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Paris. Théâtre des Abbesses. 9-VI-2023. Roberto Castello : In girum imus nocte et consumimur igni. Chorégraphie et mise en scène : Roberto Castello en collaboration avec Giselda Ranieri, Irene Russolillo, Mariano Nieddu, Stefano Questorio, Ilenia Romano. Assistante : Alessandra Moretti. Lumières, musique et costumes : Roberto Castello. Avec : Mariano Nieddu, Stefano Questorio, Giselda Ranieri, Ilenia Romano
Roberto Castello présentait avec sa compagnie, ALDES, son spectacle In girum imus nocte et consumimur igni au Théâtre des Abbesses, dans le cadre des chantiers d'Europe 23. Une proposition faite de tension et d'hypnose.
Roberto Castello a étudié la danse moderne à Turin et à New-York. Le chorégraphe italien présente son dernier spectacle, Inferno, quelques jours avant In girum imus nocte et consumimur igni. Si Inferno proposait l'image d'un enfer séduisant et plein de vitalité, le second spectacle puise dans les ressources du spectateur (et des danseurs) une attention soutenue et éprouvante. Comme sa traduction française l'indique (le palindrome latin signifie littéralement « nous tournoyons dans la nuit et nous sommes consumés par le feu »), la performance physique s'approche d'une combustion violente et saisissante.
Deux femmes et deux hommes évoluent sur le plateau dans une multitude de scènes courtes faites de chorégraphies minimalistes et répétitives, séparées les unes des autres par des noirs tout aussi courts. La musique est elle aussi obsédante : une même boucle assourdissante se répète durant toute l'heure de spectacle. Un jeu de lumières, fait de la projection d'une sorte de dentelle mouvante ou d'une pluie claire qui coulerait sans discontinuer, très savamment étudié, découpe l'espace pour les interprètes. Ces derniers sont d'ailleurs plutôt des performeurs, rompus avant tout à l'expressivité théâtrale, voulue par le chorégraphe.
Roberto Castello a participé au développement de la danse contemporaine en Italie. Il a travaillé avec Carolyn Carlson et a participé à la création de Sosta Palmizi, l'une des toutes premières compagnies de danse contemporaine en Italie, avant de s'installer en 1993 en Toscane avec ALDES. Contemporain de la chorégraphe française Maguy Marin et, probablement inspiré par Pina Bausch, Roberto Castello puise dans l'absurdité du monde d'après-guerre un matériau sensible pour sa création. In girum imus nocte et consumimur igni met, de fait, ses protagonistes au cœur de scènes aux mouvements saccadés et physiques.
Les références à Samuel Beckett paraissent évidentes : ces hommes et femmes sortent tout droit d'une des pièces du dramaturge, perdus, hagards, vêtus de noirs, attendant dans des situations parfois burlesques et sans raison un après qui ne vient jamais. Ce chœur antique privé de parole et à la dérive fait largement écho au May B de Maguy Marin et à la structure de la pièce Nocturne de la même chorégraphe. Le groupe marche sur place, comme empêché par un souffle violent d'avancer sur le plateau. Comme les protagonistes de La Horde du Contrevent, le roman d'Alain Damasio, ils font face à une force qui parait invisible en ignorant tout de sa source. Le danger et la folie sont partout et ces personnages, comme des clowns tristes, affrontent le chaos portés par une énergie vitale abimée mais constante.
Crédits photographiques : © Ilaria Scarpq, Cristiano Rubio
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Paris. Théâtre des Abbesses. 9-VI-2023. Roberto Castello : In girum imus nocte et consumimur igni. Chorégraphie et mise en scène : Roberto Castello en collaboration avec Giselda Ranieri, Irene Russolillo, Mariano Nieddu, Stefano Questorio, Ilenia Romano. Assistante : Alessandra Moretti. Lumières, musique et costumes : Roberto Castello. Avec : Mariano Nieddu, Stefano Questorio, Giselda Ranieri, Ilenia Romano