Dirk Trüten révèle les beautés d’un orgue inspiré du baroque nord-allemand

L'organiste Dirk Trüten, grâce à des œuvres du grand répertoire baroque nord-allemand, nous fait découvrir un orgue récent édifié à Göteborg suivant les principes de la facture ancienne. L'effet est grandiose et révélateur de recherches approfondies dans l'interprétation et dans les sonorités des instruments originaux.

Retrouver des sonorités organistiques d'antan n'est pas chose aisée. Depuis le milieu du XXᵉ siècle, divers courants de facture d'orgue ont cherché à reproduire des orgues capables de servir les répertoires anciens depuis la Renaissance, avec plus ou moins de réussite. Peu à peu, les connaissances se sont enrichies et depuis quelques décennies, on a su retrouver les intonations précises des modèles originaux. Un des plus beaux exemples est l'orgue construit par Mats Arvidsson et Munetaka Yokota pour la nouvelle église d'Örgryte à Göteborg, en Suède. Grâce à une étude approfondie d'un orgue perdu par la guerre, celui de la cathédrale de Lübeck en Allemagne, on a recréé cet instrument pour un résultat particulièrement réussi. On ressent la même démarche avec l'orgue de l'église de Dübendorf en Suisse où le facteur Bernhardt Edskes s'est largement inspiré du style de Arp Schnitger, le célèbre constructeur nord-allemand du XVIIᵉ siècle.

Dirk Trüten interprète ici un programme représentant un vibrant hommage au répertoire de l'Allemagne du Nord précédant l'arrivée de Johann Sebastian Bach. On retrouve ainsi de grands noms comme Buxtehude, Tunder, Weckman ou Bruhns. Ces auteurs rayonnent ici sur des timbres qui leur conviennent particulièrement, portés par un jeu des plus informés de la part de l'organiste. On voit là la grande richesse d'écriture de tous ces auteurs, ayant développé au cour de leur vie d'artiste l'art du contrepoint et de la variation, porté par ce fameux « Stylus phantasticus », sorte de jeu bouillonnant fait pour éblouir l'auditeur.

Le choix même des jeux et des mélanges sonores rappelle les ensembles orchestraux contemporains à ces orgues très typés : les cordes, les bois ou les cuivres. Ces groupes instrumentaux dénommés « Consorts » se retrouvent ici tout naturellement représentés, respectant les tessitures de chacun. C'est ce qui fait l'essence même de ces musiques, parfois un peu oubliées au profit d'une certaine modernité recherchée par les générations suivantes, Bach en particulier. On pourra donc se référer à cet enregistrement pour appréhender les mécanismes et les secrets de ces répertoires typiques de la première période du baroque. Il faut ainsi rendre hommage à l'organiste Dirk Trüten et au facteur d'orgue Bernhardt Edskes pour l'excellence de leur travail.