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Récital d’Olga Pashchenko et Georg Nigl avec piano Brodmann 1814

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Paris. Cité de la Musique, Amphithéâtre. 15-II-2023. Franz Schubert (1797-1828) : Lieder. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : An die ferne Geliebte. Wolfgang Rihm (né en 1952) : Vermischter Traum (création française). Georg Nigl, baryton ; Olga Pashchenko, piano Brodmann 1814

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Dans le cadre de la saison de concerts sur instruments du Musée s'inscrit celui de la pianiste et du baryton , pour un récital où Schubert et Beethoven sont servis par le beau piano Brodmann 1814, tandis que Rihm nécessite de revenir à un demi-queue moderne.


Après le Salon Mozart sur piano Grabner 1791 et le Salon Beethoven de Kristian Bezuidenhout sur Érard 1802 en début de saison, c'est autour du piano Brodmann 1814 qu'est conçu le récital Salon Romantique d' et à l'Amphithéâtre de la Cité de la Musique. D'une superbe qualité d'élocution, le baryton allemand qu'on connaît bien pour ses interprétations des œuvres de Pascal Dusapin porte d'abord sept Lieder de Schubert, à commencer par Die Taubenpost D.965A, bien connu par son placement en dernier dans le cycle posthume Schwanengesang.

Sans en suivre l'ordre, les deux artistes reprennent ici la majeure partie du programme enregistré pour Alpha classics fin 2020, dont une frétillante Die Forelle (La Truite) qui profite particulièrement de la sonorité du piano autrichien, au superbe coffrage acajou d'origine, mais à la mécanique fac-similé, revue grâce au travail minutieux de Christopher Clarke. Aussi bien traité, Die Wanderer an der Mond (Le voyageur à la lune) montre un pendant plus réservé du baryton, toujours aussi clair quant à la prononciation du texte. Après Schubert, Nigl s'attèle au petit cycle en six Lieder An die Ferne Geliebte de Beethoven. Plus contrasté, l'ouvrage profite encore de la précision du chanteur, comme du doigté de la pianiste, très à l'aise sur le pianoforte d'époque.

En seconde partie, Nigl revient à ce pour quoi il est le plus connu, la musique contemporaine, avec l'un des plus grands compositeurs encore vivant, , dont le cycle Vermischter Traum (Rêve mêlé) de 2017, créé par les artistes en présence en 2019 à Berlin, apparaît pour la première fois en France. Écrit sur la base de poèmes du XVIIe siècle d'Andreas Gryphius présentés à Rihm par Nigl, l'ouvrage en sept parties utilise une technique de chant relativement classique, tout en ne masquant pas une écriture moderne, d'une tonalité sombre. Entre le Majestoso sostenuto introductif et la partie Grave, ma non troppo, avant un Lento puis le Con moto, appassionato conclusif, s'intercalent trois Andante, dans un style mélancolique bien emporté dans ses émotions par les sonorités froides du piano moderne et par le timbre du baryton.


Quatre lieder de Schubert permettent de revenir une dernière fois au Brodmann, non révisé à l'entracte et dont de nombreuses notes commencent à détimbrer, notamment dans les deux premières de ses six octaves. Caressé par après Der Winterabend (Soirée d'hiver) pour montrer que c'est un bel objet dont il faut prendre soin, le pianoforte impose à de jouer moins dynamiquement les trois dernières pièces, jusqu'à un bel Abschied (Adieu), numéro 7 du Schwanengesang. Heureusement, le fait que l'instrument commence à se désaccorder ne limite pas les artistes aux saluts, puisqu'ils reviennent pour trois bis, dont le dernier n'est autre que le premier lied de la soirée, Die Taubenpost, chanté comme on chantait les lieder à l'époque de Schubert, le baryton assis à côté de la pianiste en lui tournant les pages.

Crédits photographiques : © ResMusica

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