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Au festival Dañs Fabrik de Brest, la danse fait la fête

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Festival Dañs Fabrik, Brest. 2 et 3-III-23. Atelier des Capucins. Nina Santes : Peeling Back. Conception, interprétation : Nina Santes. Collaboratrice dramaturgie : Lynda Rahal. Scénographe : Bia Kaysel. Costumes et accessoires : Roberto Martinez. Stagiaire scénographie et costumes : Apolline Jolly. Création lumière : Annie Leuridan. Création sonore : Nicolas Martz. Régie générale : Matéo Provost. Construction décor : Eliott Forest et Clément Doyen.

Place de la Liberté. Jordi Galli : Anima. Conception : Jordi Galí. Création, jeu : Anne-Sophie Gabert, Léa Helmstädter, Konrad Kaniuk, Julia Moncla, Jérémy Paon, Jeanne Vallauri
Jeu en alternance avec Jordi Galí, Julien Quartier, Silvère Simon. Compositeur : Erwan Keravec. Musiciens live : Erwan Keravec et Tangui Le Cras, ou Mickaël Cozien et Adrien Laperche. Collaboration technique et construction : Julien Quartier, Katia Mozet. Réalisation de la structure : Nicolas Picot/C3 Sud Est et CEN.Construction.

Le Fourneau. Betty Tchomanga : Leçons de ténèbres. Chorégraphie : Betty Tchomanga. Avec Amparo Gonzalez Sola, Léonard Jean- Baptiste, Betty Tchomanga et Balkis Mercier
Berger en alternance avec Zoé Jaffry. Assistante à la création : Emma Tricard. Lumière : Eduardo Abdala. Espace : Eduardo Abdala, Émilie Godreuil et Betty Tchomanga. Son : Stéphane Monteiro. Composition musicale : Mackenzy Bergile, Folly Azaman, Stéphane Monteiro et Betty Tchomanga. Costumes : Betty Tchomanga en collaboration avec Marino Marchand (Confection perles : Love Aziakou, Jacqueline Houessinon). Régie générale et plateau : Emilie Godreuil

Le Mac Orlan. Luiz de Abreu : O samba do criolo doido. Conception, direction, chorégraphie, scénographie, costumes, production : Luiz de Abreu. Interprète : Calixto Neto. Collaboration artistique : Jackeline Elesbão, Pedro Ivo Santos, Fabrícia Martins. Création lumière : Luiz de Abreu, Alessandra Domingues. Régisseur général : Emmanuel Gary. Bande son : Luiz de Abreu, Teo Ponciano.
Ondine Cloez : Vacances vacance. Création, interprétation : Ondine Cloez. Création lumière : Vic Grevendonk. Dramaturgie, conseil à l’écriture : Marine Bestel. Regards extérieurs : Sara Manante, Sabine Macher. Aide à la traduction version Anglaise : Bryan Campbell.

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Effervescence et créativité au festival Dañs Fabrik Nomade à Brest, qui prolonge sa réflexion sur le corps contemporain à travers des propositions multiples et participatives de , , , ou . Une belle énergie partagée…

Depuis 18 ans, le festival Dañs Fabrik à Brest a su se créer un public fervent et engagé, voire participatif, qui répond présent à l'ensemble des propositions, spectacles, ateliers ou animations. Cette édition 2023 était imaginé par Maïté Rivière et Nadège Loir, du Quartz de Brest, avec Rebecca Lasselin et les artistes et . Plusieurs de ces propositions, programmées dans différents théâtres et lieux de la ville – le Quartz étant en travaux pour deux ans – ont abordé des problématiques aujourd'hui prégnantes dans la danse contemporaine : l'éco-féminisme, l'identité noire, la déconstruction des corps…

Parmi les nombreuses activités participatives, le chorégraphe proposait un happening en clôture de festival dans l'immense espace des Ateliers des Capucins. Sous influence a mis en mouvement une foule de danseurs amateurs grâce à de simples consignes lumineuses, bleu, vert ou rouge induisant chacune un mouvement ou une action. Le tout sur une musique mixée en direct par Yes Sœur, un duo de DJ composé d'Alexandre Bouvier et Grégoire Simon. Un moment intense et joyeux.

La veille, un vent de folie avait soufflé au Vauban, lieu mythique de la nuit brestoise, à l'occasion du premier Mini Ball voguing de la région, animé par le célèbre , déjà à la manœuvre du bal voguing du Carreau du Temple pour la première édition du festival Everybody. Pour les élèves en spécialité danse issus de deux lycées brestois qui participaient à l'intégralité du festival, cette soirée voguing en rose et blanc (le dress code) ouvrait tout un monde nouveau, dans lequel les barrières tombent.

