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Trifonov et Babayan à deux pianos pour Rachmaninov

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Paris. Maison de la Radio et de la Musique ; Auditorium. 21-III-2023. Sergeï Rachmaninov (1873-1943) : Suite pour deux pianos n°1 « Fantaisie-tableaux », op.5 & n°2, op.17. Danses Symphoniques pour deux pianos, op.45b. Sergei Babayan et Daniil Trifonov, pianos.

Malgré l’annulation jeudi du dernier concert de résidence de Daniil Trifonov à Radio France cette saison, l’artiste aura pu jouer le mardi l’œuvre pour deux pianos de Rachmaninov, aux côtés de son maître, Sergeï Babayan.


Bien que la grève massive contre la réforme des retraites ait eu raison du dernier concert de la résidence de Daniil Trifonov, prévue pour être achevée avec un concerto le 23 mars à la Philharmonie, les amateurs de piano auront pu profiter de l’artiste jusqu’au 21 mars, où il retrouvait son maître Sergeï Babayan à l’Auditorium de Radio France. Par la même occasion, ce premier jour de printemps clôturait une fin d’hiver particulièrement propice aux passionnés parisiens de Sergeï Rachmaninov, puisqu’ils ont pu entendre les œuvres du compositeur sous les doigts de Kissin, Lugansky et en concerto par Yuja Wang, avant de le retrouver dans ses plus rares pièces pour deux pianos lors de ce concert.

Interprétées par ordre chronologique de composition, les œuvres présentées sont au nombre de trois, avec pour débuter la Suite n°1 opus 5, Fantaisie-tableaux écrite vingt ans avant les Etudes-Tableaux, justement données la semaine précédente par Nikolaï Lugansky au Théâtre des Champs-Élysées. Entrés en compagnie de leurs deux tourneuses de pages, Babayan et Trifonov s’installent l’un à côté de l’autre devant le clavier de leurs Steinway. Le choix de mettre les deux artistes au milieu et les instruments à l’opposé tranche avec la façon plus courante d’enchevêtrer les pianos, avec pour résultat une diffusion du son différente.

Le maître a pris la place de Premier, et c’est lui qui introduit la Barcarolle, rejoint par l’élève, aujourd’hui bien plus célèbre que l’aîné. Mais si le toucher se démarque chez Trifonov, ce n’est pas par son agilité, ici relativement proche de celle de Babayan, mais plutôt par la façon de mieux exploiter le phrasé. Censé évoquer une gondole par les glissements des triolets, le premier tableau démontre immédiatement l’approche sans pathos des deux pianistes, soucieux de développer la matière sans en décupler l’expressivité. La Nuit… L’Amour, puis Les Larmes s’écoulent de la même manière, tout en souplesse sans véritablement attendrir, tandis que Pâques attire plus par la parfaite rigueur rythmique que par la puissance et la majesté de ses cloches, toutefois plus appuyées par Trifonov.

Les tabourets inversés, les deux artistes peuvent revenir pour la Suite n°2 opus 17, cette fois avec le jeune Russe au piano I, maître incontesté par le naturel du doigté. Véritable suite de danse, cette partition prépare parfaitement à la dernière pièce et fascine par la dynamique créée dès l’Introduction, Alla Marcia. La Valse encore plus dynamique montre à nouveau l’accord rythmique impeccable des deux artistes, relativement habitués à jouer ensemble, même si leur sonorité propre diffère. Très concentrés, ils se suivent et s’entremêlent à l’image d’un couple de danseurs, ensuite aussi volubiles dans la Romance puis dans la Tarentelle.

En seconde partie, les Danses Symphoniques opus 45b, dans leurs versions pour deux pianos, retrouvent la même approche interprétative, comme on pouvait s’y attendre sans que les deux pianistes n’osent en marquer trop les contrastes, comme sait le faire Boris Berezovsky par exemple. Le Non allegro introductif comme le Cantabile ne trouvent donc pas véritablement la complexité d’émotions qu’on a pu y entendre par d’autres, mais un accord parfait dans leurs changements dynamiques et harmoniques, apaisés au milieu par un Tempo I pensif. Les vingt minutes suivantes entraînent dans les mêmes mouvements, toujours légèrement distanciés par rapport à une œuvre que l’on peut porter avec plus de fougue et de noirceur, mais toujours aussi superbement maîtrisés et accordés.

Difficile après cela de proposer un bis d’un autre compositeur pour répondre aux applaudissements nourris de l’Auditorium. Alors la parade vient d’une transcription, sans doute celle récemment présentée par Hiroaki Takenouchi et Simon Callaghan, de la Symphonie n°2 de Rachmaninov, dont Trifonov et Babayan interprètent le langoureux Adagio.

Crédits photographiques : ©ResMusica (saluts du concert)

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Paris. Maison de la Radio et de la Musique ; Auditorium. 21-III-2023. Sergeï Rachmaninov (1873-1943) : Suite pour deux pianos n°1 « Fantaisie-tableaux », op.5 & n°2, op.17. Danses Symphoniques pour deux pianos, op.45b. Sergei Babayan et Daniil Trifonov, pianos.

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