Les virtuoses balinais du village de Sebatu à la Philharmonie de Paris
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Paris. Philharmonie de Paris. Grande salle Pierre Boulez. 18-III-23. Week-end Indonésie : Danses et ballet masqué de Bali. Troupe Jaya Semara Wati de Sebatu. Gamelan Gong Kebyar. Gamelan Semar Pagulingan heptatonique. Jro Wayan Kartu , narration, chant, voix. Coordination artistique : Kati Basset
Dans le cadre du week-end « Indonésie » à la Philharmonie de Paris, un spectacle de danses et ballet masqué de Bali a permis de découvrir les danses et musiques traditionnelles de l’île, grâce à quarante interprètes du village de Sebatu.
Situé au centre de Bali sur les flancs d’un volcan, les interprètes du village de Sebatu sont connus pour leur style très poétique, à la fois virtuose et d’une singulière délicatesse. Depuis déjà cinq décennies les tournées européennes ont fait la renommée de Sebatu, en particulier en France et notamment dans des contextes prestigieux tels que le Palais Garnier ou, sur invitation de Pierre Boulez, le festival d’Aix-en-Provence.
En 2023, Sebatu présente à la France une nouvelle troupe de jeunes villageois virtuoses. Sur quarante membres, elle compte 67 % d’agriculteurs, 18 % de commerçants et 5 % d’artisans sculpteurs, les 10 % restants vivant du domaine touristique… car dans la tradition balinaise, musique et danse ne sont pas des activités rentables, mais des devoirs citoyens. Ainsi la troupe Jaya Semarawati des jeunes est à Sebatu une troupe « municipale », c’est-à-dire vouée aux obligations coutumières et rituelles locales.
Après une ouverture musicale au gamelan gong kebyar, réunissant vingt-cinq instrumentistes, la première partie présente une série de danses balinaises emblématiques, notamment le nandir – qui fait s’entrecroiser six danseuses en sarong jaune d’or, dont trois vêtues en hommes, poignets pliés et torses inclinés pour cette danse en miroir. S’ensuit le baris tunggal – un iconique solo masculin, très martial, mais aussi le kebyar duduk ou le baris tunggal, des danses tout aussi précises, rapides et délicates. Les costumes précieux aux couleurs vives, les accessoires, comme les éventails, indispensables à la narration et la contrainte des corps à cette technique exceptionnelle forment un ensemble époustouflant. Cette succession de pièces musicales et de danses éblouit les visiteurs étrangers à Bali depuis les années 20, ou lors des anciennes expositions coloniales et universelles, mais aussi aujourd’hui dans des divertissements et revues très prisées.
La deuxième partie propose une forme narrative inédite de spectacle total, en sept courts épisodes articulant des traditions savantes de musique, de danse, de masques, d’arts vocaux et de chœur chorégraphié. Elle démarre avec une pièce musicale jouée sur un gamelan au son cristallin, étoffé d’un chanteur narrateur à la voix rauque et d’une chanteuse. Elle fait ensuite jaillir sur scène le legong kraton (ballet royal narratif), fleuron de la danse classique balinaise. Les deux premiers épisodes de ce récit spectaculaire se situent au palais royal, où apparaît une confidente, bientôt rejointe par les danseuses jumelles. Le texte tourne autour de la figure du roi, qui apparaît, désireux de tuer son rival dans la jungle. Pour y parvenir, celui-ci doit d’abord affronter quatre géants de la forêt, les faunes jauk, dans une bataille homérique. On est étonné par le contraste entre le raffinement de la danse et les paroles directes, voire familières, énoncées avec truculence par le narrateur. Les faunes jauk font appel à une bête immense, le barong ket, contre laquelle le roi doit également se battre. Le spectacle s’achève par un chœur chorégraphié, le kecak, formé des instrumentistes du gamelan, devenus choristes et danseurs.
Crédits photographiques : © Joachim Bertrand
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