Dañs Fabrik, ce sont aussi des spectacles dans l'espace public. Sur la place de la Liberté, les huit manipulateurs d'Anima ont répété ce que les hommes d'équipage faisaient sur les ponts des navires lorsque Brest était le plus grand port de l'Occident : tirer des cordages. Il ne s'agissait pas dans cette proposition de de hisser les voiles, mais de manœuvrer avec doigté et équilibre des pieux de métal s'élevant vers le ciel et formant comme un chapiteau sans toile. Une demi-heure durant, les manipulateurs ont patiemment fait et défait une structure dans cette performance filaire.


Comme le Vénus Beauté (Institut) du film de Tonie Marshall, l'épisode 1 du Beauty Glow Tanning Studio de la chorégraphe , qui se produisait aux Ateliers des Capucins, est un fantasme de la beauté, idéalisé et marchandisé. Hiératique et désincarnée, la chorégraphe interprète elle-même le solo Peeling back où le son, parfois terrifiant, qui sort de sa bouche a autant d'importance que l'image. Créé à Orléans, dans le cadre d'une résidence au CCNO où est artiste associée, ce solo est le premier volet d'un nouveau cycle de création. A la lisière du fantastique ou du film d'horreur, Nina Santes enferme son personnage dans une cellule vitrée au néon rose, reprenant davantage l'esthétique des vitrines de peep show que celle des salons de beauté. Obsessionnelle, la performance emprunte les codes du gore (le faux sang, les humeurs) pour transformer son personnage en zombie halluciné et glougloutant, digne d'une série Z, comme le Guintche de Marlène Monteiro Freitas.

Le dispositif sonore et vocal contribue à la dimension hallucinatoire de cette installation, au sens plasticien du terme, dont la deuxième partie est basée sur les témoignages audio des anciennes employées ou clientes de cet institut fictif. Une proposition furieuse et écumante, maîtrisée de bout en bout par la chorégraphe, à retrouver au Manège de Reims le 23 mars et au festival June Events aux Ateliers de Paris le 8 juin.


Autre atmosphère au Fourneau, sur le port de Brest, avec Leçons de ténèbres, une création de . Fidèle interprète de Marlène Monteiro Freitas depuis 2014, Betty Tchomanga a été formé au CNDC d'Angers à la fin des années 2000 et a obtenu un Master 2 à la Sorbonne nouvelle. Artiste associée au Quartz, elle participe aussi à la programmation de ce festival Dañs Fabrik en tant que commissaire de l'exposition « Prendre corps au monde » au centre d'art contemporain Passerelle.

Qui sont ces revenants que Betty Tchomanga met en scène ? Dans un espace quadrifrontal, structuré comme un ring et encadré de chaises de jardin blanches, ces figures sont d'abord masquées par des burkas blanches ou noires, au visage grillagé de franges. Au rythme lancinant du tambour s'esquisse un rituel proche du vaudou pour ces géants de tissu.
Progressivement démasqués, les interprètes (trois danseurs adultes et une adolescente) entament une danse syncopée et inquiète, encore sous influence de Marlène Monteiro Freitas dont on reconnaît les mimiques et grimaces, les gants blancs ou les bottes de caoutchouc noir (Gumboots). Séquencé en plusieurs chapitres, le spectacle ménage des changements de rythme, des moments furieux, inquiets, agressifs ou plus calmes jusqu'aux gwerz (complaintes) chantées en breton par l'adolescente. Cette enfant forme à elle seule un chapitre de la pièce. Transformée en reine de la fête, l'enfant slame en breton et en anglais, avant une nouvelle scène baptisé La Tempête. Betty Tchomenga met en scène un univers riche et mystérieux. Corps renversé, yeux exorbités (encore un emprunt à Marlène Monteiro Freitas), elle évoque la porte du non-retour de l'île de Gorée sur la route des esclaves. Aux côtés de ces quatre interprètes superbement engagés, cette dramaturgie qui nous emmène très loin est à retrouver le 11 mars à Vanves dans le cadre du festival Artdanthé.

