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La danse face à la guerre dans Gernika de Martin Harriague et du Collectif Bilaka

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Le Parvis, scène nationale Tarbes Pyrénées. 28-III-2023. Collectif Bilaka : Gernika. Chorégraphie, mise en scène, dramaturgie, scénographie, lumières : Martin Harriague. Musique : Xabi Etcheverry, avec Patxi Amulet et Stéphane Garin. Musiciens : Patxi Amulet, accordéon, chant, harmonium indien, chant | Xabi Etcheverry, violon, alto, guitare, tambourin à cordes | Stéphane Garin, percussions. Costumes : Martin Harriague et Vanessa Ohl. Interpretation : Arthur Barat, Zibel Damestoy, Ioritz Galarraga, Oihan Indart, Aimar Odriozola

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Invité à collaborer avec les cinq danseurs du collectif d'artistes basques Bilaka, signe en 2021 une création librement inspirée de la célèbre œuvre tragique de Picasso. C'est dans le cadre de son temps fort « Walk on the basque side » que le Parvis, scène nationale de Tarbes, accueillait la pièce pour une représentation.

Fondé par divers artistes spécialistes des danses et musiques traditionnelles du Pays basque, le est uni autour d'un projet commun de mobilisation contemporaine du patrimoine immatériel basque. La rencontre de ses cinq danseurs et de trois de ses nombreux musiciens avec le chorégraphe bayonnais était donc toute naturelle, non seulement en raison d'une culture commune, mais aussi au vu d'une polyvalence évidente en matière de danse et de musique.

Le lundi 26 avril 1937, la ville basque espagnole de Guernica était touchée par un bombardement dévastateur faisant nombre de victimes civiles, drame qui inspira le tableau contestataire mondialement connu de . C'est à partir de cet évènement historique que chorégraphe, danseurs et musiciens ont choisi de mettre en scène la force et la résilience permises par une identité culturelle forte, face à l'adversité.

La pièce est structurée de manière linéaire, autour d'une succession de tableaux liés entre eux par une progression narrative simple et des transitions nourries d'une certaine théâtralité. Avant le drame, le temps est à la fête et la musique traditionnelle, jouée en direct, résonne depuis la large estrade positionnée en arrière-scène. Les trois musiciens talentueux passent d'ailleurs d'un instrument à l'autre durant toute la pièce (violon, accordéon, tambours, percussions légères, etc.) et donnent même de la voix pour créer à quelques reprises de belles harmonies vocales avec les danseurs.

Ces derniers, vêtus de chemises, de pantalons à pinces et d'espadrilles de couleur noire, entament quant à eux une première séquence festive de fandango légèrement stylisé pour la scène, dans une ambiance tamisée caractérisée par des douches tantôt jaunes, tantôt blanches. Mais les réjouissances ne sont que de courte durée, car les bombes, la destruction et la menace militaire font rapidement leur entrée, testant par la même occasion l'aptitude à se relever des cinq figures du peuple.

Dans Gernika, réussit assurément avec brio à allier diverses techniques traditionnelles avec une écriture contemporaine. Il sait parfaitement mettre en valeur la virtuosité des jeux de jambes élaborés, le caractère sautillé et la précision rythmique des danses basques, grâce à une mise en espace efficace faite de déplacements, de changements d'orientation, de croisements et de canons à cinq très bien maîtrisés. Une même qualité de composition du point de vue de l'utilisation de la répétition, des isolations des segments du corps et des variations d'énergie traversant les bras, les jambes et le dos, se retrouve également dans les séquences plus empreintes de danse contemporaine.

En revanche, si la signature chorégraphique démontre des qualités indéniables, le rythme global de la pièce souffre quelque peu des faiblesses des transitions qui ne parviennent pas toujours à faire émerger les tensions émotionnelles et dramatiques souhaitées. En effet, l'imagerie convoquée par, entre autres, les bombes suspendues au plafond ou les personnages qui s'extirpent des décombres, manque malheureusement de subtilité et pêche un peu par leur longueur, au risque de ne pas parvenir à susciter l'empathie nécessaire pour entrer en adhérence avec le propos pourtant louable de la création.

Crédit photographique : © Christophe Raynaud de Lage
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