Krump, disco et waacking à l’Espace 1789 de Saint-Ouen

Les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis se poursuivent à l'Espace 1789 de Saint-Ouen avec une soirée qui mixe clubbing et danses urbaines. Rafraîchissant !

Fantasie minor est un étonnant duo de Marco da Silva Ferreira pour deux jeunes danseurs du Centre chorégraphique national de Caen, Anka Postic et Chloé Robidoux, nourri de la complicité qui éclate entre ces deux interprètes qui se connaissent (presque) depuis l'enfance. Pour les mettre en jeu dans ce duo « tout-terrain », du nom de la collection éponyme du CCN de Caen qui a vocation à être montré et vu partout et sur tous les types de scènes, le chorégraphe portugais a choisi une estrade carré tendue de blanc, un ring sans cordons.

La physicalité et l'énergie sont au rendez-vous avec des techniques inspirées du Krump, des danses urbaines et du mime. Ça déménage, avec des bottes de motard, des gants en latex noir et des casquettes vissées sur la tête. Mais la véritable trouvaille de ce duo est la production musicale, signé des deux compositeurs Rui Lima et Sérgio Martins à partir de la Fantaisie en fa mineur de Franz Schubert. Jouée à 4 mains par deux pianistes portugais, elle est étirée, mixée, bousculée par des sons de musique électronique, qui lui confèrent une modernité inattendue et juste. Le tout donne un duo formidablement actuel, une petite forme, comme on aimerait en voir davantage. Bravo !

Pour poursuivre la soirée, tous les archétypes du disco des années 70 sont réunis dans les personnages de D.I.S.C.O. le spectacle de Josépha Madoki aka Princesse Madoki autour d'une DJ en live : la danseuse de salon, le bellâtre, la Disco Queen… Comme à la parade, ils sont alignés dans cette orgie dansante qui ressuscite les années disco en le remixant à la sauce Waacking, art né dans les clubs gay de Los Angeles. Paillettes, plumes et costumes extravagants sont de mise pour évoquer l'exubérance de la fête et la vitalité retrouvée de la vie nocturne. Pour la chorégraphe, privée de clubbing pendant la pandémie, cette célébration de la danse et des paillettes se veut une revanche sur les confinement successifs et l'interdiction des interactions sociales. Au-delà du simple plaisir partagé de la danse et de son côté show-off, le spectacle gagnerait cependant à muscler sa dramaturgie pour porter un message plus universel et plus fort.

Crédits photographiques : Fantasie minor © Martin Argyroglo ; D.I.S.C.O. © Raphaël Labouré