Plus de détails
Wroclaw. Sala Czarna du Narodowe Forum Muzyki. 14-V-2023, 18h. « Lisboa, Valenciennes ». Elzbieta Sikora (née en 1943) : Lisboa, tramway 28, hommage à Fernando Pessõa pour saxophone et bande, Happy Valenciennes pour saxophones, bande and live electronic. Wladislaw Kosendiak, saxophone ; étudiants des classes de saxophone de l’école Ryszard Bukowski et de l’école Karol Szymanowski de Wroclaw.
Wroclaw. Sala Czerwona du Narodowe Forum Muzyki. 14-V-2023, 20h. « Wow and Flutter ». Juan Pablo Trad Hasbun (né en 1978) : Duo vibrante Altera Nudos vacantes pour thérémine, basse électrique et ensemble ; Oxana Omelchuk (née en 1975) : Wow and Flutter pour deux trombones et ensemble ; Pawel Hendrich (né en 1979) : Just a Little Beat pour dix instrumentistes et électronique. Studio Dan : Daniel Riegler, trombone et direction ; Matthias Muche, trombone ; Thomas Frey, flûte ; Dominik Fuss, trompette ; Clemens Salesny, saxophone alto et clarinette ; Sophia Goidinger-Koch, violon ; Maiken Beer, violoncelle ; Philipp Kienberger, contrebasse et basse électrique ; Michael Tiefenbacher, thérémine et piano ; Raphael Meinhart, percussion. Werner Angerer, ingénieur du son. Alexander Forstner, production.
Wroclaw. Sala Czarna du Narodowe Forum Muzyki. 15-V-2023, 20h. « Concert de l’Union des compositeurs polonais ». Cesary Duchnowski (né en 1971) : cRossFAdE pour trombone, trompette et électronique ; Pawel Hendrich, Dualabilis pour trombone et ordinateur ; Mateusz Ryczek (né en 1986), Alchemia pour trompette et électronique ; Michal Janocha (né en 1979), Chamber Music V pour trombone, trompette et électronique ; Rafal Zapala (né en 1975), Hybryda pour trompette et électronique ; Katarzyna Taborowska (née en 1974), Frottage pour trombone et électronique. Piotr Nowak, trompette ; Wojciech Jelinski, trombone ; Cesary Duchnowski, Pawel Hendrich, Mateusz Ryczek, Michal Janocha, Rafal Zapala, Katarzyna Taborowska : électronique
Après la mécanique des fluides exposée à l'ouverture du festival Musica Electronica Nova, voici « Lisboa, Valenciennes », « Wow and Flutter » et le « Concert de l'Union des compositeurs polonais », trois autres concerts placés sous le signe du déplacement, entre statique et dynamique, acoustique et électronique, énergie et recherche de la forme. Onze pièces, une variété qui enthousiasme.
Le concert « Lisboa, Valenciennes » rend hommage à Elzbieta Sikora, directrice artistique du festival de 2011 à 2017, en réunissant deux de ses œuvres. La première, Lisboa, tramway 28, hommage à Fernando Pessõa pour saxophone et bande (1998), s'inspire directement de séjours dans la capitale portugaise et en restitue l'atmosphère par des enregistrements. Chaque ville a sa musique, comme l'a bien compris la compositrice ; aussi, bruits de rails, vent, voix… font-ils surgir par bouffées tout un monde intime et coloré. Tout abstraite qu'elle puisse paraître, la musique de Sikora n'est pas du tout expérimentale : c'est un lyrisme personnel qui traduit les formes simples et pleines de l'existence, et ce qui frappe d'emblée est l'absence de recherche d'effets. L'essentiel est ailleurs, car ici prime l'émotion. Deux cœurs au moins battent dans cet itinéraire du fameux Electrico 28, le célèbre tramway jaune qui parcourt les rues étroites des quartiers historiques : celui populaire de la cité et celui (ou ceux ?) de son chantre hétéronyme. Fernando Pessõa arpentant sa ville, c'est le saxophone aux longues volutes mélancoliques, tantôt alto, tantôt soprano, et que joue Wladyslaw Kosendiak, inspiré, quoique visiblement nerveux sur scène. Ainsi l'un et le multiple se trouvent-ils fondus dans la musique de Sikora, résultat d'une longue quête.
