Requiem de Verdi par Jaap van Zweden à Paris
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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 27-IV-2023. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Messa da Requiem. Avec : Elza van den Heever, soprano ; Aude Extrémo, mezzo-soprano ; René Barbera, ténor ; Jean Teitgen, basse. Chœur de l’Orchestre de Paris (Chef de Chœur : Marc Korovitch). Orchestre de Paris, direction : Jaap van Zweden
Déjà entendue régulièrement depuis l'ouverture de la Philharmonie, la Messa da Requiem de Verdi revient cette saison jouée par l'Orchestre de Paris, sous une direction vigoureuse et dure de Jaap van Zweden, qui met plus en valeur le chœur que le quatuor vocal.
Bientôt en partance du New York Philharmonic où il sera remplacé prochainement par Gustavo Dudamel, Jaap van Zweden prend comme presque chaque saison l'Orchestre de Paris pour une série de concerts. Cette année, il se concentre sur un seul ouvrage, le merveilleux Requiem de Verdi, dans lequel il entre avec un ensemble parfaitement préparé, rutilant dès les premiers accords des cuivres. Très violent au Dies iræ, le chef néerlandais ne cherche pas à utiliser particulièrement les couleurs de l'orchestre français, seulement sublimes dans le basson solo et les flûtes, mais lui donne plutôt un son compact pour des attaques franches, à l'image des violons, emportés le deuxième soir par Eiichi Chijiwa – alors qu'était indiqué sur le programme Giovanni Guzzo comme invité.
Comme d'autres avant lui, van Zweden ne joue pas la carte d'une spatialisation des trompettes au Tuba mirum, dommage quand on voit l'efficacité qu'elles ont du haut de l'arrière-scène, alors qu'il oblige ici les quatre musiciens à rester par paire sur les côtés de l'orchestre pendant toute la représentation, pour une intervention d'à peine deux minutes. Très peu latin, le style interprétatif fait penser à plusieurs reprises à une partition de Richard Strauss, idée relancée par les interventions de la soprano, Elza van den Heever, superbe mais elle aussi quelque peu hors-style. Car d'italien, rien ne ressort ici véritablement et dans la globalité de l'œuvre, on se trouve très loin des magnifiques prestations de Daniele Gatti l'an passé au TCE, ou de Enrique Mazzola en 2018 à la Philharmonie. Un peu à la façon de Barenboim à la Scala (enregistré pour Decca), l'approche limite ici particulièrement les parties moins effusives, notamment le Quid sum miser et le Rex tremendae.
Pour retrouver un peu de latinité, il faut écouter l'Ingemisco de René Barbera, ténor plus subtil et plus libre dans l'air à présent qu'il y a cinq ans avec Chailly. En regard, les interventions d'Aude Extrémo cherchent par la profondeur des graves qui ne sont pas sans évoquer la sorcière Ulrica du Ballo. Seulement à partir de l'Agnus Dei, la mezzo éclaire le médium, au point de sembler à ce moment plus aigu que la soprano. Pour compléter le quatuor, Jean Teitgen paraît lui aussi hors-style, d'abord peu audible dans les ensembles, puis encore assez distant au Mors stupebit. Pour qu'il s'échauffe véritablement, il faut attendre le Confutatis, mais apparaît alors l'impression d'entendre le Requiem de Fauré plutôt que celui de Verdi. Cette même perception ressort de l'Offertoire, ici aux sonorités proches d'In Paradisum du compositeur français.
De cette lecture disparate, dans laquelle le quatuor vocal ne parvient jamais à trouver d'homogénéité, reste à louer le Chœur de l'Orchestre de Paris. Déjà magnifique dans l'ouvrage avec Mazzola cinq ans auparavant, la formation n'a rien perdue du changement de direction et trouve une préparation toujours impeccable sous les mains de Marc Korovitch. Puissant dès le Requiem introductif, le chœur se montre infernal aux multiples reprises du Dies iræ, puis d'une superbe clarté au Confutatis ou au Sanctus. Très précis sur le texte, il porte encore mieux que van den Heever un Libera me final pourtant peu sensible sous la lecture dense mais dure de Jaap van Zweden.
Crédit photographiques : © ResMusica (saluts)
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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 27-IV-2023. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Messa da Requiem. Avec : Elza van den Heever, soprano ; Aude Extrémo, mezzo-soprano ; René Barbera, ténor ; Jean Teitgen, basse. Chœur de l’Orchestre de Paris (Chef de Chœur : Marc Korovitch). Orchestre de Paris, direction : Jaap van Zweden