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Enregistrement de référence pour La Vestale de Spontini

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Gaspare Spontini (1774-1851) : La Vestale, tragédie lyrique en trois actes sur un livret d’Étienne de Jouy. Marina Rebeka, soprano (Julia) ; Stanislas de Barbeyrac, ténor (Licinius) ; Tassis Christoyannis, baryton (Cinna) ; Aude Extrémo, mezzo-soprano (La Grande Vestale) ; Nicolas Courjal, basse (Le Souverain Pontife) ; David Witczak, baryton (Un Consul / Le Chef des Aruspices) ; Chœur de la Radio Flamande ; Les Talens Lyriques, direction : Christophe Rousset. 1 livre-disque de 2 CD Bru Zane. Enregistrés aux Riffx Studios de la Seine Musicale (Paris) du 17 au 20 juin 2022. Notice de présentation en français et anglais. Durée totale : 132:03

 

Les Clefs d'or

Rendu à la tradition de la tragédie lyrique dont il est issu, le chef d'œuvre de Spontini retrouve toute sa place dans l'univers de l'opéra français. Un jalon qu'il était temps de découvrir dans tout l'éclat de sa version originale.

Ce nouvel album issu du Palazzetto Bru Zane est le reflet d'un concert donné au Théâtre des Champs-Élysées en juin dernier. Nous avons dit dans nos colonnes tout le bien que nous pensions de cette production. Si l'auditeur féru d'art lyrique aura bien entendu en tête l'enregistrement-pirate de 1954, avec comme têtes d'affiche Maria Callas et Franco Corelli, il aura peut-être oublié les rares versions studio réalisées au cours des décennies suivantes. Aucune, reconnaissons-le, n'était vraiment mémorable. On admettra également que le live de La Scala a depuis lors bien vieilli, et qu'il n'est plus possible aujourd'hui d'interpréter de cette manière, dans un style néo-verdien ou puccinien, un ouvrage issu de la tragédie lyrique française dont nous connaissons désormais tous les codes. Même privé de ses ballets, ce qui est tout de même curieux pour un enregistrement qui fait le choix de la version française originale, l'opéra de Spontini rentre en effet de plein fouet dans cette catégorie lyrique. On découvre avec le plus grand bonheur la force dramatique de puissants récitatifs, les mille couleurs d'une orchestration véritablement éblouissante, et les effets saisissants de grands ensembles concertants solidement structurés. Une sorte de maillon manquant entre l'ancienne tragédie lyrique et le grand opéra meyerbeerien à venir, avec tout le poids accordé au chœur et à des rôles de soliste taillés sur mesure pour des interprètes exceptionnels.

La supériorité de cette version sur ses quelques devancières tient autant au choix de la langue française originale qu'à celui des instruments d'époque, qui donnent à l'orchestration de Spontini toute sa force et toute sa transparence. La direction de , à la fois lyrique et nerveuse, est un modèle du genre. Les chœurs relativement longs sont pleinement intégrés à l'action dramatique, et l'on notera au passage l'engagement sans faille du Flemish Radio Choir, à l'exceptionnelle diction. Le plateau réuni pour l'occasion ne souffre aucune faiblesse, et l'on retrouve avec plaisir la distribution du concert de juin dernier. ne fait ainsi qu'une bouchée des répliques du Consul et du Chef des Aruspices, et la basse possède toute la noirceur vocale qui convient au rôle du Souverain Pontife. se présente quant à elle comme une redoutable Grande Vestale, véritable gardienne du temple, mais elle sait trouver au dernier acte les accents maternels qui conviennent à son rôle. En Licinius et Cinna, le ténor et le baryton pourraient presque être interchangeables, tant les couleurs barytonnantes du premier font écho à la clarté vocale du second. Leur association, très réussie, entre dans la lignée des grands tandems ténor-baryton de l'histoire de l'opéra, association que les précédents enregistrements de l'œuvre n'avaient pas autant révélée. On pouvait un peu craindre pour le français de , mais même si la diction de la soprano lettone n'est pas toujours aussi limpide et aussi exemplaire que celle de ses partenaires, l'entreprise est globalement très réussie et l'attention au texte force le respect. Cette belcantiste hors-pair parvient parfaitement à soigner une ligne de chant quasiment bellinienne – on écoutera avec émotion le legato de son « Ô des infortunés, déesse tutélaire » –, tout en ménageant les effets dramatiques d'un personnage fascinant, tiraillé entre son statut de prêtresse et son identité de femme, à laquelle elle finit par donner la préférence. On rêverait que cette belle équipe nous donne bientôt Norma

Comme toujours avec les albums du label Bru Zane, le plaisir de l'écoute se double de celui de la lecture, sans oublier celui qui consiste à feuilleter un remarquable objet livresque, joie ineffable à l'ère du tout numérique et de la dématérialisation à tout va.

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Gaspare Spontini (1774-1851) : La Vestale, tragédie lyrique en trois actes sur un livret d’Étienne de Jouy. Marina Rebeka, soprano (Julia) ; Stanislas de Barbeyrac, ténor (Licinius) ; Tassis Christoyannis, baryton (Cinna) ; Aude Extrémo, mezzo-soprano (La Grande Vestale) ; Nicolas Courjal, basse (Le Souverain Pontife) ; David Witczak, baryton (Un Consul / Le Chef des Aruspices) ; Chœur de la Radio Flamande ; Les Talens Lyriques, direction : Christophe Rousset. 1 livre-disque de 2 CD Bru Zane. Enregistrés aux Riffx Studios de la Seine Musicale (Paris) du 17 au 20 juin 2022. Notice de présentation en français et anglais. Durée totale : 132:03

 
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