Le même Wladyslaw Kosendiak revient sur scène, mais cette fois-ci pour diriger quinze étudiants des classes de saxophone des écoles Ryszard Bukowski et Karol Szymanowski de Wroclaw dans Happy Valenciennes pour saxophones, bande and live electronic (2012). Contrairement à la première, cette pièce ne s'inspire pas de la ville, mais répond à une commande du centre de création musicale Art Zoyd Studios, basé à Valenciennes. Enregistrée et live, démultipliée, réverbérée, spatialisée, l'électronique joue un rôle plus dynamique que dans le morceau précédent, se mêlant parfaitement aux saxophones, lesquels sont tour à tour mis en relief selon leur tessiture, du soprano au baryton, alternant, se répondant ou jouant ensemble. Ainsi se déploie une véritable dramaturgie qui ménage des solos, dont un à l'alto, aussi beau que long… On reconnaît la pâte d'Elzbieta Sikora non seulement dans ce lyrisme expressif qui, par l'insistance de la phrase reprise infiniment, creuse la matière sonore, mais aussi dans l'heureux mariage des timbres. La musique questionne et constitue la réponse.
Le voyage se poursuit sous la forme d'une déformation du signal audio avec « Wow and Flutter », littéralement « Pleurage et Scintillement », concert réunissant trois opus, avec des spots qui balaient la salle dans un jeu inventif et réjouissant. Concert placé également sous le signe du métissage de la musique contemporaine, du jazz et du rock. Ce dernier domine d'ailleurs ce soir. C'est la marque de fabrique du Studio Dan, ensemble viennois fondé en 2005. Duo vibrante Altera Nudos vacantes pour thérémine, basse électrique et ensemble (2020) de Juan Pablo Trad Hasbun fait dialoguer le thérémine, instrument électronique joué sans être touché (l'interprète levant ou baissant la main pour faire varier un son de scie très ondulant), la basse, le trombone, la flûte, la trompette, le violoncelle, le saxophone et la clarinette. Cette œuvre assez courte, qui met en place différents éléments dans une sorte de recherche sans but affiché, sonne comme une introduction et se trouve heureusement placée en première partie de soirée. Oxana Omelchuk en signe le morceau de résistance avec Wow and Flutter pour deux trombones et ensemble (2016), ouvrage marqué surtout par le très beau dialogue des deux trombones placés aux extrémités de la scène. Mention spéciale donc pour les deux solistes Daniel Riegler, par ailleurs leader de l'ensemble, et Matthias Muche, qui tirent toutes les nuances possibles de leur ténor à coulisse. La partition oscille entre le contemporain pulsé par une batterie très présente et des citations de musique jazz. On ne s'ennuie jamais dans cette exploration permanente de climats.
Les tympans sont soumis à rude épreuve dans Just a Little Beat pour dix instrumentistes et électronique (2022-2023) de Pawel Hendrich, que dominent le style rock et l'infatigable batterie. Un mélange assez réussi d'acoustique et d'électronique ménageant des plages violentes et planantes.
