musicalité, qui rend sa danse naturelle et fluide. Le jeu de Tharaud, caressant et feutré, est une incitation au mouvement et au rebond du danseur, particulièrement dans la Sonate n°32 de Beethoven. C'est un bonheur de les écouter et de les regarder danser tous les deux et l'on sourit très souvent au fil de cette heure et demie de spectacle qui fait du bien, à retrouver très bientôt à Spolète, Carcassonne ou au Théâtre des Champs-Elysées à Paris.
Crédits photographiques : © Paul Bourdrel
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