Le retour bienvenu de l’intégrale des quatuors de Haydn par les Festetics chez Arcana
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Joseph Haydn (1732-1809) : Quatuors à cordes op. 9, op. 17, op. 20 « Quatuors du soleil », op. 33, op. 42, op. 50 « Quatuors prussiens », op. 54, op. 55, op. 64, op. 71, op. 72, op. 73, op. 74 « Quatuors londoniens », op. 76, op. 77, op. 103. Quatuor Festetics : István Kertész (violon de l’école milanaise XVIIIe siècle) ; Erika Petőfi, violon (Matthias Thier, Vienne 1770) ; Péter Ligeti, alto (Matthias Albanus, Bolzano 1651) ; Rezső Pertorini, violoncelle (anonyme français XVIIe siècle). 19 CD Arcana. Enregistrés à Budapest Résidence Károlyi-Csekonics et salle de répétition de la Philharmonie nationale hongroise. Livret en anglais. Durée totale : 23h30
ArcanaAprès de longues années d'absence au catalogue, Arcana propose enfin à nouveau une réédition de la fameuse intégrale des quatuors de Haydn par l'ensemble hongrois Festetics. Il s'agit de la première et unique version complète sur instruments historiques des 58 quatuors à cordes authentifiés par le compositeur pour la célèbre maison d'édition viennoise Artaria.
Enregistrée à Budapest entre 1993 et 2006, cette intégrale constitue le projet le plus ambitieux de Michel Bernstein, le mythique fondateur d'Arcana et d'autres labels prestigieux (Vendôme, Valois, Astrée), décédé quelques mois après l'enregistrement du dernier volume.
Le coffret est présenté dans l'ordre chronologique de composition selon la classification établie par Haydn à la fin de sa vie, avec des pochettes d'une couleur différente selon les numéros d'opus. Il manque les œuvres de jeunesse « Opus 1 », « Opus 2, » ainsi que l'Opus 3, qui s'est révélé apocryphe, aujourd'hui rassemblés dans un volume nommé Dix divertimenti de jeunesse pour quatuor à cordes. Quant à l'opus 51, également absent, il s'agit de la transcription des Sept dernières parole du Christ sur la croix pourtant souvent jouée et enregistrée. Le cycle commence donc par l'opus 9, considéré comme les premiers véritables quatuors à cordes de Haydn, pour s'achever par les opus 77 et 103, en deux mouvements pour ce dernier.
Très scrupuleux quant aux sources, les Festetics recourent à l'Urtext établi par le musicologue H.C. Robbins Landon et ils jouent toutes les reprises. Ils adoptent une disposition différente de celle à laquelle nous sommes habitués. Le second violon est placé à droite, face au premier, encadrant l'alto au centre gauche et le violoncelle au centre droit. Cette disposition d'époque élargit l'espace sonore et favorise une meilleure intelligibilité des parties intermédiaires.
Avec le temps et l'évolution de l'interprétation « historiquement informée », on demeure saisi par leur sens de l'architecture et la clarté de leurs idées. Les Festetics développent un jeu chaleureux, parfois déboutonné, tranquille et heureux. Pour les membres du quatuor hongrois, l'approche de cette somme sur instruments d'époque s'est avérée décisive par rapport aux phrasés, au travail de l'archet, aux nuances et accents, à l'équilibre dialogué, à la sonorité et aux couleurs.
Le parcours d'une vie de création pour l'inventeur d'un genre
Remarquable d'équilibre, l'opus 33 introduit une innovation majeure, à savoir que des scherzi remplacent les menuets avec d'appréciables traits d'humour. Nous sommes entre la danse de cour et le divertissement. On apprécie la plénitude de l'opus 50, percevant l'envie gourmande de Haydn, qui revenait à une forme qu'il n'avait plus pratiquées depuis de longues années. Chaque cycle de six quatuors possède sa propre personnalité, que ce soient les « Quatuors du soleil » pour l'opus 20, les Prussiens pour l'opus 50 ou les Londoniens pour les opus 71 et 74.
Cela discorde souvent de ce que l'on connaissait alors du quatuor viennois sur instruments d'époque, mais les Festetics sonnaient plus amples, plus désunis et surtout plus chaleureux, malgré une justesse parfois relative. Les phrasés sans vibrato se marient gracieusement à des accents rythmiques alla rustica, dans des tempos modérés et naturels.
On peut toujours trouver ailleurs des versions préférables selon les opus, avec des révélations, des visions, voire de la perfection, mais l'interprétation incontournable des Festetics, nous offre avant tout le plaisir et c'est ce qui fait la valeur absolue de cette réédition majeure.
La présentation minimaliste avec des pochettes similaires, au graphisme laid, nous fait regretter le soin jaloux que Michel Bernstein mettait dans la réalisation d'un disque, qui pour lui était une œuvre d'art. On aurait apprécié la reproduction des pochettes d'origine. Il est également dommage que le texte fouillé et savant du musicologue hongrois László Somfai, l'un des plus éminents spécialistes de Haydn, ne figure qu'en anglais dans le livret d'accompagnement. On peut toutefois se référer au site d'Outhere Music pour consulter, voire télécharger la traduction française. Ces quelques réserves n'entament que peu le bonheur de la restitution de ce jalon incontournable de la discographie haydnienne.
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Joseph Haydn (1732-1809) : Quatuors à cordes op. 9, op. 17, op. 20 « Quatuors du soleil », op. 33, op. 42, op. 50 « Quatuors prussiens », op. 54, op. 55, op. 64, op. 71, op. 72, op. 73, op. 74 « Quatuors londoniens », op. 76, op. 77, op. 103. Quatuor Festetics : István Kertész (violon de l’école milanaise XVIIIe siècle) ; Erika Petőfi, violon (Matthias Thier, Vienne 1770) ; Péter Ligeti, alto (Matthias Albanus, Bolzano 1651) ; Rezső Pertorini, violoncelle (anonyme français XVIIe siècle). 19 CD Arcana. Enregistrés à Budapest Résidence Károlyi-Csekonics et salle de répétition de la Philharmonie nationale hongroise. Livret en anglais. Durée totale : 23h30
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