Artistes, Entretiens, Instrumentistes

Karol Mossakowski, pour l’avenir de l’orgue

Plus de détails

 
Instagram

Titulaire du grand orgue Cavaillé-Coll de l'église Saint-Sulpice à Paris depuis le mois de février dernier, est l'un des artistes les plus prometteurs parmi les figures montantes de la jeune école d'orgue. Nous l'avons rencontré alors qu'il vient de remporter un 2023 (International Classical Music Award).

: Vous menez une brillante carrière internationale dans l'Europe entière et la France en particulier où vous vivez, d'où vient ce lien étroit avec notre pays ?

 : J'ai toujours été fasciné par la tradition de l'orgue et des organistes en France. Je suis arrivé à Paris en 2011 pour mes études au Conservatoire, puis j'ai travaillé à Radio France, et à la cathédrale de Lille. Aujourd'hui je suis organiste titulaire du grand orgue Cavaillé-Coll de l'église Saint-Sulpice à Paris. Le choix de la France était donc complètement naturel.

: Vous avez étudié la musique en Pologne votre pays natal et en France. Comment avez-vous perçu ces approches différentes dans votre construction de musicien ?

KM : J'ai eu la chance d'avoir ce double parcours qui a construit ma personnalité musicale. Les orgues et l'enseignement en Pologne sont plus proches de la tradition allemande, très différente de celle en France. Pour un organiste c'est donc bien de connaitre ces deux mondes.

ICMA : Depuis quelques années vous avez remporté une dizaine de concours internationaux d'orgue. On dirait que vous êtes une « bête à concours ». Comment percevez-vous les concours : comme élément indispensable pour développer votre carrière ou comme un défi motivant pour un travail encore plus minutieux sur le répertoire d'orgue ?

KM : Les deux ! C'est évident que certains, comme le Grand Prix de Chartres (2016), permettent de développer la carrière sur le plan international. J'ai envie de dire qu'avec les concours, tout dépend de comment on s'y prend. On n'est pas obligé de les prendre au premier degré comme une discipline presque sportive. Les concours peuvent tout simplement nous motiver dans le travail, dans le dépassement de soi, ils permettent souvent de découvrir un nouveau répertoire, et surtout, peuvent nous permettre de rencontrer d'autres organistes.

ICMA : Vous avez également occupé diverses fonctions dont plusieurs résidences et responsabilités dans l'enseignement de l'orgue. Vous avez été en résidence à La Nouvelle-Orléans (2014-2015), puis à Radio France (2019-2022) et à présent à Katowice en Pologne. Que vous apportent ces moments privilégiés dans votre carrière d'organiste ?

KM : C'est un vrai bonheur, avec ces résidences, de pouvoir partager mon amour pour l'orgue sous des formes très diverses. Je me dis depuis toujours que l'orgue est un instrument trop peu connu encore aujourd'hui. C'est notre devoir de nous battre pour son avenir et de développer un intérêt pour l'instrument au sein de publics très divers.

ICMA : Vous avez joué en concert sur des instruments prodigieux, souvent dans des salles de concert et parfois accompagné par des orchestres prestigieux. Vos aspirations personnelles vous amènent-elles vers ces choix ? Ou aimez-vous vous produire sur tous types d'instruments de qualité ?

KM : Mon but est de montrer que l'orgue est un instrument comme les autres, et qu'il est capable de collaborer parfaitement avec les autres musiciens. Ce qui fait la richesse de notre métier, c'est justement cette diversité, déjà rien que par les instruments eux-mêmes, qui sont très différents selon les endroits dans lesquels ils se trouvent.

ICMA : Avec toutes ces cordes à votre arc, comment voyez-vous l'avenir de votre carrière en particulier et de l'orgue en général ?

KM : Je n'en sais rien, je ne me pose pas vraiment la question pour mon avenir. Si je pouvais toujours partager mon amour pour la musique, je serais heureux. Et je reste confiant quand il s'agit de l'avenir de l'orgue. Nous avons la chance, aussi bien en France ou en Pologne, d'avoir des instruments extraordinaires dans les églises et les salles de concert. C'est à nous d'attirer les publics !

ICMA : Vous venez de remporter le prix de l'orchestre aux ICMA 2023 (en association avec le Forum National de la Musique à Wrocław) pour votre interprétation et vos improvisations, qu'est-ce que cette récompense signifie pour vous ?

KM : C'est vraiment réjouissant de se dire qu'un organiste reçoive ce prix. Cela veut dire que les autres musiciens apprécient et veulent collaborer avec ce monde de l'orgue qui semble être parfois tellement lointain et si proche en même temps !

Crédits photographiques : © Marie Rolland

Lire aussi :

Clavecin et orgue à La Roque d'Anthéron, le temps suspendu

 

(Visited 579 times, 1 visits today)

Plus de détails

 
Mots-clefs de cet article
Instagram

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.