Une soirée en l’honneur de Claude Bessy par les petits rats de l’Opéra

À l'occasion des 90 ans de Claude Bessy, les petits rats de l'Opéra ont rendu hommage à celle qui, après une carrière internationale de Danseuse étoile, fut pendant plus de 30 ans la directrice de l'École de danse de l'Opéra de Paris.

Une soirée de gala ou d'hommage est un exercice en soi. Il faut rendre compte du parcours de la personne honorée tout en présentant un spectacle répondant aux attentes du public balletomane. L'Opéra de Paris a fait le choix d'une soirée mixte pendant laquelle des extraits de ballets encadrent la diffusion d'un film documentaire – Claude Bessy, Ligne d'une vie – retraçant le parcours de l'artiste. Ce film, réalisé par Fabrice Herrault, dresse en quarante minutes un panorama de sa vie, de ses années de formation jusqu'à son départ à la retraite mêlant extraits de documentaires, captations de spectacles et documents personnels de la danseuse.

Le résultat est très réussi et témoigne tant de la richesse du parcours que de la personnalité de Claude Bessy. Cependant, ce film datant de 2010 est disponible librement sur internet. Même si sa diffusion était pertinente dans le cadre de cet hommage, un moment de danse avec la génération d'interprètes du Ballet de l'Opéra formés par ses soins aurait été tout aussi bienvenu. En effet, les élèves de l'École de danse n'étaient pour la plupart pas encore nés quand Claude Bessy a quitté ses fonctions de Directrice et les danseurs qu'elle a formés font maintenant partie des plus âgés de la compagnie.

Le programme dansé fait aussi référence au parcours de Claude Bessy, autant comme danseuse que comme directrice de l'École de danse. Les petits rats, qui viennent de présenter leur spectacle annuel avec un tout autre programme (à l'exception de Concerto en Ré, commun aux deux soirées), s'emparent d'extraits d'œuvres du répertoire : la célèbre Suite en blanc de Serge Lifar, M pour B de Maurice Béjart et Yondering de John Neumeier. Saluons d'emblée le formidable travail effectué par les élèves des grandes divisions qui montrent déjà leur impressionnante maîtrise technique et artistique. On sent un peu le manque de rodage et il est dommage qu'il n'y ait pas plus de représentations pour accroître l'aisance des élèves sur scène. Suite en blanc est d'une virtuosité éclatante et l'on en aurait bien vu davantage (à quand une reprise intégrale ?). M pour B exprime toute la galanterie du XVIIIe siècle, Yondering est l'expression de la jeunesse et du passage à l'âge adulte.

Ces moments dansés passent trop vite et l'on est heureux de voir le Concerto en ré dans son intégralité. Cette pièce emblématique du répertoire de l'École de danse, chorégraphiée par Claude Bessy et reprise régulièrement depuis sa création en 1977, met en scène l'ensemble des élèves de l'école, montrant ainsi leur progression technique division par division avant un final réunissant tous les élèves qui est toujours aussi spectaculaire. L'exécution frôlant la perfection de cette dernière pièce ainsi que les répétitions des ballets effectuées par les professeurs de l'École de danse, eux-mêmes anciens élèves de Claude Bessy, sont assurément le meilleur hommage à rendre à cette dernière. Après la disparition coup sur coup de trois figures de l'Opéra de Paris – Michaël Denard, Attilio Labis et Pierre Lacotte – cette soirée consacrée à l'un des derniers monstres sacrés de la danse de cette génération a été une célébration de la jeunesse, de la vie, de la danse et de la transmission.

Photos : © Svetana Loboff / Opéra national de Paris