Audio, Musique d'ensemble, Parutions

HK Gruber et le Swedish Chamber Orchestra redorent le blason de l’orchestre de Kurt Weill

Plus de détails

Kurt Weill (1900-1950) : Der Silbersee (Le Lac d’argent) ; Symphonie in einem Satz (Symphonie n° 1) ; Fantaisie symphonique (Symphonie n° 2). Swedish Chamber Orchestra, direction : HK Gruber. 1 SACD hybride BIS Records. Enregistré du 16 au 21 août 2021, salle de concert d’Örebro, Suède. Notice de présentation en anglais, allemand, français. Durée : 58:43

 

Un album incontournable rappelant la valeur inestimable du traitement orchestral de . 

Compositeur allemand, juif et communiste, Kurt Weil fut obligé de fuir son pays pour la France en 1933 puis, définitivement, vers les États-Unis en 1935. Sa musique qualifiée de dégénérée par les nazis n'avait alors plus aucune chance de trouver les moyens de se faire entendre dans l'Europe de Hitler.

Cet élève de l'école de musique de Berlin puis de Ferruccio Busoni s'engagea dans une esthétique musicale singulière largement inspirée par l'atonalité, la polytonalité, le jazz, le cabaret, la littérature puis le théâtre subversif de Bertolt Brecht. Cette nouvelle livraison du label suédois BIS constitue une passionnante occasion d'approfondir notre connaissance de la musique de Weill avec des interprétations exceptionnelles de ferveur, de respect et d'authenticité. Le maitre d'œuvre de ce travail magnifique n'est autre que le Viennois , chanteur, acteur, chef d'orchestre, compositeur et chansonnier dont le travail bénéficie de fameux commentaires dans le monde entier. Administrateur honoraire à vie de la Fondation , il connaît et maîtrise bien évidemment remarquablement son sujet et s'acquitte de sa tâche avec maestria. Son enthousiasme retentit sur la performance de l' (fondé en 1995) dont les progrès ont été largement amplifiés et soulignés sous les baguettes de Thomas Dausgaard puis de Martin Fröst. Le niveau de cette phalange d'environ quarante membres a attiré nombre de solistes hautement renommés.

La bonification constatée est palpable et l'écoute de ce programme nous en convainc avec ces musiques peu fréquentées, populaires, demeurant à distance des grands épanchements sentimentaux et des conventions asphyxiantes qu'il n'accepta jamais.

La Symphonie en un mouvement (Première Symphonie), dite Symphonie berlinoise date de l'année 1921 (il n'a que 21 ans) mais ne sera rendue publique qu'en février 1958 à Hambourg quelques années après sa mort. Elle échappa à la destruction car envoyée d'abord à Vienne puis cachée ensuite dans un couvent en Italie avant d'être récupérée par sa veuve, Lotta Lenya en 1955. On découvre une musique principalement expressionniste enrichie par une invention mélodique singulière et versatile ainsi que par une intense mobilité harmonique. Elle se caractérise également par la densité de son contrepoint. De nombreux commentateurs l'ont rapprochée, à raison, de la Symphonie de chambre n° 1 d'.

La Symphonie n° 2, baptisée Fantaisie symphonique, fut commencée à Berlin lors de la prise de pouvoir d'Hitler en janvier 1933 et achevée à Louveciennes, non loin de Paris, en février 1934, Weill ayant eu la sagesse de quitter son pays natal au moment opportun. Commandée par la princesse de Polignac, elle est livrée au public le 11 octobre 1934 par l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam et à la direction le fameux Bruno Walter. Le compositeur ne cacha pas son intention de la concevoir avec une grande économie de moyens et une simplicité acceptée. Le premier mouvement (Sostenuto-Allegro molto) fait référence, successivement à la trompette, à la clarinette puis à la flûte, aux Sept péchés capitaux. Le Largo suivant évoque une sorte de tango funèbre alternant sans grandiloquence accents positifs et traits affligés. Weill déploie davantage d'entrain et de badinage dans le rondo final (Allegro vivace-Presto) stimulé par une cascade de tierces jouées aux bois s'opposant à une sorte de marche colorée d'ironie et de tapage typique de l'écriture du compositeur qui achève son mouvement par une tonique tarentelle confiée à l'ensemble de l'orchestre.

dirige également son orchestre, le Swedish Chamber Orchestra, avec une énergie et une grande véhémence dans Le lac d'argent, une pièce de théâtre avec musique et il chante vaillamment dans trois numéros retenus ici. La création de l'œuvre qui eut lieu en même temps à Erfurt, Leipzig et Magdebourg en février 1933 ne manqua pas de subir des menaces et perturbations bruyantes organisées par les nazis, avant d'être interdite.

Un enregistrement qui permet de découvrir l'autre Weill, celui des œuvres symphoniques et instrumentales, à côté du compositeur mieux connu pour ses opéras.

Lire aussi :

De Berlin à Broadway : Kurt Weill, transfuge et visionnaire

 

(Visited 409 times, 1 visits today)

Plus de détails

Kurt Weill (1900-1950) : Der Silbersee (Le Lac d’argent) ; Symphonie in einem Satz (Symphonie n° 1) ; Fantaisie symphonique (Symphonie n° 2). Swedish Chamber Orchestra, direction : HK Gruber. 1 SACD hybride BIS Records. Enregistré du 16 au 21 août 2021, salle de concert d’Örebro, Suède. Notice de présentation en anglais, allemand, français. Durée : 58:43

 
Mots-clefs de cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.