Le « Concert de l'Union des compositeurs polonais » additionne six pièces pour un ou deux cuivres – la trompette et le trombone – ainsi que l'électronique. Piotr Nowak à la trompette et Wojciech Jelinski au trombone éblouissent par la maîtrise de leur jeu, très varié d'une pièce à l'autre. Ces opus d'une dizaine de minutes chacun développent une idée principale : un bavardage en chuchotis des deux vents dans Chamber Music V pour trombone, trompette et électronique (2022-2023) de Michal Janocha ; l'harmonieux compagnonnage impressionniste du trombone glissando et de l'électronique évoquant un vent tournoyant dans Frottage pour trombone et électronique (2023) de Katarzyna Taborowska ; la dramaturgie de l'électronique en écho et de la trompette bouchée jouant tantôt à gauche, tantôt à droite après envoi ou destruction de la partition dans un appareil situé au centre dans Hybryda pour trompette et électronique (2023) de Rafal Zapala ; l'appel de la forêt comme d'un cor romantique du trombone tellurique et schématique dans le très beau Dualabilis pour trombone et ordinateur (2022-2023) de Pawel Hendrich ; les trois états de la trompette solo – simple souffle de vie (le chi), en émission libre ou avec sourdine – sur tapis sonore de l'électronique dans Alchemia pour trompette et électronique (2019) de Mateusz Ryczek ; une conversation à trois, très élaborée et d'un burlesque distancié, du trombone, de la trompette et de l'électronique dans cRossFAdE pour trombone, trompette et électronique (2023) de Cesary Duchnowski, où les deux instrumentistes font des slaps et transforment le son par un jeu de pédales et de gestes spectaculaires de recul de l'instrument.
Trois soirées, trois atmosphères qui augurent d'une très belle 11e édition du festival Musica Electronica Nova.
Crédits photographiques : © Slawek Przerwa
Lire aussi :
Festival Musica Electronica Nova : immersion en « kaléïdophonie » avec Fluid Mechanics
Plus de détails
Wroclaw. Sala Czarna du Narodowe Forum Muzyki. 14-V-2023, 18h. « Lisboa, Valenciennes ». Elzbieta Sikora (née en 1943) : Lisboa, tramway 28, hommage à Fernando Pessõa pour saxophone et bande, Happy Valenciennes pour saxophones, bande and live electronic. Wladislaw Kosendiak, saxophone ; étudiants des classes de saxophone de l’école Ryszard Bukowski et de l’école Karol Szymanowski de Wroclaw.
Wroclaw. Sala Czerwona du Narodowe Forum Muzyki. 14-V-2023, 20h. « Wow and Flutter ». Juan Pablo Trad Hasbun (né en 1978) : Duo vibrante Altera Nudos vacantes pour thérémine, basse électrique et ensemble ; Oxana Omelchuk (née en 1975) : Wow and Flutter pour deux trombones et ensemble ; Pawel Hendrich (né en 1979) : Just a Little Beat pour dix instrumentistes et électronique. Studio Dan : Daniel Riegler, trombone et direction ; Matthias Muche, trombone ; Thomas Frey, flûte ; Dominik Fuss, trompette ; Clemens Salesny, saxophone alto et clarinette ; Sophia Goidinger-Koch, violon ; Maiken Beer, violoncelle ; Philipp Kienberger, contrebasse et basse électrique ; Michael Tiefenbacher, thérémine et piano ; Raphael Meinhart, percussion. Werner Angerer, ingénieur du son. Alexander Forstner, production.
Wroclaw. Sala Czarna du Narodowe Forum Muzyki. 15-V-2023, 20h. « Concert de l’Union des compositeurs polonais ». Cesary Duchnowski (né en 1971) : cRossFAdE pour trombone, trompette et électronique ; Pawel Hendrich, Dualabilis pour trombone et ordinateur ; Mateusz Ryczek (né en 1986), Alchemia pour trompette et électronique ; Michal Janocha (né en 1979), Chamber Music V pour trombone, trompette et électronique ; Rafal Zapala (né en 1975), Hybryda pour trompette et électronique ; Katarzyna Taborowska (née en 1974), Frottage pour trombone et électronique. Piotr Nowak, trompette ; Wojciech Jelinski, trombone ; Cesary Duchnowski, Pawel Hendrich, Mateusz Ryczek, Michal Janocha, Rafal Zapala, Katarzyna Taborowska : électronique