Kalevi Aho, inlassable et étincelant orchestrateur finlandais

L'abondant catalogue de Kalevi Aho brille sans relâche et avec un enthousiasme confondant concrétisé dans cette parution par deux concertos pour violon et pour violoncelle, composés respectivement en 2013 et 2015.

Élève à l'Académie Sibelius d'Helsinki du fameux Einojuhani Rautavaara, Aho y travaille le violon et la composition. Aujourd'hui, âgé de 74 ans, son énorme catalogue s'intéresse à tous les genres et nombre de ses œuvres bénéficient d'un succès indiscutable depuis des décennies, dans sa Finlande natale mais aussi à l'enregistrement et dans les salles de concerts du monde entier.

Rappelons brièvement, que ce musicologue distingué, pédagogue renommé, a écrit cinq opéras, dix-sept symphonies, trente-huit concertos, trois symphonies de chambre pour cordes, des œuvres pour orchestre, des musiques de chambre, des pièces pour instruments solos. Notables, également, son implication dans l'achèvement d'œuvres de plusieurs confrères dont le ballet Tourbillons de Uuno Klami. Cette activité débordante ne l'a pas empêché de s'impliquer dans la vie culturelle de la Finlande avec ses commentaires, ses essais, ses chroniques. C'est dire la position primordiale qu'il occupe au sein du monde musical finlandais.

Le Kymi Sinfonietta qui se produit depuis 1999, principalement dans les villes de Kotka et Kouvola, brille par la qualité et la ductilité de ses pupitres, par la diversité et la pertinence de son répertoire, comme le confirment les enregistrements qu'il a réalisés. Pour BIS, ici, c'est un chef originaire de Tallinn, Olari Elts, expérimenté et très précis, qui dirige le Kymi Sinfonietta tout en travaillant depuis plusieurs années avec l'Orchestre symphonique national d'Estonie, entre autres.

Kalevi Aho compose son Concerto pour violon n° 2 en 2015, trois décennies après le premier, en ayant à l'esprit de ne pas rester trop proche de cette première expérience et en même temps avec la volonté de se démarquer, autant que faire se peut, des immenses chefs-d'œuvre que ce genre a généré depuis le concerto préclassique du début du XVIIIᵉ siècle jusqu'à nos jours. Ce souhait nous semble exaucé en remarquant combien l'orchestre, stimulant et généreux, très présent sans jamais se montrer despotique, brille de mille feux tout en laissant au soliste la part qui lui revient. Dans le premier mouvement (Allegro) la phalange orchestrale s'inscrit dans un courant post-romantique aux couleurs scintillantes, euphoniques et inventives. L'Adagio suivant, apaisé et davantage lyrique, reste à distance de toute somnolence et introspection. Le violon d'Elina Vähälä y joue un rôle substantiel et s'adapte parfaitement aux changements de caractère de la musique. Le finale, noté Vivace, leggiero, marqué pour un large échantillonnage rythmique allant jusqu'à la frénésie, globalement dansant, s'avère moins massif que ses devanciers.

Écrit deux ans avant, le Concerto pour violoncelle n° 2 en cinq mouvements joués attacca paraît plus éloigné de la tradition et offre de nombreux passages éclatants, certains impressionnants. Le soliste Jonathan Roozeman et le Kymi Sinfonietta se plient avec une aisance et une adaptabilité étonnante aux changements de rythmes, d'harmonies, de climats imposés par Kalevi Aho qui signe là un concerto solide, personnel et toujours guidé par une imagination inspirée par une nécessité intérieure émérite.