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Le chorégraphe français Pierre Lacotte, à qui l'on doit la reconstitution de La Sylphide, Paquita ou encore Coppélia, est décédé ce lundi 10 avril à l'âge de 91 ans.
D'une immense culture chorégraphique, il était un spécialiste du ballet romantique. La saison dernière, ce maître de danse avait créé un ballet d'une soirée inspiré du roman de Stendhal, Le Rouge et le Noir, sa dernière contribution marquante pour le Ballet de l'Opéra de Paris.
Pierre Lacotte, né en 1932, s'est formé à l'École de Danse de l'Opéra national de Paris où il a notamment reçu l'enseignement de Gustave Ricaux. Il suivait aussi, à l'extérieur, les cours de Lubov Egorova et ceux de Carlotta Zambelli. Entré dans le Corps de ballet en 1946, il est choisi par Serge Lifar pour être soliste dans Septuor, au côté de Claude Bessy. Nommé Premier danseur en 1951, il interprète les œuvres du répertoire, ayant souvent pour partenaires Yvette Chauviré, Lycette Darsonval ou Christiane Vaussard.
L'une de ses premières chorégraphies, La Nuit est une sorcière (sur une musique de Sydney Bechet) est primée par la Télévision belge en 1954, ce qui l'incite à démissionner de l'Opéra de Paris pour continuer à créer. Il fonde en 1955 sa propre compagnie, Les Ballets de la Tour Eiffel, qui se produisent au Théâtre des Champs-Élysées. Poursuivant sa carrière d'interprète, il est invité à danser au Metropolitan Opera de New York avec Melissa Hayden à Londres et Violette Verdy au Benelux, en Allemagne et en Suisse. Il est sollicité par plusieurs festivals qui lui commandent des ballets : Such Sweet Thunder à Berlin en 1959, la chorégraphie d'Hippolyte et Aricie pour le Festival du Marais en 1960, Le Combat de Tancrède pour Aix-en-Provence en 1961. Devenu directeur des Ballets des Jeunesses Musicales de France en 1963, il y réalise plusieurs créations notamment Bifurcations, Hamlet, Penthésilée, et La Voix, en collaboration avec Édith Piaf.
C'est en écrivant un livre sur le ballet romantique qu'il retrouve, en 1968, des documents sur La Sylphide de Philippe Taglioni qui lui permettent de remonter l'œuvre. Réalisée d'abord pour la télévision (en 1971), La Sylphide est ensuite portée à la scène, l'Opéra de Paris ayant invité le chorégraphe à reprendre l'œuvre au Palais Garnier : la première est donnée le 9 juin 1972 avec les créateurs de 1971, Ghislaine Thesmar et Michaël Denard. Pierre Lacotte remontera ensuite La Sylphide à Tokyo, Buenos Aires, Prague, New York, Monte-Carlo, Novossibirsk, Rome, Helsinki, Rio de Janeiro, à la Scala de Milan, en 2005 et au Ballet de Canton en 2007.
Devenu le spécialiste des reconstitutions du répertoire romantique, il remonte Coppélia et le pas de six de La Vivandière d'Arthur Saint-Léon, ainsi que le pas de deux du Papillon, l'unique chorégraphie de Marie Taglioni pour l'Opéra de Paris et le Kirov de Saint-Pétersbourg, mais aussi La Fille du Danube de Philippe Taglioni pour le Théâtre Colón de Buenos Aires, la Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot pour le Ballet du Rhin, les Ballets de Monte-Carlo et le Ballet National de Nancy, Marco Spada, d'après Joseph Mazilier, pour Rudolf Noureev, en 1981 à l'Opéra de Rome et en 1984 à l'Opéra de Paris, ainsi que de nombreux autres ballets de Philippe Taglioni, Joseph Mazilier, Marius Petipa ou Michael Fokine, dans les compagnies de ballet les plus prestigieuses, jusque dans les années 2000.
Après avoir enseigné au Conservatoire National Supérieur et à l'Opéra de Paris, Pierre Lacotte est nommé en 1985, avec son épouse Ghislaine Thesmar, co-directeur des nouveaux Ballets Monte Carlo, compagnie qu'il quitte en 1988 pour le Ballet de l'Opéra de Vérone. De 1991 à 1999, il est le directeur artistique du Ballet National de Nancy et de Lorraine. Commandeur des Arts et Lettres, il est l'auteur – avec Jean-Pierre Pastori – d'un livre : Tradition (Éditions Favre, 1987).
Dans un communiqué, Alexander Neef, directeur général de l'Opéra national de Paris, salue le talent de ce grand artiste et déclare que : « L'Opéra de Paris veillera à honorer la mémoire de Pierre Lacotte avec l'ensemble de son œuvre qui fait désormais partie du patrimoine chorégraphique de la Maison” tandis que José Martinez, directeur de la danse de l'Opéra de Paris rappelle que “Le ballet classique doit beaucoup à ce maître à danser. ” De son côté, la ministre de la culture Rima Abdul-Malak a fait part de ses condoléances ce soir : « Si Pierre Lacotte a commencé par déployer ses talents de danseur, c'est en tant que chorégraphe qu'il fait vibrer pendant près de 70 ans les publics du monde entier. » (DG)
Crédits photographiques : © Svetlana Loboff – OnP 2021
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