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Herbert Blomstedt et le Chamber Orchestra of Europe à Luxembourg

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Luxembourg. Philharmonie. 26-V-2023. Franz Berwald (1796-1868) : Symphonie n° 4 « Naïve » ; Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) : Symphonie Écossaise op. 56. Chamber Orchestra of Europe ; direction : Herbert Blomstedt

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Avec deux symphonies presque contemporaines de Berwald et Mendelssohn, le doyen de la scène musicale offre un romantisme plus lumineux que d'ordinaire.

a retrouvé de l'allant. Il entre certes au bras de la violoniste Lorenza Borrani, mais il marche d'un bon pas jusqu'au siège prévu pour lui ; il était à Rome le week-end précédent, le voilà parti pour une tournée de quatre concerts avec le . Dès le début du concert avec la symphonie « naïve » de Berwald, il n'est pas possible d'ignorer qu'il continue à garder une maîtrise absolue de l'orchestre. Berwald fait partie de ces compositeurs que Blomstedt, n'ayant plus rien à prouver, entend défendre avec les différents orchestres qui l'invitent. Ce soir, il n'essaie pas d'en lisser les particularités stylistiques qui rendent Berwald irréductible aussi bien à la tradition classique qu'il a en reçue en héritage qu'au romantisme de ses cadets comme Schumann. Les choix de Blomstedt mettent l'inventivité presque rhapsodique du premier mouvement au premier plan. Les solos de vents comme les interventions des cuivres sont ronds, brillants, saturés – naïfs, en effet, comme l'expression sans faux semblants d'émotions premières. L'adagio est ensuite pris sans lenteur excessive, avec un souci hédoniste des courbes et des alanguissements : on y sent une sorte de contemplation pastorale, mais où le sujet romantique ne peut retenir son enthousiasme. Les deux mouvements rapides qui terminent la symphonie, que Blomstedt enchaîne avec l'adagio, ont une légèreté dansante, jusqu'au couronnement éclatant : naïf peut-être, mais pas sans sensualité, ni sans énergie. La cause de Berwald, c'est certain, ne peut que gagner des partisans avec une telle interprétation.

Nous avions déjà commenté l'interprétation de la troisième symphonie de Mendelssohn par Blomstedt, dans un tout autre contexte : l'effectif du est en effet presque chambriste (3 contrebasses !) par rapport à celui de la Radio bavaroise dans une salle beaucoup plus vaste et difficile à habiter. Il en résulte cette fois un équilibre sonore plus favorable aux vents qu'aux cordes ; la clarinette s'en trouve mise en difficulté dans les passages les plus doux du premier mouvement, que Blomstedt choisit de jouer particulièrement lentement et particulièrement piano ; surtout, pour cette symphonie que Mendelssohn ne voulait pas laisser qualifier d' »écossaise », on y sent cette fois beaucoup moins le souffle de la lande traversée par les grands vents. Les échos de musique populaire du deuxième mouvement sont pourtant bien présents, et incontestablement écossais, mais ce Mendelssohn n'est pas une musique de plein air, plutôt l'œuvre d'un peintre de petits formats : c'est sans doute moins impressionnant, mais à défaut d'errer sur la lande comme le roi Lear, on peut se perdre dans l'infini des détails, chaque point de couleur ayant sa poésie propre. Le sens du mouvement, l'allant d'une musique qui comme chez Berwald ne s'alanguit pas, sont pour autant toujours présents, et Blomstedt n'oublie pas les moments plus sombres et les aspects théâtraux de l'œuvre. Faut-il préférer cette interprétation lumineuse et vive à celle saisissante et hivernale qu'il avait offert à la Radio bavaroise ? La question n'a pas grand sens : on voit ici comment un grand artiste, avec des musiciens qui lui sont dévoués et qu'il sait écouter, peut construire deux visions complémentaires d'une même œuvre. Mendelssohn, le mal-aimé des mélomanes français, y gagnera sans doute aussi des partisans.

Crédit photographique : © René Larsson

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