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À Genève, la voix d’Asmik Grigorian ne suffit pas

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Genève. Victoria Hall. 24-V-2023. Yann Robin (né en 1974) : Shadows III- Concerto pour quatuor à cordes et orchestre. Richard Strauss (1864-1949) : Salomé, danse des sept voiles TrV 215 op. 54. Vier letzte Lieder, pour soprano et orchestre TrV 296. Quatuor Tana (Antoine Maisonhaute, Ivan Lebrun, Natanael Ferreira, Jeanne Maisonhaute). Asmik Grigorian, soprano. Orchestre de la Suisse Romande, direction : Jonathan Nott

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La soprano s'affirme aujourd'hui comme l'une des plus belles voix de l'art du chant même si elle ne convainc pas totalement dans son interprétation des Vier letzte Lieder de .


Le souvenir laissé par la soprano lituanienne lorsqu'en mars 2018, elle avait remplacé sa collègue Sonya Yoncheva pour le concert du centième anniversaire de l'Orchestre de la Suisse Romande pouvait être la raison profonde d'assister à cette soirée. Une envie de retrouvailles d'autant plus intense qu'elle proposait sa voix aux sublimes et inspirants Vier letzte Lieder de . Indéniablement pour une interprétation sentie, une œuvre aussi chargée d'émotions, d'histoire et de réflexion humaine, un environnement sensible, voire sensibilisé s'avère nécessaire. Si l'écriture musicale de Strauss reflète amplement ces climats, c'est le rôle des interprètes de les porter vers l'âme des auditeurs. Pour que ces ultimes chants d'un compositeur au seuil de sa mort soient pleinement perçus, la communion des musiciens de l'orchestre, du chef et du soliste est primordiale.

ouvre somptueusement les premières lignes de ces quatre chants désespérés. Quelle voix ! Quelle ampleur ! Quel timbre ! Quelle unité ! Quelle beauté ! En elle, tout est là pour que le sublime enveloppe chacun. Sauf que, l'émotion ne filtre pas. Est-ce le lutrin, planté entre l'interprète et le public, qui fait barrière ? Est-ce son regard sans cesse absorbé par la partition (électronique) placée devant ses yeux ? Il faudra attendre la dernière strophe du troisième chant (Beim Schalfengehen) pour qu'enfin l'inspiration artistique habite la soliste. Le déclencheur de ce moment tant désiré est certainement à porter au bénéfice du violon de Vlad Stanculeasa, remplaçant le concertmaster de l', avec son interprétation absolument superbe de l'interlude entre la deuxième et la troisième strophe du poème de Hermann Hesse. Un moment suspendu de musique soignée dans un toucher d'archet délivrant un son velouté sans aspérité ni stridence aucune. Dès ces instants, Asmik Grigorian laisse sa voix s'exprimer pleinement avec, quand bien même la diction reste loin d'être parfaite, une ligne de chant où le grandiose le dispute à l'éther. Reconnaissons à la soprano lituanienne son immense dévouement artistique devant un et son chef bien peu à leur affaire. Dans Frühling déjà, chacun joue de son côté, personne n'écoute personne. Dans September, alors que la voix ample, structurée, solide d'Asmik Grigorian s'élève, l'orchestre s'enlise dans sa pâte musicale sans consistance, se souciant peu d'apporter un soutien à la soprano.

En première partie de soirée, la programmation a choisi pour le public stoïque une commande de l'orchestre au compositeur français sous la forme d'un Concerto pour quatuor à cordes et orchestre, Shadows III faisant appel à un imposant contingent de musiciens et de percussionnistes. Au milieu d'un constant remue-ménage instrumental, le quatuor à corde semble totalement perdu, si bien qu'à la 135e mesure (selon les dires du chef !), interrompt tout l'orchestre pour affirmer, en se tournant vers la salle, qu'ayant tourné deux pages de la partition à la fois, il ne « sait plus où il en est ! » On reprend, pour une autre bonne vingtaine de minutes de ce concerto qu'on imagine mal passer à la postérité.

Pour faire bonne mesure d'un concert qui sans cela aurait apporté moins d'une heure de musique, on a rajouté la Danse des sept voiles tirée de l'opéra Salomé de . Cette pièce offre quelques beaux instants même si on aurait aimé que le pupitre des cordes soit mieux mis en valeur par rapport à l'omniprésence sonore des bois et des cuivres.

Crédit photographique : OSR © JacquesSchmitt

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Genève. Victoria Hall. 24-V-2023. Yann Robin (né en 1974) : Shadows III- Concerto pour quatuor à cordes et orchestre. Richard Strauss (1864-1949) : Salomé, danse des sept voiles TrV 215 op. 54. Vier letzte Lieder, pour soprano et orchestre TrV 296. Quatuor Tana (Antoine Maisonhaute, Ivan Lebrun, Natanael Ferreira, Jeanne Maisonhaute). Asmik Grigorian, soprano. Orchestre de la Suisse Romande, direction : Jonathan Nott

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