La Création de Haydn par Orozco-Estrada aux Champs-Élysées
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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 20-IV-2023. Joseph Haydn (1732-1809) : Die Schöpfung (La Création), oratorio, Hob. XXI:2. Avec : Nikola Hillebrand, soprano ; Allan Clayton, ténor ; Matthias Goerne, baryton ; Marie-George Monet, alto. Chœur de Radio France (Chef de Chœur : Lionel Sow). Orchestre National de France, direction : Andrés Orozco-Estrada
Dans un Théâtre des Champs-Élysées à l'atmosphère religieuse, Andrès Orozco-Estrada emmène La Création de Haydn vers le ciel de Paris, transportée par les forces musicales de Radio France et par la distribution, dont les anges Gabriel de Nikola Hillebrand et Uriel d'Allan Clayton.
Presque remplie, la salle de l'Avenue Montaigne est d'un calme d'église pour écouter l'un des chefs-d'œuvre de Haydn, Die Schöpfung (La Création), d'après La Genèse, Le Livre des Psaumes, et Paradise Lost de Milton.
Andrés Orozco-Estrada dirige et s'il semble perturber parfois l'Orchestre National de France par ses gestes véritablement un temps avant la note, là où les formations modernes ont de plus en plus l'habitude des chefs sur la note, l'ensemble n'en trouve pas moins une dynamique classique très bien ajustée dès le prélude cataclysmique. Pendant tout l'oratorio, le Colombien cherche à dynamiser par des mouvements vifs les musiciens, dont il se sert des couleurs par la transparence des violons dans certains passages du Paradis, ou par la clarté de la petite harmonie, à l'image des flûtes, magnifiques en trio au début de la Partie 3.
En arrière-scène, le Chœur de Radio France trouve une superbe justesse, excellement préparé par Lionel Sow et toujours évocateur dans les grands moments, jusqu'à l'Amen conclusif. De ses rangs ressort l'alto Marie-George Monet, pour les derniers numéros sur le devant de la scène afin de créer un quatuor à la manière d'une messe. Surprenant, ce choix se justifie autant par le résultat musical que par le fait que la formation vocale de l'oratorio est adaptable par de nombreux ajustements, dont celui de faire chanter Adam par le ténor plutôt que par la basse, mouture de la création cependant respectée ce soir.
Du trio vocal, le chanteur le plus célèbre est le baryton, Matthias Goerne, cependant un peu engorgé dans un grave touffu qu'il a tendance à aller chercher par un chant vers le bas et un repli de la tête dans les épaules. Il convainc mieux dans la dernière partie et lorsque la partition se place plus dans le médium, la directivité de sa voix procure une meilleure projection. À ces côtés, Allan Clayton capte l'attention en Ange Uriel ; triomphateur de Peter Grimes récemment, le ténor anglais semble presque revenu ici dans ses habits de pauvre pêcheur, d'une modestie superbement adaptée à l'oratorio biblique.
Nikola Hillebrand complète la distribution, remplaçante au pied levé de Slávka Zámečníková. Sa voix limpide et droite est parfaitement juste pour offrir au texte toute sa pureté. Toujours supérieure au baryton dans les duos et remarquable dans les ensembles, elle magnifie les airs de l'Ange Gabriel à la Partie 2 et livre une superbe Ève dans les derniers numéros, sans jamais trop se mettre en avant, bien que toujours très audible devant l'orchestre et le chœur. Longuement louées aux saluts, les forces musicales de la soirée ont emmené le chef-d'œuvre de Haydn haut dans les cieux de Paris.
Crédits Photographiques : © ResMusica (live du concert du TCE)
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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 20-IV-2023. Joseph Haydn (1732-1809) : Die Schöpfung (La Création), oratorio, Hob. XXI:2. Avec : Nikola Hillebrand, soprano ; Allan Clayton, ténor ; Matthias Goerne, baryton ; Marie-George Monet, alto. Chœur de Radio France (Chef de Chœur : Lionel Sow). Orchestre National de France, direction : Andrés Orozco-Estrada