L'exposition « Prendre corps au monde » au centre d'art contemporain Passerelle éclaire et prolonge le travail chorégraphique de Betty Tchomanga en le mettant en résonance avec des artistes contemporains qui ont nourri ou questionné ses champs d'expression artistique. Un film de Mathieu Kleyebe Abonnene, dont plusieurs œuvres font écho aux blessures infligées à la forêt par la pratique des abattis montre d'ailleurs l'une des scènes fortes du spectacle de Betty Tchomanga, corps convulsé et yeux révulsés. Dans les cartels de l'exposition, la commissaire tisse les liens entre chaque série d'œuvre et sa traduction spectaculaire : l'écologie décoloniale pour Mathieu Kleyebe Abonnene ou Romuald Hazoumé, l'identité de genre pour Zanele Muholi, la prise de conscience des violences policières pour Kader Attia, l'origine du titre Leçons de ténèbres pour Otobong Nkanga. L'ensemble forme un portrait sensible d'artistes issus du continent africain, de sa diaspora ou afro descendants sur les enjeux contemporains du corps.


Sur la scène du Mac Orlan, un théâtre dédié à la danse dans le quartier de Recouvrance, on parle justement de la représentation du corps noir à travers O samba do crioulo doido, la reprise d'un solo créé en 2004 par et interprété ici par Calixte Neto, qui interroge sur l'identité brésilienne. Beau et musclé, le corps entièrement nu, vêtu de bottes lamées argent, le danseur joue de chaque cliché pour mieux le dénoncer. Sur fond de samba ou de recette de la feijoada, le plat national brésilien, c'est autour du drapeau brésilien, tantôt robe, tantôt traine, qu'il déconstruit cette identité par la dérision.

Pour la deuxième partie de cette soirée partagée, on découvre , short rose et queue de cheval ornée d'un chouchou rouge dans le solo Vacances vacance. La danseuse qui ne quitte jamais ses lunettes se lance avec un grand sérieux dans une conférence sur la notion de « vacance » du corps. Avec un côté pince-sans-rire qui fait le charme comique de la performeuse, ce stand-up aborde des sujets insolites, comme la « suspension pénible » (le bégaiement), les cailloux de Démosthène ou la danse « avant mon corps » qui suscite l'hilarité irrépressible du public. Tout à trac, se met dans la peau de Nadia Comaneci, 14 ans, aux Jeux olympiques de Montréal, en 1976. En essayant de décrire techniquement la grâce, elle s'attache à déconstruire le mythe du danseur ou de la danseuse classique et mène une réflexion plus profonde sur la capacité du spectacle vivant à faire sortir de soi et à créer des souvenirs.

Créer des souvenirs, c'est bien de cela qu'il s'agit dans ce festival engageant et attachant au bout de la terre de France.

Crédits photographiques : Sous influence © Shonen ; Peeling back © Roberto Martinez ; Leçons de ténèbres © Pascale Cholette ; O Samba do crioulo doido © Marc Domage

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Festival Dañs Fabrik, Brest. 2 et 3-III-23. Atelier des Capucins. Nina Santes : Peeling Back. Conception, interprétation : Nina Santes. Collaboratrice dramaturgie : Lynda Rahal. Scénographe : Bia Kaysel. Costumes et accessoires : Roberto Martinez. Stagiaire scénographie et costumes : Apolline Jolly. Création lumière : Annie Leuridan. Création sonore : Nicolas Martz. Régie générale : Matéo Provost. Construction décor : Eliott Forest et Clément Doyen.

Place de la Liberté. Jordi Galli : Anima. Conception : Jordi Galí. Création, jeu : Anne-Sophie Gabert, Léa Helmstädter, Konrad Kaniuk, Julia Moncla, Jérémy Paon, Jeanne Vallauri
Jeu en alternance avec Jordi Galí, Julien Quartier, Silvère Simon. Compositeur : Erwan Keravec. Musiciens live : Erwan Keravec et Tangui Le Cras, ou Mickaël Cozien et Adrien Laperche. Collaboration technique et construction : Julien Quartier, Katia Mozet. Réalisation de la structure : Nicolas Picot/C3 Sud Est et CEN.Construction.

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Le Mac Orlan. Luiz de Abreu : O samba do criolo doido. Conception, direction, chorégraphie, scénographie, costumes, production : Luiz de Abreu. Interprète : Calixto Neto. Collaboration artistique : Jackeline Elesbão, Pedro Ivo Santos, Fabrícia Martins. Création lumière : Luiz de Abreu, Alessandra Domingues. Régisseur général : Emmanuel Gary. Bande son : Luiz de Abreu, Teo Ponciano.
Ondine Cloez : Vacances vacance. Création, interprétation : Ondine Cloez. Création lumière : Vic Grevendonk. Dramaturgie, conseil à l’écriture : Marine Bestel. Regards extérieurs : Sara Manante, Sabine Macher. Aide à la traduction version Anglaise : Bryan Campbell.

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