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Programme slave pour les Wiener et Hrůša au TCE

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 14-V-2023. Leoš Janáček (1854-1928) : Jenůfa : Zárlivost, prélude symphonique. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Roméo et Juliette : extraits des Suites n°1 ; 2, op.64a &; 64b. Dmitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°5 en ré mineur. Wiener Philharmoniker, direction : Jakub Hrůša

En tournée parisienne avec , les Wiener Philharmoniker proposent un programme intégralement slave, dans lequel deux grands ouvrages russes sont encadrés par deux pièces de la patrie du chef.

Zárlivost (Jalousie) est occasionnellement entendu en fosse dans l'opéra le plus célèbre de , Jenůfa. Ce court prélude est aujourd'hui choisi pour introduire le concert de tournée des Wiener Philharmoniker au Théâtre des Champs-Élysées. Toulouse aura eu en mars un programme slave avec Rimsky-Korsakov et Tchaïkovski sous la direction de Sokhiev, Paris bénéficie en mai d'une soirée avec Prokofiev et Chostakovitch sous la direction de .

Mais si les Viennois touchent depuis longtemps à ce répertoire, ils entrent toujours dedans avec leur identité sonore, notamment une touffeur des cordes et des couleurs inhabituelles pour développer comme on la connaît la partition tchèque. De la même manière, ils abordent les extraits de Roméo et Juliette de Prokofiev avec toute leur densité. Plutôt que de se positionner sur l'une des Suites, Hrůša choisit d'organiser lui-même les extraits dans un sens assez conventionnel, en ouvrant tout simplement par l'Introduction de l'acte I. Pour cette première pièce, le lyrisme des violons comme la pesanteur des cordes graves s'adaptent bien, autant que les bois, moins souples et colorés que des bois français ou russes, mais toujours parfaits.

Montaigus et Capulets (Suite n°2) enchaîne par un grand fracas, qui démontre une bonne gestion des climats de la part du chef, en même temps qu'un orchestre chaud et dynamique, cependant que les attaquent paraissent toujours un peu lourdes, de même que la masse des cordes limitent souvent la respiration. C'est donc avec de pures qualités symphoniques que l'on profite de la Danses des Chevaliers, puis de Juliette Enfant (Suite n°2) et de Masques (Suite n°1). La scène du balcon ne trouve pas beaucoup de sentimentalité, surtout placée juste avant la Mort de Tybalt, bien engagée par de fortes percussions, sans pour autant trouver l'ampleur de certaines interprétations russes, ni nous accrocher au siège comme l'ONF avec Gatti dans cette même salle en 2015.

Passée l'entracte, les mêmes reviennent avec un effectif adapté à la Symphonie n°5 de Chostakovitch, toujours avec une centaine de musiciens en scène. Dès le Moderato, l'atmosphère se veut sombre et montre la qualité de la direction de Hrůša, aujourd'hui clairement l'un des meilleurs chefs de sa génération. Mais là encore, le son ressort parfois un peu trop abondant, comme si l'on avait face à nous Bamberg plutôt que Vienne, et surtout sans jamais marquer par autre chose que des couleurs et des climats plus ronds que tendus. Personne dans l'ensemble n'a vécu l'ère soviétique et cela se ressent, sans que le chef ne parvienne jamais à nous contraindre vers ce à quoi Bychkov tendait par exemple en 2018 avec Amsterdam à la Philharmonie. Alors, on profite encore et surtout des splendeurs de la formation, d'une densité au Largo Allegretto qui ferait presque penser à l'Adagietto de la Cinquième de Mahler, porté au centre par un hautbois référent.

L'Allegro non troppo final permet de remettre à l'honneur les cordes graves ainsi les cuivres, dont on peut autant louer les cors que les trombones, et sans doute plus encore les trompettes. À noter aussi, le piano superbement mat ou les bassons toujours d'une grande pureté, en plus des bois précités. Fatigués par le fait d'avoir joué intensément pendant deux heures, les Wiener proposent tout de même un bis , en forme de boucle et de teaser, puisqu'il s'agit de la plus brahmsienne des Danses Slaves de Dvorák, la première des deux Dumka, n°2 de l'opus 72. Dès septembre prochain, chef et orchestre reviendront Avenue Montaigne pour la Symphonie n°8 du compositeur tchèque, et le Concerto n°2 pour piano de Brahms avec Igor Levit.

Crédits photographiques : ResMusica (saluts)

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 14-V-2023. Leoš Janáček (1854-1928) : Jenůfa : Zárlivost, prélude symphonique. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Roméo et Juliette : extraits des Suites n°1 ; 2, op.64a &; 64b. Dmitri Chostakovitch (1906-1975) : Symphonie n°5 en ré mineur. Wiener Philharmoniker, direction : Jakub Hrůša

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